L'ACTU DE LA CAMPAGNE
« Une seule consigne : n'attendez pas les consignes
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L'ACTU DE LA CAMPAGNE
« Une seule consigne : n'attendez pas les consignes
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Les primaires du Parti socialiste qui se terminent nous invitent à rappeler nos options.
La personnalité retenue dimanche 16 octobre animera le camp des socialistes et de leurs alliés jusqu’au premier tour de la présidentielle, le 22 avril 2012. Aucun des deux candidats n’a proposé ni une rupture fondamentale avec la logique du capitalisme ni des éléments décisifs pour le contrôle des grands moyens de production et d'échange. Ce n’est d’ailleurs pas leur choix politique, même au milieu d’une crise fondamentale de ce système.
Pour la plupart, celles et ceux qui participent à la FASE n’ont pas voulu voter au premier tour de ces primaires. Certains ont cependant appelé à voter Montebourg et d’autres Martine Aubry.
Faut-il préférer une candidate plus engagée à défendre ses réformes à un candidat qui veut tellement se situer « au centre » qu’il rappelle la campagne de Jospin en 2002 avant même d’être dans la présidentielle ? Et, s’ils étaient exactement sur la même ligne, serait-il indifférent d'élire une femme simplement parce que cela bousculerait les habitudes du pouvoir politique ? Ces discussions seront dépassées le 17 au matin.
Quoi qu'il en soit, au deuxième tour de la présidentielle, en mai prochain, il faudra vraiment battre Sarkozy. Et, pour cela, le « tout sauf Sarkozy » le plus au centre possible est une voie de résignation et sans doute d’échec. Il faudra avoir mobilisé sur des objectifs politiques et sociaux.
Tout l’enjeu du Front de gauche est là ! Sans mobilisations sur des projets de transformation, un simple catalogue de bonnes intentions ne servira pas à grand-chose. Il faut un rassemblement autour de quelques axes. Il faut un projet pour changer la société. Pour cela, il est nécessaire de remettre en cause la propriété des principaux moyens de production et d'échange. Une révolution démocratique est indispensable.
Sinon, comment lutter pour des alternatives à la fois sociales et environnementales ? Comment lutter contre les discriminations et pour l’égalité ? Comment imposer un changement des institutions européennes sans mettre en mouvement toutes celles et ceux qui voient maintenant la nécessité de rompre avec le Traité de Lisbonne et de reconstruire l’Europe sur de nouvelles règles et priorités ?
Pour en finir avec l’arme nucléaire, de Pierre Villard. Éditions La Dispute. 232 pages, 15 euros. Plus aucune arme nucléaire sur la planète d’ici quinze ans : voilà l’« utopie » dont Pierre Villard, coprésident du Mouvement de la paix, nous parle dans son livre. Jadis, l’élimination des armes chimiques, biologiques et bactériologiques était elle aussi une « utopie ». Il s’agit désormais d’une réalité des relations internationales sanctionnée par une convention. Éliminer les armes nucléaires, est-ce objectivement une tâche d’une tout autre ampleur ? Certainement. L’auteur en énumère quelques raisons. Ces enjeux sont « absents des principaux médias et semblent inconnus d’un grand nombre d’acteurs politiques (…) C’est une évidence, il y a actuellement dans l’opinion publique une sous-estimation du risque d’utilisation des armes nucléaires », constate-t-il. Comment l’expliquer ? Sans doute en grande partie par la « théorie de la dissuasion nucléaire » à laquelle Pierre Villard réserve un sort. « Je la refuse car les armes de dissuasion, cela n’existe pas. Les armes finissent toujours par servir, un jour ou l’autre. » Information distillée au passage : le stock mondial de têtes nucléaires équivaut à 450 000 bombes d’Hiroshima. L’arme nucléaire est d’abord « une arme de domination, rappelle-t-il. L’arrogance dont font preuve les pays dotés d’armes nucléaires à l’égard des 183 autres États devient intolérable ». Mais, « dans le même temps, fait-il remarquer, la perspective d’un monde débarrassé de la menace atomique fait partie du vocable devenu courant d’un nombre croissant de chefs d’État. Ce fut l’épine dorsale du discours de Barack Obama à Prague en 2009 ». Dans la réalité aussi, des choses bougent. Un certain nombre de pays (Afrique du Sud, Biélorussie, Ukraine, Kazakhstan, Suède) ont abandonné l’arme nucléaire, prouvant ainsi que « renoncer à l’arme atomique est possible sans remettre en cause la sécurité des États ». Grâce à de nombreux traités, l’ensemble de l’hémisphère Sud est une zone exempte d’armes nucléaires. Une autre zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient doit faire l’objet d’une conférence internationale en 2012. Ces points d’appui, Paris les méprise, constate Pierre Villard : « La politique de la France est un obstacle majeur au désarmement », le pouvoir sarkozyste refusant de s’inscrire dans un processus multilatéral de désarmement. « Il y a urgence à développer un mouvement d’opinion beaucoup plus important en France, qui demeure le pays dont le gouvernement freine le plus, de manière évidente, toute avancée vers un processus contrôlé d’élimination des armes nucléaires », écrit-il en conclusion. Pour la part qui lui revient, le Mouvement de la paix saisira l’opportunité de la campagne électorale pour faire avancer la « culture de paix » définie « comme ensemble de valeurs, d’attitudes, de comportements et de modes de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits, en s’attaquant à leurs causes profondes et en résolvant les problèmes par voie du dialogue et de la négociation entre les personnes, les groupes et les nations ».
Naomi Klein, journaliste canadienne et auteur de La Stratégie du choc, était invitée à s’exprimer par le mouvement Occupy Wall Street, à New York. Selon elle, ce mouvement va durer, car le combat contre le système économique « injuste et hors de contrôle » prendra des années. Objectif : renverser la situation en montrant que les ressources financières existent, qui permettraient de construire une autre société.
J’ai été honorée d’être invitée à parler [le 29 septembre] devant les manifestants d’Occupons Wall Street. La sonorisation ayant été (honteusement) interdite, tout ce que je disais devait être répété par des centaines de personnes, pour que tous entendent (un système de « microphone humain »). Ce que j’ai dit sur la place de la Liberté a donc été très court. Voici la version longue de ce discours [publiée initialement en anglais dans Occupy Wall Street Journal].
Je vous aime.
Et je ne dis pas cela pour que des centaines d’entre vous me répondent en criant « je vous aime ». Même si c’est évidemment un des avantages de ce système de « microphone humain ». Dites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous redisent, encore plus fort.
Hier, un des orateurs du rassemblement syndical a déclaré : « Nous nous sommes trouvés. » Ce sentiment saisit bien la beauté de ce qui se crée ici. Un espace largement ouvert – et une idée si grande qu’elle ne peut être contenue dans aucun endroit – pour tous ceux qui veulent un monde meilleur. Nous en sommes tellement reconnaissants.
S’il y a une chose que je sais, c’est que les 1 % [les plus riches] aiment les crises. Quand les gens sont paniqués et désespérés, que personne ne semble savoir ce qu’il faut faire, c’est le moment idéal pour eux pour faire passer leur liste de vœux, avec leurs politiques pro-entreprises : privatiser l’éducation et la Sécurité sociale, mettre en pièces les services publics, se débarrasser des dernières mesures contraignantes pour les entreprises. Au cœur de la crise, c’est ce qui se passe partout dans le monde.
Et une seule chose peut bloquer cette stratégie. Une grande chose heureusement : les 99 %. Ces 99 % qui descendent dans les rues, de Madison à Madrid, en disant : « Non, nous ne paierons pas pour votre crise. »
Ce slogan est né en Italie en 2008. Il a ricoché en Grèce, en France, en Irlande, pour finalement faire son chemin jusqu’à l’endroit même où la crise a commencé.
« Pourquoi protestent-ils ? » demandent à la télévision les experts déroutés. Pendant ce temps, le reste du monde demande : « Pourquoi avez-vous mis autant de temps ? », « On se demandait quand vous alliez vous manifester ». Et la plupart disent : « Bienvenus ! »
Beaucoup de gens ont établi un parallèle entre Occupy Wall Street et les manifestations « antimondialisation » qui avaient attiré l’attention à Seattle en 1999. C’était la dernière fois qu’un mouvement mondial, dirigé par des jeunes, décentralisé, menait une action visant directement le pouvoir des entreprises. Et je suis fière d’avoir participé à ce que nous appelions alors « le mouvement des mouvements ».
Mais il y a aussi de grandes différences. Nous avions notamment choisi pour cibles des sommets internationaux : l’Organisation mondiale du commerce, le FMI, le G8. Ces sommets sont par nature éphémères, ils ne durent qu’une semaine. Ce qui nous rendait nous aussi éphémères. On apparaissait, on faisait la une des journaux, et puis on disparaissait. Et dans la frénésie d’hyperpatriotisme et de militarisme qui a suivi l’attaque du 11 Septembre, il a été facile de nous balayer complètement, au moins en Amérique du Nord.
Occupy Wall Street, au contraire, s’est choisi une cible fixe. Vous n’avez fixé aucune date limite à votre présence ici. Cela est sage. C’est seulement en restant sur place que des racines peuvent pousser. C’est crucial. C’est un fait de l’ère de l’information : beaucoup trop de mouvements apparaissent comme de belles fleurs et meurent rapidement. Parce qu’ils n’ont pas de racines. Et qu’ils n’ont pas de plan à long terme sur comment se maintenir. Quand les tempêtes arrivent, ils sont emportés.
Être un mouvement horizontal et profondément démocratique est formidable. Et ces principes sont compatibles avec le dur labeur de construction de structures et d’institutions suffisamment robustes pour traverser les tempêtes à venir. Je crois vraiment que c’est ce qui va se passer ici.
Autre chose que ce mouvement fait bien : vous vous êtes engagés à être non-violents. Vous avez refusé de donner aux médias ces images de fenêtres cassées ou de batailles de rue qu’ils attendent si désespérément. Et cette prodigieuse discipline de votre côté implique que c’est la brutalité scandaleuse et injustifiée de la police que l’histoire retiendra. Une brutalité que nous n’avons pas constatée la nuit dernière seulement. Pendant ce temps, le soutien au mouvement grandit de plus en plus. Plus de sagesse.
Mais la principale différence, c’est qu’en 1999 nous prenions le capitalisme au sommet d’un boom économique frénétique. Le chômage était bas, les portefeuilles d’actions enflaient. Les médias étaient fascinés par l’argent facile. À l’époque, on parlait de start-up, pas de fermetures d’entreprises.
Nous avons montré que la dérégulation derrière ce délire a eu un coût. Elle a été préjudiciable aux normes du travail. Elle a été préjudiciable aux normes environnementales. Les entreprises devenaient plus puissantes que les gouvernements, ce qui a été dommageable pour nos démocraties. Mais, pour être honnête avec vous, pendant ces temps de prospérité, attaquer un système économique fondé sur la cupidité a été difficile à faire admettre, au moins dans les pays riches.
Dix ans plus tard, il semble qu’il n’y ait plus de pays riches. Juste un tas de gens riches. Des gens qui se sont enrichis en pillant les biens publics et en épuisant les ressources naturelles dans le monde.
Le fait est qu’aujourd’hui chacun peut voir que le système est profondément injuste et hors de contrôle. La cupidité effrénée a saccagé l’économie mondiale. Et elle saccage aussi la Terre. Nous pillons nos océans, polluons notre eau avec la fracturation hydraulique et le forage en eaux profondes, nous nous tournons vers les sources d’énergie les plus sales de la planète, comme les sables bitumineux en Alberta. Et l’atmosphère ne peut absorber la quantité de carbone que nous émettons, créant un dangereux réchauffement. La nouvelle norme, ce sont les catastrophes en série. Économiques et écologiques.
Tels sont les faits sur le terrain. Ils sont si flagrants, si évidents, qu’il est beaucoup plus facile qu’en 1999 de toucher les gens, et de construire un mouvement rapidement.
Nous savons tous, ou du moins nous sentons, que le monde est à l’envers : nous agissons comme s’il n’y avait pas de limites à ce qui, en réalité, n’est pas renouvelable – les combustibles fossiles et l’espace atmosphérique pour absorber leurs émissions. Et nous agissons comme s’il y avait des limites strictes et inflexibles à ce qui, en réalité, est abondant – les ressources financières pour construire la société dont nous avons besoin.
La tâche de notre époque est de renverser cette situation et de contester cette pénurie artificielle. D’insister sur le fait que nous pouvons nous permettre de construire une société décente et ouverte, tout en respectant les limites réelles de la Terre.
Le changement climatique signifie que nous devons le faire avant une date butoir. Cette fois, notre mouvement ne peut se laisser distraire, diviser, épuiser ou emporter par les événements. Cette fois, nous devons réussir. Et je ne parle pas de réguler les banques et d’augmenter les taxes pour les riches, même si c’est important.
Je parle de changer les valeurs sous-jacentes qui régissent notre société. Il est difficile de résumer cela en une seule revendication, compréhensible par les médias. Et il est difficile également de déterminer comment le faire. Mais le fait que ce soit difficile ne le rend pas moins urgent.
C’est ce qui se passe sur cette place, il me semble. Dans la façon dont vous vous nourrissez ou vous réchauffez les uns les autres, partageant librement les informations et fournissant des soins de santé, des cours de méditation et des formations à « l’empowerment ». La pancarte que je préfère ici, c’est : « Je me soucie de vous. » Dans une culture qui forme les gens à éviter le regard de l’autre et à dire : « Laissez-les mourir », c’est une déclaration profondément radicale.
Quelques réflexions finales. Dans cette grande lutte, voici quelques choses qui ne comptent pas :
Comment nous nous habillons,
Que nous serrions nos poings ou faisions des signes de paix,
Que l’on puisse faire tenir nos rêves d’un monde meilleur dans une phrase-choc pour les médias.
Et voici quelques petites choses qui comptent vraiment :
Notre courage,
Notre sens moral,
Comment nous nous traitons les uns les autres.
Nous avons mené un combat contre les forces économiques et politiques les plus puissantes de la planète. C’est effrayant. Et tandis que ce mouvement grandit sans cesse, cela deviendra plus effrayant encore. Soyez toujours conscients qu’il y a aura la tentation de se tourner vers des cibles plus petites – comme, disons, la personne assise à côté de vous pendant ce rassemblement. Après tout, c’est une bataille qui est plus facile à gagner.
Ne cédons pas à la tentation. Je ne dis pas de ne pas vous faire mutuellement des reproches. Mais cette fois, traitons-nous les uns les autres comme si on prévoyait de travailler ensemble, côte à côte dans les batailles, pour de nombreuses années à venir. Parce que la tâche qui nous attend n’en demandera pas moins.
Considérons ce beau mouvement comme s’il était la chose la plus importante au monde. Parce qu’il l’est. Vraiment.
Naomi Klein, le 6 octobre 2011
Les salariés ont organisé « un pique-nique solidaire » avant de se retrouver au tribunal. Photo DL / Virgile
Des sandwiches, un feu… Juste à côté un cercueil en carton avec une photo datant de 1958. Des anciens de Louis-Jean se souviennent. « Je suis rentré en 1954 » se remémore l’un d’eux. « À l’époque, on était les seuls à travailler avec les Émirats Arabes » complète un autre.
Il est bien loin l’âge d’or de l’imprimerie Louis-Jean de Gap. Hier, les anciens sont venus soutenir les 32 employés actuels et partager avec eux « un dernier repas, un pique-nique solidaire » souligne Natacha Culoma, déléguée CGT du personnel. Dans quelques heures, ils ont rendez-vous au tribunal de commerce qui va statuer sur l’avenir de la structure. Instance qui a mis la décision en délibéré au mercredi 19 octobre, à 16 heures. « Depuis 12 ans, il y a une mauvaise gestion de l’entreprise et M e Gillibert, l’administrateur, a tout fait pour qu’on coule » dénonce la jeune femme.
« Ce qui est triste c’est que ce n’est pas parce qu’il y a un problème économique qu’on ferme mais parce qu’on est tombé sur un patron qui a coulé la boîte » assène un autre qui rappelle aussi, qu’il n’y a pas très longtemps, à Louis-Jean, les salariés faisaient des heures supplémentaires tellement il y avait du travail.
« On n’a pas eu d’ordre de reprise de travail » conclut Nathalie Culoma. Pourtant, ils se sont donné rendez-vous lundi matin, devant l’entreprise. En l’absence de repreneur connu, le tribunal devrait prononcer la liquidation.