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Battre Bayrou, c’est possible !

Par Étienne Adam. Le 17 août 2025.

Une question doit dominer nos débats : comment faire pour passer d’un possible à une réalité ? Toutes les conditions sont réunies pour mettre en échec un budget d’une brutalité sans précédent, ne laissons pas passer ! Débattons !

Adieu Bayrou

Bayrou a beau ânonner sur sa chaîne YouTube que tout le monde doit payer leur dette, que ses propositions sont un modèle de justice sociale et autres mensonges… personne ou presque ne le croit. Sa cote de popularité n’a jamais été aussi basse et il bat allègrement le record des premiers ministres impopulaires (d’après un sondage Elabe il a perdu 9 point de confiance depuis février, 80% déclarent ne pas lui faire confiance – +5 pts en un mois …).

Cette chute, il la doit à son plan de rigueur, perçu par plus de 70% comme demandant trop. Ce rejet est encore plus marqué qu’en juillet lors de la présentation du plan +12%. Prenant acte de cette évolution rarement aussi forte dans un délai aussi court, le directeur conseil d’Elabe écrit « les Français ont pu voir les informations, se renseigner, en discuter et se forger une opinion plus construite ». Dans une période habituellement peu propice au débat public (c’est pourquoi Bayrou avait choisi juillet) ce résultat ne peut que nous encourager à poursuivre et approfondir ce débat et à proposer des lieux de débat pour que chacun·e prenne en charge la critique du Plan Bayrou et l’élaboration d’alternatives budgétaires.

Nous ne pouvons nous contenter d’un contre-budget géré par les seuls parlementaires. Notre objectif doit être les mobilisations populaires, seules capables de s’opposer à l’austérité et à la politique économique et sociale du pouvoir. C’est une campagne populaire large du type de celle menée en 2005 contre le traité constitutionnel européen qui doit être notre axe principal. Des centaines de réunions, de diffusions de tracts dans les quartiers et les entreprises. Des initiatives diverses – de la pétition aux grèves et manifestations – sont possibles sur la base d’une opinion qui très majoritairement rejette ce plan et demande même la motion de censure pour virer Bayrou (66% aujourd’hui).

Beaucoup de politologues considèrent – comme le directeur d’Elabe en conclusion du sondage  – que « l’exécutif est plus que fragile. Il va affronter la rentrée en étant très ébranlé sur ses fondamentaux ». Notre responsabilité est d’éviter que cette crise ne se transforme en victoire d’une droite extrême alliée à une extrême-droite comme le fonctionnement de la 5ᵉ peut le permettre.

Pour cela, il faut une mobilisation qui coupe l’herbe sous le pied des Retailleau, Le Pen et consorts.

Une mobilisation populaire qui porte des exigences sociales et politiques contradictoires avec cette solution politique. L’intervention citoyenne peut se faire entendre comme dans le cas de la pétition contre la loi Dublomb qui s’est opposée frontalement au nom de la santé, de l’écologie… Preuve qu’il n’est pas si simple d’étouffer le débat public.

L’injustice sociale comme cible

L’injustice sociale est le moteur de cette contestation et c’est ce que reflète la signature massive, pendant les vacances, de la pétition d’une intersyndicale retrouvée qui affirme clairement « Pas question que ce soient encore les travailleuses et travailleurs, les demandeurs d’emploi, les jeunes et les retraité·es qui payent la facture, à la fois financièrement, mais aussi dans une flexibilité encore intensifiée ! » Les 3/4 des ouvrier·ères et employé·es estiment que l’effort qui est demandé est trop important. Même une majorité de cadres partage cet avis. Et seul·es les électeur·rices du bloc dit central trouvent ces sacrifices nécessaires.

Quand la santé et le droit à la santé est la préoccupation première, ce gouvernement s’apprête à réduire encore les dépenses de santé et appelle à des économies dans les soins… Il est aveugle aux déserts médicaux et aux morts dans les services débordés… Toutes choses que la population – « ceux d’en bas » – connaissent bien, eux. Nos dirigeant·es sont incapables de voir que les mesures augmentant le reste à charge ou les mutuelles mettent en danger des milliers de personnes.

La pauvreté atteint des niveaux records dans ce pays. Les associations – privées de subventions de l’État – ne peuvent plus fournir l’aide nécessaire à un nombre croissant de pauvres. Alors, Macron et Bayrou ne trouvent rien d’autres que de réduire encore l’indemnisation du chômage et de précipiter encore plus de personnes dans la pauvreté.

Quand les dividendes explosent et que le nombre de millionnaires s’accroît, ils proposent de faire payer plus les salarié·es en leur piquant des jours fériés, des jours de carences… Tout en bloquant les salaires et en multipliant les emplois précaires sous-payés.

Déjà s’exprime, sous diverses formes, le refus de cette injustice vécue comme une expression du mépris de ceux d’en haut pour ceux d’en bas qui vivent de plus en plus mal.

Face à cela, toute une partie du secteur associatif vient compléter les revendications syndicales : le réseau Alerte, la LDH, la coordination de défense des hôpitaux et celle de défense des services publics, la confédération paysanne, des mouvements écologiques, etc. partagent des demandes convergentes qu’il faut confronter, populariser et associer à la lutte contre le budget Bayrou.

Que chacun·e ne reste pas dans son coin à défendre son pré-carré ! Nous pouvons nous unir autour du refus de l’injustice sociale.

Résister c’est créer

Il ne suffit pas de critiquer Bayrou, avec le risque d’ouvrir la voie aux solutions encore plus radicales et autoritaires. Il ne manque pas, à droite, de propositions pour faire semblant d’augmenter les salaires en supprimant les cotisations, de pressurer encore plus les migrant·es et les chômeur·euses, boucs émissaires des difficultés de l’économie française…

Il est des pistes de réponse de plus en plus partagées autour de l’idée de faire payer ceux qui ne contribuent pas en fonction de leurs (gros !) moyens. Il faut imposer dans le débat public « des solutions qui intègrent les plus hauts revenus comme la contribution des entreprises ». Des organisations syndicales ont des propositions précises dans ce domaine ; des associations, des partis et des mouvements citoyens aussi. Partageons-les !

Pourquoi ne pas faire débattre autour d’une initiative citoyenne comme la pétition « Pour une contribution équitable des ultra-riches et des grandes entreprises au financement des services publics  » ?  Ces mesures modérées, ciblant uniquement les excès, pourraient rapporter les 40 milliards d’euros manquants. Leur modération permet de faire discuter du refus acharné des droites à les mettre en œuvre et ancrer l’idée que lutter contre les inégalités, c’est possible tout de suite : cela ouvre la porte à d’autres mesures et change les rapports des forces.

Ces droites unies contre le peuple ne voient le monde qu’à travers leur vie de nanti·es, leurs héritages, etc. Pour sauvegarder dividendes et patrimoines, ils refusent de partager les charges communes, exigent de plus en plus de richesses.

La bataille contre ce budget n’est pas une lutte économique qui pourrait se satisfaire de petits aménagements techniques, mais un combat contre une vision du monde oligarchique qui veut nous laisser de moins en moins de miettes.

Pour leur prédation de plus en plus violente, la force prime le droit et la démocratie recule. Réaffirmons que les dimensions démocratique et sociale sont inséparables.

Comme le dit l’Article 22 de la déclaration universelle des droits humains de 1948 : « Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays. »

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