Vous trouverez ci-dessous, une tribune publiée sur le site de Médiapart et co-signé par Clémentine Autain (FASE) et Danièle Obono (Convergences et Alternative).
La primaire du Parti socialiste a mobilisé deux millions et demi de personnes. Un événement politique incontestable, qui a permis de cristalliser une part du rejet de Sarkozy et a révélé un désir d’innovation dans la fabrication politique, une volonté de participation alors que les partis n’arrivent pas à répondre aux exigences du monde contemporain. Il faut avoir la mauvaise foi de l’UMP pour ne pas voir qu’une telle mobilisation citoyenne traduit une vraie envie des Français-e-s pour la politique. Et il faut être formaté par la pensée unique comme François Hollande et Martine Aubry pour ne pas entendre la colère contre les banques et l’envie de VIe République qu’exprime le vote, aussi fort qu’inattendu, pour Arnaud Montebourg.
Que cette primaire ait débouché sur une gauche à l’eau de rose, recentrée, n’est pas la moindre de ses faiblesses. C’est un des effets pervers d’un tel processus. Or, s’il faut battre la droite dure au pouvoir, il reste à porter une alternative véritable aux politiques austères à l’œuvre partout en Europe. Et pour ce faire, une révolution démocratique s’impose. Le costume de la Ve République est trop étroit pour permettre l’implication populaire nécessaire à la transformation sociale et écologique. L’essoufflement de la dimension révolutionnaire du projet républicain, Charles Péguy l’exprimait déjà en son temps, il y a plus d’un siècle: «La république, hier on mourrait pour elle, aujourd’hui on en vit.» Les récentes élections sénatoriales, qui n’ont pas passionné les foules en dépit de l’historique basculement à gauche, illustrent la profondeur du problème: nos institutions républicaines fonctionnent désormais en vase clos, vidées de la tension démocratique entre subversion et conservation qui les avait fait émerger. Mais elles sont aussi ce que les citoyens et citoyennes décident d’en faire, en faisant irruption sans prévenir, comme en 2005 lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen. Lire la suite »