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ENSEMBLE 05 - Page 51

  • Que nous a appris ce virus covid19 sur notre capacité à gérer l’imprévisible ?

    Il nous a appris que notre prétention à vouloir tout anticiper, gérer, organiser n’était qu’un leurre, une rêverie. Subitement nous découvrons nos limites, notre fragilité totale face à un événement qui n’est pourtant qu’une banalité parmi tout les possibles qui peuvent nous atteindre et nous anéantir.

    Nous aurons maintenant des stocks stratégiques de masques pour la prochaine pandémie, mais quels stocks nous allons faire pour anticiper un tremblement de terre, un tsunami, l’éruption volcanique qui obscurcira le ciel, un accident nucléaire ? Les possibles sont innombrables tout comme notre capacité à créer notre propre effondrement.

    Nous pourrons nous en prendre après coup à l’incompétence de nos dirigeants et à leur manque d’anticipation mais le covid19 nous apprend aussi qu’il nous faut vivre avec l’incertitude et que le Roi est nu.

    Cette période de confinement nous permet de revenir à l’essentiel, au nécessaire pour vivre, d’une part les moyens de subsistance élémentaires soit la nourriture et d’autre part le besoin, la nécessité de relations sociales.

    Pour ce qui est de la nourriture, nous avons expérimenté, à minima, la possibilité du manque, et nous nous sommes précipités dans les supermarchés. Et soudain nous nous apercevons qu’ils sont là, proche de nous, (un peu plus éloigné lorsque nous sommes dans des grandes villes), ceux qui peuvent nous nourrir, nous apporter l’essentiel Nous pouvons les rencontrer, les connaitre.

    Nous avons aussi appris qu’une promenade d’une heure peut être essentielle. Marcher, aller dans un parc, faire jouer les enfants, c’est du rien, de l’insignifiant et pourtant…

    Nous avons aussi appris que nos téléphones, tablettes, écran, Zoom ou Skipe, c’est super. Heureusement internet est là, comment ferions sans cela ? Mais voilà qu’au bout d’un mois, on s’en lasse, on aimerait voir des vrais gens, pas forcément pour des grandes embrassades, mais des gens que l’on croise, que l’on regarde, dont on imagine la vie, des beaux, des belles, des moches. Des gens de toutes sortes mais d’autres sortes que celles que nos écrans dépersonnalisent.

    Nous avons appris, que l’on ne pouvait pas faire l’école à la maison par écran interposé. Il nous faut des être vivants pour transmettre, des bons et des mauvais, ou un peu de chaque, mais avec des vrais corps.

    Nous avons appris qu’il était bon de pouvoir se soigner et être soigné avec des personnes qui peuvent nous toucher, nous parler, nous regarder. Mais nous avons aussi appris que notre système de santé était un bien précieux, qu’il fallait préserver en nous préservant nous-mêmes, et qu’il fallait ne pas en abuser par indolence.

    Alors qu’allons nous faire le jour, les jours d’après ?

    Nous pouvons nous dépêcher de préparer les mêmes pancartes et repartir manifester avec tambours et trompettes,

    Nous pouvons nous venger sur des têtes et remettre d’autres têtes à la place en croyant encore et toujours que cette fois, celle-ci sera la bonne. Il y aura toujours d’autres bonimenteurs, des Tarzan, des Zoro et même des Pinocchio qui viendront nous promettre des jours heureux, s’engager vers des promesses qu’ils ne pourront pas tenir, parce qu’il y aura toujours de l’imprévisible.

    Ou alors on choisit, on ne fait pas « la révolution », les 360° le temps d’un confinement, pour repartir droit devant, dans la même direction. 180°, cela pourrait suffire. On se retourne, on se détourne. On va vers nos semblables plutôt que de perdre du temps avec les mêmes accusations qui ne l’ont toujours pas fait « crever ce capitalisme »

    Les puissants, les dominants on s’en occupera plus tard lorsqu’on les aura un peu asséchés. Ce sont eux qui ont besoins de nous, sans nous ils ne sont rien.

    On va vers ceux qui peuvent nous nourrir, que l’on peut connaitre, côtoyer, pour partager nos besoins et nos capacités.

    Et il y a aussi des couturières pour faire des vêtements, (et des masques !) des artisans pour faire des meubles, les objets de la vie courante. Nous avons tout, prés de nous, pour l’essentiel. Bien sur ce sera plus cher, beaucoup plus cher, nous aurons moins de ‘’choses’’ mais peut être plus ‘’d’amis’’ de ‘’like’’ là, tout prés, des vrais, qui nous font vivre et que nous faisons vivre, pas des avatars lointains sur écrans interposés.

     

    Mais qu’on ne s’y trompe pas, cette « dé-marche », cette stratégie, est difficile, exigeante. Elle semble individuelle mais pour quelle devienne politique au sens le plus fort de ce terme, c’est ensemble que nous devons en débattre, l’élaborer, la mettre en œuvre, la défendre et s’y impliquer. Nous n’avons pas besoin de meneurs, de nous en remettre à un grand autre qui nous ferait oublier notre fragilité face à l’imprévisible.

    La démocratie directe si nous la voulons, c’est là, maintenant que nous pouvons commencer à la mettre en œuvre.

    C’est le moment, à nous de choisir.

    Jean-Pierre QUILLEC

  • Le jour d'après a commencé

    La lettre électronique lancée à l'initiative des collectifs d’Ensemble ! des Alpes Maritimes, du Calvados, des Côtes d’Armor, des Hautes Alpes, de Saône et Loire et de militant·es des Bouches-du-Rhône, du Doubs, du Finistère, d'Ille-et-Vilaine, de Paris 11, de Paris 20, du Rhône, de Seine Saint Denis, du Var et de l'Yonne (d'autres collectifs et militant·es se joindront à nous au fur et à mesure).

    LIRE LE N°0 du 16 avril

  • Déconfinement du 11 mai : il faut des garanties sanitaires pour tou·tes

    logo.pngLundi 13 avril, Emmanuel Macron a annoncé un déconfinement progressif à partir du 11 mai mais sans donner aucune garantie réelle de pouvoir faire face à l’épidémie et d’empêcher un rebond brutal du nombre de malades. Pour lever le confinement, il faut que des tests massifs soient réalisés sur la population, que celle-ci soit protégée, notamment en généralisant le port du masque distribué massivement et régulièrement. Et en relation avec ces exigences, que l’organisation du travail soit adaptée pour répondre aux exigences sanitaires et de sécurité pour les salariés.

    Emmanuel Macron ne répond à aucune de ces exigences. Au contraire, il prend une décision dangereuse : les tests ne seraient effectués que sur les personnes présentant des symptômes. Alors que la majorité des instances sanitaires défend une politique de test généralisée car la plupart des personnes infectées n’ont aucun symptôme et nécessitent une mise à l’écart dans des lieux spécifiques (hôtels réquisitionnés..) pour limiter la contagion. C’est la même erreur que celle faite par le gouvernement qui indiquait que les masques n’étaient nécessaires que pour les soignants. C’est une politique irresponsable et dangereuse. Macron devrait écouter les personnels hospitaliers plutôt que le MEDEF.

    L’ouverture des écoles le 11 mai, sans garantie sanitaire pour les personnels, les enfants et les parents porte le risque majeur d’une réplique de la pandémie. En tout état de cause, une réouverture ne peut être envisageable sans qu’il soit mis à disposition les moyens matériels nécessaires (locaux, personnels d’encadrement, moyens sanitaires…). Le souci est moins de veiller à la santé de toutes et tous que de permettre de renvoyer les parents au travail. Le MEDEF a d'ailleurs exprimé sa satisfaction.

    Après avoir refusé un confinement plus important en arrêtant toute les activités économiques non essentielles, qui aurait permis de réduire la propagation du virus ces dernières semaines, il privilégie la relance de l’activité économique.

    Sur la forme, Emmanuel Macron a changé de tonalité.  Il est obligé d’admettre qu’il y a eu des « failles », des « ratés » dans la gestion gouvernementale.  Mais c’est parce que toute la population, les syndicats, les associations, les personnels soignants, les chaînes de solidarité, le lui ont fait savoir : en « démasquant » les mensonges en moyens matériels (masques, blouses, tests) ; en retard d’approvisionnement pour raisons d’austérité frénétique, ou de dépendance envers les réseaux internationaux de production rentables à flux tendu (notamment les médicaments ou appareils sanitaires)

    Certes le confinement est douloureux pour nous tou.tes et notamment pour les plus précaires. Nous avons donc tou.tes besoin d’être rassuré.es, de comprendre le calendrier, mais surtout de solidarité.

    Sur la question de l’école, il est sûr que les inégalités scolaires s’accroissent dans le confinement. Donc la sortie de crise implique des garanties collectives dont il ne faut pas laisser la décision à l’Etat seul. La même exigence doit prévaloir dans l’éventuelle reprise de l’activité économique : contrôle populaire, droit de veto sur les décisions de reprise, remise en place totale des Comités d’hygiène et sécurité-conditions de travail (CHSCT).

    Puisque de grands moments historiques, de la Révolution Française à la Libération, sont  évoqués par Emmanuel Macron, il convient d’y opposer notre volonté que plus rien ne soit comme avant. Après ce choc épidémique et économique mondial, le travail doit changer, la financiarisation doit disparaitre, l’humain doit être la priorité.  Il faut « reconstruire un futur » comme le proclame l’appel #PlusJamaisCa des 18 organisations syndicales et associatives, dont il faut massivement soutenir la pétition.
    Discutons de poser les jalons d’un plan national de développement humain et écologique, de sécurité sociale, de démocratie, et de mobilisation populaire.

    Des premières pistes non exhaustives pourraient s’articuler autour des exigences suivantes :

    * Des garanties absolues de sécurité sanitaire : aucune réouverture d’école sans avis médical et consultation de la communauté éducative (syndicats et parents d’élèves) sur les dispositifs envisagés.  La même exigence doit prévaloir dans le travail : avis des syndicats et  droit de veto sur les décisions de reprise, remise en place totale des Comités d’hygiène et sécurité-conditions de travail (CHSCT).

    * Contre un effondrement économique dévastateur : annulation immédiate et unilatérale de toutes les dettes pour sauver l’économie réelle (notamment artisanale et indépendante), mais pas de soutien à la finance prédatrice ni aux multinationales gorgées de profits du CAC 40; décret d'état d'urgence sanitaire pour faire jouer la solidarité financière des groupes d'assurance; annulation des dettes des pays africains en urgence et soutien à leurs mesures sanitaires

    * Sécurité et renforcement des droits sociaux, égalité des droits :

    - la garantie à 100% des salaires dans le secteur privé avec un SMIC revalorisé et la mise en place d’une Sécurité sociale universelle incluant les chômeurs-euses ;

    - une hausse générale des traitements dans les services publics et la fonction publique : personnel hospitalier, enseignant-es, etc.

    - régularisation des sans-papiers et accueil des réfugiés ;

    * Transition écologique, économique et autogestion des biens communs :

    - un plan complet de développement des services publics et de relocalisation des industries d’utilité publique sous contrôle populaire ;

    - un plan écologique et d’agro-écologie en dialogue avec les propositions de la Convention citoyenne pour le climat ;

    - appropriation publique et autogestion des secteurs de première nécessité…

    C’est ce qu’il faut développer de toute urgence en rassemblant les forces de gauche et écologistes qui partagent ces objectifs.

  • Sortir du libéralisme pour s’en sortir

    logo.pngLe coronavirus est la plus grave pandémie depuis un siècle. Aucune n’a été mondialisée à une telle vitesse. Devant le danger, il convient d’abord de protéger les populations. Mais cette crise, par le confinement prolongé et la proximité de la maladie, oblige également à changer notre rapport au monde, à la nature, au temps, aux informations, aux relations humaines. Les institutions internationales (UE, ONU, OMC…) confirment qu’elles ne sont pas fonctionnelles pour la solidarité humaine à l’échelle internationale. Il convient de contester la politique des gouvernements et de rejeter les idéologies de repli nationaliste.
    Les politiques néolibérales (plans d’ajustement structurels, dogme de la réduction de la dette des Etats) ont provoqué la destruction de services publics indispensables dans de nombreux pays, et ont empêché le développement de services de santé ou d’éducation suffisants. Ces politiques préparent le développement du « tous contre tous » où l’on voit des Etats tels la Hongrie ou les Etats-Unis pratiquer le « nous d’abord » (rapt de produits sanitaires, interdiction de la coopération..). Il est également indispensable de réfléchir au type de société que nous voulons pour éviter la répétition, probablement en plus grave, de crises de ce type.
    Agir pour protéger les populations
    Il y a eu partout dans le monde, même si c’est inégalement selon les pays, du retard à réagir face à l’épidémie. Le Gouvernement français, comme tant d’autres, a montré son impréparation et son retard à réagir face à la crise, préférant poursuivre le plus longtemps possible sa politique néo-libérale plutôt que de prendre les mesures nécessaires. Aujourd’hui, on en est arrivés à un point où le confinement est inévitable, combiné avec l’effort hospitalier. Sur le débat médical, il faut encourager la plus grande transparence, en misant sur l’intelligence collective. Cela permettra de lutter contre le complotisme, souvent antisémite, qui se propage.
    Ce confinement ne doit pas être soumis aux impératifs des profits capitalistes. Il n’est pas admissible d’envoyer des ouvriers travailler dans le bâtiment, la sidérurgie ou sur les chantiers navals au risque de faire circuler le virus au nom de l'urgence économique. L'urgence sanitaire doit guider la production. Seuls les secteurs indispensables aux besoins élémentaires de la population doivent travailler. Cette nécessité est contradictoire avec les déclarations de Ministres enjoignant aux salariés de reprendre le travail. Il convient d’interdire aux entreprises de produire ce qui n’est pas essentiel dans la situation. Dans plusieurs pays, comme en Italie, l’exercice du droit de retrait des salariés a imposé la mise à l’arrêt de certaines entreprises. Les activités non essentielles doivent s’arrêter.
    Tous/tes les salarié.e.s des secteurs vitaux (hôpitaux, grande distribution, postes, police…) doivent être protégé.e.s (masques, gants, gel), ce qui n’est pas le cas actuellement. La loi du profit et l’imprévoyance des Gouvernements successifs ont commandé ces dernières années de ne pas renouveler les stocks de produits, alors qu’ils relèvent de la protection civile. Ils font défaut aujourd’hui. Une fois la crise terminée, le gouvernement devra rendre des comptes à propos de ces graves manquements. Les chefs d’entreprises ont délocalisé pour réduire leurs coûts de production : ce dumping social a amené les manques d’aujourd’hui. La recherche de la rentabilité a imposé de dégrader le service public hospitalier, amenant la diminution constante du nombre de lits et de personnels, dont on voit aujourd’hui les conséquences catastrophiques.
    Des mesures vitales pour faire face à la pandémie
    Devant l’incurie du gouvernement et de l’État, les syndicats, les associations, les habitant.es se mobilisent pour développer la solidarité dans un secteur professionnel, une ville, un quartier… Des réseaux se créent (Covid entraide par exemple) et de nombreuses municipalités actionnent un plan de continuité du service public et soutiennent les associations.
    Nous soutenons l’appel « Pour que le jour d’après soit en rupture avec le désordre néolibéral », lancé par 18 responsables de syndicats et d’associations, qui comprend de nombreuses propositions à mettre en oeuvre d’urgence.
    Des syndicats, des associations et plusieurs organisations politiques de gauche ont également rendu publiques leurs propositions pour faire face à la pandémie. En voici quelques-unes que nous appelons à mettre en oeuvre :
    - Investissement massif dans la lutte sanitaire contre le virus : donner les moyens aux soignant.es et les protéger, garantir le recrutement de personnels soignants statutaires
    - Réquisition et nationalisations des entreprises indispensables pour la lutte contre le COVID 19 (comme LuxFer qui produit des bouteilles d’oxygène médicales)
    - Arrêter les productions et services non essentiels à la lutte contre la pandémie et à l’alimentation de la population ; protéger les salarié.es des services essentiels (masques, réduction du temps de travail...)
    - Respect du droit de retrait des salarié.es
    - Maintien du salaire à 100% jusqu’à 3 fois le Smic, y compris pour les précaires et les indépendant.es.
    - Abrogation de la loi de 2019 sur l’assurance chômage
    - Dépistage massif du Covid19 (tests et sérologie)
    - Régularisation des sans-papiers comme au Portugal
    - Libération de toutes les personnes retenues en centre de rétention
    - Réquisition des logements vides pour y loger les sans-abris
    - Ouverture d’urgence d’appartements pour les femmes victimes de violences…
    - Aide financière et matérielle aux pays ayant peu de services de santé
    - La sortie du confinement doit faire l’objet d’un débat démocratique et doit être préparée avec les organisations syndicales, associatives, les organisations politiques et la population.
    La solidarité et l’entraide protègent la société
    Les luttes sociales de ces dernières années, les réseaux syndicaux et associatifs, les multiples collectifs locaux, de quartiers, y compris les assemblées issues des Gilets Jaunes, se trouvent prolongées dans des élans de solidarité comme on n’en a pas connu depuis longtemps. Dans les campagnes et les quartiers le tissu associatif et citoyen se mobilise massivement pour compenser les manques de l’Etat (distribution de nourriture, aide aux plus démunis et aux migrants, aux personnes âgées, aide aux enfants scolarisés, lutte contre les violences intrafamiliales). L’aide aux sans-papiers et aux réfugié.es est une question vitale pour ces populations privées de nombreux droits.
    Dans les entreprises, les inspecteurs du travail et les syndicats se mobilisent pour faire respecter la protection sociale. Le soutien massif au personnel soignant exprimé tous les soirs à 20 heures sur les balcons est un point d’appui important comme les multiples initiatives de solidarité citoyennes.
    Cette solidarité doit aussi se développer à l’échelle européenne et internationale, contre la logique du chacun pour soi. Les politiques libérales et égoïstes des institutions européennes ont montré leur inhumanité. Il est vital de construire de nouvelles coopérations et solidarités pour faire face ensemble aux défis gigantesques qui nous sont posés.
    Les responsabilités du pouvoir Macron – Philippe
    Au sein du personnel hospitalier, en 1ère ligne face au COVID 19, la colère ne cesse de monter face aux difficultés, au manque de moyens, de personnels. Les acteurs au 1er plan s’engagent et accusent (appel des 600 médecins), plusieurs plaintes sont déposées qui posent la responsabilité des pouvoirs en place.
    Le gouvernement Edouard Philippe et Emmanuel Macron portent une responsabilité importante dans l’impréparation du pays à faire face à la crise que les appels à l’union nationale et aux métaphores guerrières ne peuvent masquer. Ils ont poursuivi les politique d’austérité dans la santé et continué les réductions massives de postes. Si la décision de ne plus stocker de masques a été prise en 2012 sous Hollande, pour des raisons d’économie, le gouvernement Philippe a ignoré les alertes (rapport à la DGS de mai 2019…).
    Le retournement du gouvernement sur le port du masque généralisé pour la population, qu’il déconseillait pour masquer la pénurie, est révélateur d’une politique méprisante envers les citoyens et dangereuse pour la santé publique.
    Muriel Pénicaud pousse les entreprises à faire la chasse à celles et ceux qui ne veulent pas travailler dans les conditions qui leur sont imposées et ne peuvent exercer leur droit de retrait.
    La crise sanitaire actuelle ne doit pas permettre d’instaurer un état d’urgence qui restreigne encore plus nos libertés (traçage téléphonique et surveillance numérique), comme ce fut le cas avec le terrorisme. Or, la loi dite "d'urgence pour faire face à l'épidémie" présente des dangers à cet égard en autorisant des décisions par ordonnances jusqu'à la fin de l'année, ce qui dépasse le cadre actuellement prévisible de l’épidémie. Cette loi met en place des mesures « d’exception » qui permettent de graves régressions sur le droit du travail et les libertés individuelles. De la même manière, la déclaration d’Edouard Philippe parlant d’efforts à faire après le virus laisse entrevoir ce que sera la politique des mois à venir, impliquant un renforcement de l’austérité.
    L’enjeu crucial d’une alternative politique
    Nous avons tous à contribuer à un autre projet de société qui permette une alternative aux politiques libérales et productivistes qu’Emmanuel Macron n’a cessé d’aggraver. Parce que cette crise sanitaire est le reflet, à beaucoup de points de vue, de ce qui ne va pas dans ce monde. La situation fait apparaître au grand jour la nécessité des services publics. L’urgence est de stopper la dégradation entamée depuis des années par les divers gouvernements. Ces services sont une priorité, et il faudra les reconstruire.
    Cette crise doit nous conduire à réfléchir à ce que nous produisons et à qui décide de ce qu’il faut produire. Les salarié-es licencié-es de Luxfer demandent par exemple, la nationalisation de leur entreprise pour reprendre la fabrication des bouteilles d'oxygène médicales. Oui, nationalisons, sous le contrôle des salarié-es : il s’agirait d’une appropriation et d’une autogestion de biens communs, et pas d’une prise en mains par l’Etat. Il faudra aussi revaloriser dès la sortie de crise toutes les personnes, le plus souvent des femmes, qui font des travaux de première nécessité comme caissières, personnels des services de nettoyage, éboueurs....
    Dans l’avenir, contre « la loi de la rentabilité » il convient que les citoyen.ne.s aient la possibilité de discuter et de trancher sur les choix économiques en intégrant les enjeux écologiques de rupture. C’est une économie respectueuse de la planète qu’il faut mettre en place. D’une part parce que les diverses crises sanitaires de ces dernières années ne sont pas sans rapport avec le modèle économique non respectueux de cette nature. D’autre part parce que la situation actuelle préfigure l’aggravation de la crise climatique qui nous attend.
    L’épidémie doit faire prendre conscience qu’il faut arrêter la course à l’abîme que nous connaissons.
    Cette crise sanitaire est mondiale. Certains proposent comme solution le repli national, repli illusoire sur des frontières qui ne peuvent arrêter ni les virus ni la dégradation climatique. La réponse réside dans l’universalisation des droits humains, sociaux, civiques, politiques, basés sur l’égalité, la liberté, la démocratie active et l’auto-organisation, avec des institutions nationales et internationales profondément renouvelées. Cela suppose la rupture avec le système capitaliste, qui sacrifie l’intérêt général à sa logique de profit. Le coronavirus nous montre avec force que nous sommes tous et toutes devenus très proches sur notre planète.
    Aucune organisation ne peut porter ces questions seule. C’est ensemble, associations, syndicats, partis que nous pourrons travailler à rendre possibles les solutions progressistes aux dangers qui menacent. Mettons les débats sur la table pour trouver des solutions communes. Cela fait des années que certain.e.s alertent sur les risques. Nous y sommes. Il est urgent de se rassembler pour agir. A cet égard, l'appel des 18 organisations syndicales et associatives "Pour que le jour d'après soit en rupture avec le désordre néolibéral", que nous soutenons, peut permettre le rassemblement nécessaire « pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral ».
    L'Equipe d'Animation Nationale d'Ensemble – Mardi 7 avril 2020

  • CERISES la coopérative dernière livraison

    Bonjour,

    Un virus venu d'ailleurs (comme dirait Trump) a bouleversé la vie de chacun... et donc celle des rédactions. Compte tenu de sa périodicité, Cerises, la coopérative n'aura, évidemment, pas été la première à en faire l'essentiel de son contenu. Notre équipe de rédaction a cependant cherché à dépasser le quotidien de l'actualité, et en partant de l'analyse des causes de la crise sanitaire, elle a cherché à faire émerger les  potentialités que recèlent les colères qui s'expriment  à propos de la gestion libérale de la santé publique.

    C'est le cas pour le texte collectif (S. Larue-H. Mermé-D. Montel-J. Zarka) traitant des "Urgences sanitaires, sociales et politiques". C'est le cas aussi de l'article de Marcelle Fébreau qui donne une autre conception de la "Démocratie sanitaire" que celle dont usent et abusent nombre d'institutions ces dernières semaines. Effet de la mondialisation des échanges, la crise actuelle peut être l'opportunité d'une avancée conséquente vers un nouvel altermondialisme avec Gus Massiah. Du côté de la  Guadeloupe, Elie Domota, constate la différence de traitement administratif appliqué par la République à ses colonies.

    Quant au "jour d'après" dont Macron jure qu'il ne sera plus comme avant, Makan Rafatdjou propose qu'il soit une opportunité de rupture vers des alternatives émancipatrices.

    Mais nous n'oublions pas toutes les autres questions qui méritent aussi un "jour d'après", telle celle posée avec force par Vanessa Spingora dans "le consentement" Bonne période pour la lecture.

    Ne nous confinons pas l'esprit.

    L'équipe de rédaction

     


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    Cerises
    www.ceriseslacooperative.info/