Du 30 avril 2020
ENSEMBLE 05 - Page 49
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Le jour d'après a commencé
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CERISES la coopérative dernière livraison
"Pas de polémique" disent-ils. "le temps est à l'unité!". Mais c'est bien sûr!... Comme si on pouvait croire que leur jour d'après serait vraiment différent de leur jour d'avant... Cerises la Coopérative a décidé, au contraire, d'alimenter une quinzaine de polémiques. Toute la rédaction s'y est mise : la référence de Macron à 1945, l'appel à l'union nationale, la loi d'urgence sanitaire, le sens des mots, les dividendes des actionnaires et la "charité" des entreprises du CAC 40, etc.socialisation ou nationalisation, etc.
Et c'est le moment, dit l'édito de Sylvie Larue, de se lancer "en quête d'alternative".
Un livre revient en force dans l'actualité. C'est "La Peste" d'Albert Camus. Bénédicte Goussault s'y est replongée.
Et comment s'en sortira la culture? Laurent Eyraud-Chaume fait le point de tout ce qui nous manque. Pour lui, "nos intimes sont en lutte de classe".
Et puis, malgré le confinement dû à la pandémie, la lutte est toujours à l'ordre du jour un peu partout dans le monde. En Algérie, le Hirak, après plus d'un an, respire encore. Ensemble lui a consacré une brochure.
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1er MAI
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1er mai : « plus jamais ça ! »
Nos organisations appellent à participer aux mobilisations syndicales pour donner au 1er mai 2020, journée
internationale de lutte des travailleuses et travailleurs, un écho tout particulier dans le contexte de crise
sanitaire. La pandémie qui se répand dans le monde entier révèle de manière tragique les dérèglements
du capitalisme néolibéral et productiviste ainsi que les dysfonctionnements de l’actuelle gouvernance
mondiale. La situation nécessite d’affronter ensemble les urgences écologiques, sociales et démocratiques.
Les impératifs de santé publique seront à l’honneur de ce 1er mai. Nos organisations appellent à manifester
la solidarité avec les travailleurs.ses, en France et dans tous les pays, dont les activités continuent, souvent
sans même le matériel de protection nécessaire. La solidarité aussi avec les « invisibles » que la crise a
pourtant révélé.e.s comme indispensables, ainsi qu’avec les précaires et les « sans », dont la situation s’est
dramatiquement aggravée pendant la crise.
Pour tout cela, nous exigeons :
que la santé de toutes et tous soit une priorité, maintenant et après le 11 mai, date annoncée de
sortie du confinement alors même que les conditions sanitaires ne sont pas réunies.
que toutes les mesures d’urgence soient prises pour lutter contre les inégalités sociales et pour
préserver les droits de chacun.e durant cette période, dont celui d’un travail, d’une alimentation, d’un
logement de qualité.
que la protection sociale des jeunes soit refondée afin de les faire rentrer dans le droit commun. Les
jeunes ne peuvent être ni la variable d’ajustement, ni les oublié.e.s de l’après.
que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité soient des priorités
pour le plan de relance de l’économie, à la mesure de l’urgence climatique.
une solidarité avec les populations des pays pauvres, premières victimes des dérèglements
climatiques, touchés par la crise sanitaire alors que leurs systèmes de santé et leurs services publics
sont encore moins préparés que le nôtre à faire face à cette pandémie, sous la menace de crises
alimentaires émergentes, passant en premier lieu par l’annulation de leur dette extérieure et le
versement de financements additionnels d’urgence.
que les multinationales s’assurent du respect des droits humains et de conditions de travail décentes
pour les travailleuses et travailleurs employé.e.s par leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants à
travers le monde plutôt que de les laisser sans revenus, aides ou protections sociales, les rendant plus
vulnérables aux risques d’exploitation plutôt que de verser des dividendes à leurs actionnaires.
Le monde d’après doit enfin appliquer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ce sont
souvent des femmes, dans l’ensemble du secteur de la santé et du social, dans les services publics, dans
les commerces, dans l’agroalimentaire, qui ont sauvé des vies, ont permis de nous alimenter, ont assuré
des missions de protection de la population et ont permis à notre pays de tenir alors qu’elles sont toujours
bien moins payées que les hommes : il est temps de reconnaître leur investissement.
Le monde d’après ne doit pas non plus se solder par de nouvelles régressions des droits démocratiques.
De ce point de vue, en France comme ailleurs conscient.e.s de la nécessité de respecter toutes les mesures
de confinement nécessaires, nous ne sommes pas moins indigné.e.s des violences policières, des contrôles
abusifs, des atteintes à la protection des données personnelles et de la vie privée, de la violation des droits
des migrant.e.s …
Lors de ce 1er mai, nous manifesterons aussi pour exiger un plan de relocalisation solidaire et écologique
des activités de l’industrie, de l’agriculture et des services :
• «plus jamais» des travailleur-ses mis.e.s en concurrence et appauvri.e.s !
• «plus jamais» la dépendance aux marchés internationaux comme le manque de masques, de surblouses
et de médicaments,
• «plus jamais» les produits qui font le tour de la planète engendrant pollutions et émissions de gaz à
effet de serre !
• Et «plus jamais» la captation des ressources naturelles du Sud au seul profit des transnationales des
pays riches.
Pour que le jour d’après ne soit plus comme le jour d’avant, tout soutien public aux entreprises doit d’ores
et déjà être conditionné à une reconversion écologique et sociale, qui nous permettra de créer des
centaines de milliers d’emplois de qualité en France. Le gouvernement ne doit pas remettre en cause, sous
l’influence des industries polluantes, les engagements et les objectifs environnementaux, déjà très en
dessous du niveau exigé par l’urgence climatique. Il doit aussi suspendre les ventes d’armes qui alimentent
les conflits et le terrorisme, et réfléchir à abandonner la dissuasion nucléaire coûteuse et plus dangereuse
qu’efficace. Nous exigeons que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité
soient des priorités pour le plan de relance de l’économie, et qu’elles soient à la mesure de l’urgence
climatique.
Lors de ce 1er mai, nous manifesterons encore pour obtenir un plan de développement de tous les services
publics et une revalorisation des métiers d'utilité publique :
• «plus jamais» les hôpitaux débordés du fait des fermetures de lits et du manque de soignant.e.s,
• «plus jamais» d’une recherche publique manquant de crédits,
• «plus jamais» des services publics exsangues,
• «plus jamais» des Ehpad délaissés,
• «plus jamais» des personnes sans revenu et en précarité alimentaire.
• «plus jamais» de fausses excuses quant au manque de budget public pour les financer, alors qu’une
fiscalité plus juste (y compris sur la fortune / le patrimoine), une véritable lutte contre l’évasion fiscale et
la transformation de la dette publique en dette perpétuelle à taux zéro par la BCE en donneraient les
moyens.
Même confiné.e.s, manifestons toutes et tous le 1er mai, depuis chez soi, avec des pancartes, banderoles
ou en envahissant les réseaux sociaux. Rendons visibles, exprimons ce que nous voulons en France comme
ailleurs : un changement de cap, pour un futur écologique, social, féministe et démocratique ! -
ALERTE !
Oui au déconfinement mais pas dans n'importe quelles conditions !
Dans Covid 19-Un virus très politique (n°5 Édition Syllepse) une alerte d’un médecin chercheur immunologue.
C’est le risque de rebond qui est le plus inquiétant : si l’on déconfine maintenant, alors que peu de personnes sont immunisées, (12 à 15 % en France au lieu de 60 %) le virus risque de repartir (comme cela se passe dans divers pays d’Asie). Le rebond est probable (reste à savoir quand il aura lieu) si les exigences sanitaires nécessaires à un vaste déconfinement (notamment dans les écoles) ne sont pas réunies.
Cela serait rendu plus facile s’il y avait des médicaments (or on n’en a pas encore) ou un vaccin (pas avant novembre ?).
Autre difficulté non encore résolue : quels sont les anticorps fabriqués et combien de temps durent-ils ? Est-ce que les personnes peuvent avoir 2 fois le Covid ?
On a réussi à réduire le nombre de morts en mettant en place le confinement, mais peut-on rester encore confiné ?
Il y a un risque qui commence à surgir à cause de l’enfermement : ce sont les problèmes psychiques, notamment pour les enfants, les personnes âgées et celles atteintes de pathologies graves.
Sortir est une nécessité : il faut généraliser les tests et le port du masque. Or on n’a pas assez :
. de tests (manque d’appareils pour les réaliser et de réactifs)
. de masques agrées
Une des questions qui a été soulevée (mais non résolue) est la technique du « traçage » (anonyme et non piratable) utilisée dans d’autres pays : trouver (grâce au mobile) toutes les personnes en contact avec la personne atteinte et les isoler.
Question :
L’épidémie peut-elle s’arrêter d’elle même ? Non pas dans ces conditions.
Peut-on déconfiner d’abord les régions moins atteintes ? On peut, mais elles sont ouvertes, donc des personnes peuvent amener le virus.
Nos exigences
Le Conseil scientifique, mis en place par le gouvernement, a des inquiétudes sur la date prévue pour le déconfinement, nous aussi !
Nous reprenons à notre compte son injonction de « s’appuyer sur les instances déjà existantes et leurs réseaux », « de créer une démocratie sanitaire » et «un comité de liaison sociétale »
Conditions préalables :
. le principe de précaution doit l’emporter sur les questions économiques dans le domaine de la santé publique.
. il faut soumettre la sortie du confinement à la capacité hospitalière réellement disponibles autour des pôles de déconfinement (Proposition syndicale)
Pour les écoles, pas de réouverture :
. sans tester massivement les adultes, les élèves et leurs familles
. sans équipement gratuit de tous.toutes en matériel de protection (masques, gel, savons, gants…)
. sans réaménagement des espaces de restauration, récréatifs, de déplacement (couloirs, escaliers…)
Pour le travail, pas de reprise :
. Sans sécurisation des transports en commun
. Sans l’organisation de mesures de sécurité
. Sans adaptation des postes de travail pour minimiser les risques
Nous avons le sens de l’intérêt collectif et nous pouvons réfléchir avec d’autres sur ce qui est le mieux en l’état actuel de la crise sanitaire.
«Faire confiance pour garder la confiance »
Danielle Carasco et Cécile Leroux