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ENSEMBLE 05 - Page 434

  • Sortir les États de la servitude volontaire

     

    Thomas Coutrot, coprésident d’Attac
    Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic

     

    Le mois d’octobre a vu la crise de la zone euro s’aggraver considérablement et les agences de
    > notations s’en donner à coeur joie : dégradation de la note de l’Espagne et de l’Italie, menace
    > sur la Belgique, « mise sous surveillance » de la France qui est ainsi menacée de perdre son
    > triple A. Tout a déjà été dit sur le rôle des agences de notation. Aveugles lors des crises
    > financières qu’elles ont été incapables d’anticiper, donnant la note maximale à la banque
    > Lehman Brothers à la veille de son effondrement, certifiant l’innocuité des produits financiers
    > hautement toxiques, baignant en permanence dans le conflit d’intérêt, leurs déclarations
    > devraient susciter l’hilarité générale. Pourtant, gouvernements et institutions européennes,
    > tout en les dénonçant et en promettant de les mater, persistent à se prosterner devant elles.
    > C’est que les agences de notations, aussi discréditées soient-elles, jouent un rôle indispensable
    > au fonctionnement des marchés financiers. Le problème n’est pas de savoir si elles ont raison
    > ou tort ou si leurs jugements sont basés sur une analyse objective de la situation. Il vient du
    > comportement même des acteurs de la finance qui ont besoin d’une autorité extérieure pour
    > orienter leurs décisions grégaires. Les agences de notation ne jouent pas le rôle de
    > thermomètre, mais d’un virus qui fait monter la fièvre de la cupidité, laquelle pousse à la
    > formation de bulles dans les moments d’euphorie boursière, et qui déchaîne une panique
    > incontrôlée dans les moments de doute. Le problème, ce ne sont pas les agences de notation,
    > mais les marchés financiers. Il est donc criminel d’avoir mis les dettes publiques dans leurs
    > mains.
    >
    > Car, il faut y insister, ce sont les gouvernements qui ont fait ce choix, ce sont eux qui ont
    > permis aux marchés de développer leur capacité de nuisance. En France, une réforme de la
    > Banque de France, votée en 1973 sous l’impulsion de Valéry Giscard d’Estaing, ministre des
    > finances de Georges Pompidou, interdit au Trésor public d’emprunter directement à la
    > Banque de France à des taux d’intérêt nuls ou très faibles. La Banque de France ne peut donc
    > plus financer par de la création monétaire les déficits publics. Le gouvernement français est
    > dès lors obligé de faire appel aux marchés financiers, c’est-à-dire à des banques privées, et ce,
    > aux taux d’intérêt de marché. Il s’agit d’un acte fondateur, et destructeur, car il inaugure la
    > mainmise des marchés financiers sur les États. Cette disposition allait être intégralement
    > reprise lors de la création de la Banque centrale européenne (BCE), puis dans tous les traités
    > européens. On a donc abouti à une situation hallucinante. Les États ne peuvent pas être
    > financés par la BCE ; mais celle-ci peut par contre refinancer les banques privées à de très
    > faibles taux. Ces dernières prêtent ensuite aux États à des taux nettement supérieurs, voire
    > carrément usuraires. L’Union européenne se place volontairement sous l’emprise des marchés
    > financiers.
    >
    > Cette emprise allait être d’autant plus grande qu’une contre-révolution fiscale s’est déployée
    > depuis plus d’un quart de siècle. Son fil directeur a été de baisser par de multiples moyens les
    > impôts payés par les ménages les plus riches et par les entreprises, en particulier les plus
    > grandes. L’impôt sur le revenu est devenu de moins en moins progressif avec la diminution du
    > nombre de tranches et les baisses successives du taux marginal supérieur. L’impôt sur les
    > sociétés, véritable peau de chagrin, pèse trois fois plus lourd sur les PME que sur le CAC 40.
    > Résultat imparable, l’État s’est appauvri : ses recettes représentaient 15,1 % du PIB en 2009
    > contre 22,5 % en 1982. On trouve là une des raisons de l’accroissement régulier de la dette
    > publique avant même la crise financière. Car contrairement à une antienne dont on nous rebat
    > les oreilles, ce n’est pas l’explosion des dépenses publiques qui a creusé les déficits. Avant la
    > crise, elles avaient même tendance à baisser : 55 % du PIB en 1993, 52 % en 2007. La crise,
    > dont il faut rappeler qu’elle trouve son origine dans les délires de la finance, a évidemment
    > gonflé la dette. Baisse des recettes fiscales dues à la récession, plan de relance pour éviter la
    > dépression, et enfin sauvetage des banques, se sont combinés pour arriver à ce résultat.
    > Alors que faire maintenant pour empêcher les prophéties autoréalisatrices des marchés de se
    > réaliser ? Tout d’abord, il faut acter que les plans d’austérité, au-delà même de leur caractère
    > socialement inacceptable, sont inutiles. Et c’est tout le paradoxe de la situation. Les marchés
    > veulent que les déficits publics soient réduits pour être sûrs que les États puissent payer la
    > charge de la dette, mais ils s’inquiètent du fait que les mesures prises vitrifient l’activité
    > économique. Face à ces injonctions contradictoires, il ne sert à rien de vouloir rassurer les
    > marchés, puisque plus on les rassure, plus ils s’inquiètent. La seule solution est de sortir les
    > États de leur emprise.
    >
    > Il faut pour cela tout d’abord européaniser et monétiser les dettes publiques. La BCE et les
    > banques centrales nationales doivent pouvoir, sous contrôle démocratique, financer les États
    > et les politiques publiques européennes. Concernant le stock de la dette existant, un audit
    > citoyen doit pouvoir déterminer la part de la dette qui est illégitime, et donc doit être annulée,
    > et celle qu’il faudra rembourser, la BCE pouvant dans ce cas la racheter. Les banques doivent
    > être mises sous contrôle social afin qu’elles se tournent vers les financements de l’activité
    > productive et la transformation écologique de la société. Enfin, il faut enfin une réforme
    > fiscale d’ampleur qui redonne des marges de manoeuvres à l’action publique. Ces orientations
    > supposent de rompre avec tout ce qui a fait l’orthodoxie néolibérale de ces dernières
    > décennies. Les mouvements sociaux qui commencent à secouer l’Europe devront l’imposer.

    Tribune parue dans Libération Jeudi 3 Novembre 2011
    > Et sur le site d'Attac France
    >


  • Communiqué

    En Europe et en France :
    les libéraux contre la démocratie


    Il aura suffi que le Premier ministre grec annonce la tenue d’un référendum dans son
    pays sur le « plan d’aide européen » pour que les bourses s’effondrent, que les
    autorités européennes s’émeuvent et que l’Elysée s’afflige.
    Consulter le peuple alors qu’on lui promet une cure d’austérité comme il n’en a jamais
    connue ? Cela serait inutile et contreproductif : de quoi se mêlerait-il ?
    Il faudrait laisser l’Union européenne et ses technocrates diriger.
    Il faudrait surtout éviter que le peuple ne s’empare de la question de la dette,
    demande des comptes et mette en cause les choix des libéraux et des sociauxlibéraux
    ! Imaginez qu’il envisage la nationalisation du secteur bancaire !
    Il faudrait que les Indignés et les forces de transformation sociale et écologique
    restent sagement dans leurs terres respectives, celle de l’indignation et celle d’une
    alternative institutionnelle toujours à venir !
    En France, les mêmes qui prétendent donner des leçons de démocratie à la planète
    s’offusquent de ce que les peuples puissent décider. Et pour cause : ils entendent,
    comme dans chacun des Etats membres de l’Union, imposer les mêmes recettes
    libérales. Et ils redoutent que les peuples disent « non ! ».
    Certes, le référendum n’est pas l’alpha et l’omega d’une démocratie fertile. Mais,
    mobilisés depuis plusieurs mois, les Grecs vont avoir la possibilité de rejeter le plan de
    l'UE. Rappelons qu’en 2005, le référendum sur le Traité constitutionnel européen a
    été en France l'occasion d'un formidable débat, qui a largement dépassé la simple
    réponse par oui ou par non à la question posée.
    En fait, l’exigence que le peuple s’approprie les choix politiques et décide devient
    intolérable à l’ordre libéral : le temps où les libéraux affirmaient que démocratie et
    capitalisme sont indissociables est bien loin.
    L’Association des communistes unitaires, composante de la FASE, est et sera partie
    prenante de toutes les mobilisations face à la crise du système économique et pour
    une réorientation fondamentale de la construction européenne.
    2 novembre 2011
    Contacts : Gilles Alfonsi 06 18 06 17 17 – Sylvie Larue 06 81 21 20 58

  • Un “Héritage” qui peut tout changer (article du DL du 3 novembre)

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    Laurent Eyraud-Chaume a écrit ce conte théâtral dont il est également l’acteur.

     
    C’est un conte théâtral “made in Hautes-Alpes” qui sera présenté ce samedi 5 novembre à 20 h 30 au CMCL de Gap. Seul sur scène, Laurent Eyraud-Chaume, également à l’origine du spectacle.

    “L’Héritage”, création 2010 de la compagnie du Pas de l’Oiseau, est l’aboutissement d’une formation professionnelle suivie par Laurent Eyraud-Chaume, dirigée par le conteur et comédien Pépito Matéo, au Cnac (centre national des arts du cirque) de Châlons-en-Champagne. Pepito Matéo, dont le travail est caractéristique du renouveau du conte en France et en occident, s’est retrouvé partie prenante du projet, tout comme le groupe Jabuz qui signe la composition de la bande-son de ce spectacle.

    Dans un village qui ressemble à tant d’autres

    Après avoir été présenté en mai et juin derniers au Café du Peuple de Veynes, à Toulouse et à Sigoyer, “L’Héritage” s’invite donc à Gap, sur la scène d’un CMCL heureux d’accueillir “une troupe de chez nous”.

    Avec “L’Héritage”, Laurent Eyraud-Chaume raconte l’histoire d’un village comme il en existe tant d’autres, notamment dans les Hautes-Alpes : ce village nommé “le Villard” a sa mairie, sa chorale, son café du commerce. Depuis la mort du vieil agriculteur Joseph Barbayer, tout le monde est en effervescence, à commencer par le conseil municipal. Il y a de quoi : Joseph a légué tout son patrimoine à la commune, à la condition d’y instaurer le communisme.

    Cet héritage, c’est aussi “l’histoire d’Émilie et de Martin, qui vont rompre leurs solitudes, réapprendre à rêver, à aimer. C’est l’histoire joyeuse d’un mort qui donne de la vie, d’un conteur qui cherche un héritage, d’une table de conseil municipal qui n’en croit pas ses oreilles”.

    Ainsi, ce conte “humain plus que militant, repose à sa manière la question des chemins d’émancipation” et ces autres questions : Peux-on transformer la réalité ? Comment réinventer le vivre ensemble ? Quelle place pour la transmission et l’engagement dans nos vies ?”

    A découvrir ce samedi soir, en partenariat avec la Compagnie Conte.

    le 03/11/2011 à 06:01

     
  • Référendum grec: une première avancée démocratique

    L'annonce (hélas trop tardive) par M. Papandréou de l'organisation d'un référendum sur le plan européen « d'aide » à la Grèce est une première avancée de la démocratie face aux plans d'austérité qui s'abattent partout en Europe. Tout dépendra de la question posée et des conditions du débat pour que ce référendum ne soit pas une manipulation politique. Mais c'est aussi l'occasion d'un réel débat citoyen, qui fasse écho aux revendications populaires pour plus de démocratie... à l'image du référendum en Islande, qui s'est soldé par un rejet du vaste plan d'austérité sociale prévu. 

     

    Le plan européen d'aide à la Grèce, même s'il organise un défaut partiel et de toutes façons inévitable de la Grèce sur sa dette, ne résout aucun des problèmes de fond posés par les incohérences de la zone euro et l'irresponsabilité de la finance. Il aggrave encore l'austérité et la tutelle de la « troïka » - Commission, BCE, FMI - sur le peuple grec. Les oligarchies européennes pensaient pouvoir imposer à leurs peuples les exigences des banques et des prêteurs en s'abritant derrière des majorités parlementaires. Mais les politiques d'austérité qui sont en train de détruire la Grèce, et qui s'étendent progressivement dans le reste de l'Europe, suscitent de trop fortes résistances sociales. 
    >

    Les citoyens ne se reconnaissent plus dans une classe politique inféodée aux dogmes et aux intérêts de la finance. « Vous ne nous représentez pas ! », ce cri des Indignés à la classe politique, est devenu une évidence. La décision de M. Papandréou, pourtant représentant archétypique de l'oligarchie politique grecque, de donner la parole au peuple est donc une bonne nouvelle. Même si Nicolas Sarkozy, à l'image de la plupart des dirigeants européens, est "consterné" par cette décision où il ne voit que démagogie et irresponsabilité...

     

    Bien sûr, la machine médiatique va se mettre en branle, en Grèce et en Europe, comme en France en 2005 à propos du traité constitutionnel européen. Les droites et une certaine gauche vont fustiger l'archaïsme et le nationalisme des Grecs qui voudraient soit-disant quitter l'Europe et briser l'euro. Mais c'est rigoureusement l'inverse: le peuple grec, en défendant ses droits sociaux et sa souveraineté démocratique, défend les droits de tous les peuples européens. Les mouvements sociaux européens doivent soutenir le mouvement grec qui rejette ces politiques d'hyperaustérité destructrices et mortifères. La victoire du « non » au référendum grec ne résoudra pas à elle seule la crise actuelle. Mais elle posera concrètement la nécessité d'une alternative au modèle néolibéral, qui devra commencer par la dénonciation des dettes illégitimes, le refus des politiques de régression sociale, la reconquête de la souveraineté démocratique sur notre monnaie commune, l'euro. Attac mettra dans les semaines à venir toute son énergie pour construire la solidarité européenne avec le peuple grec, faire triompher le non à l'austérité, et poser les premiers jalons de la refondation d'une Europe démocratique et solidaire.

    Attac France

  • Communiqué de JL Mélenchon

    Enfin un référendum en Grèce

    Communiqué du 01/11/2011

    L'Elysée est consterné quand le peuple est consulté. Au contraire, je me réjouis que douze grèves générales aient contraint M.Papandréou à convoquer un référendum réclamé par le peuple.

    Je forme le vœu que les Grecs disent non au plan européen de dix ans d'austérité qui plomberaient leur avenir. Ils imposeront ainsi aux dirigeants européens l'obligation de sauver le peuple autant que la monnaie.