Au niveau local, surprise, ce sont, en général, les grandes villes où le vote frontiste augmente nettement alors qu’il diminue, voire chute dans les zones les plus rurales.
Les résultats du premier tour des départementales, dimanche dernier, ont été accueillis avec un certain soulagement par la gauche. Elle ne reculait plus depuis les élections européennes et le Front national atteignait 25% alors que plusieurs sondages l’avaient placé au-dessus de 30%. Mais bientôt, le discours de la peur a repris, attisé par les tirades des Le Pen père et fille et de Florian Philippot mettant en avant une formidable progression du FN dans la ruralité, particulièrement dans les périphéries les plus lointaines soi-disant abandonnées par la République. Une comparaison au niveau communal avec les résultats du FN à l’élection européenne de l’an dernier ne montre rien de tel. Au contraire.
D’abord, le FN ne progresse pas en pourcentage (mais en voix, car l’abstention a été plus faible). Il obtient 25,24% des suffrages, contre 24,85% en 2014. Mais Paris et Lyon, n’ayant pas voté à l’élection de dimanche dernier, en raison de leur statut métropolitain, il faut effectuer la comparaison en retirant ces deux villes du résultat de 2014. Comme le FN avait obtenu alors 9,3%, à Paris et 13,6%, à Lyon, le score de 2014 sans ces deux villes remonte à 25,6%. Stagnation donc.
Au niveau local, surprise, ce sont, en général, les grandes villes où le vote frontiste augmente nettement alors qu’il diminue, voire chute dans les zones les plus rurales. Les baisses les plus spectaculaires se situent au sud de la Loire dans pratiquement tout le Massif central (12 points de chute en Corrèze et dans le Cantal, 10 en Lozère, 6 dans l’Aveyron), dans le piémont pyrénéen (12 points de chute dans le Gers, 6 dans les Pyrénées-Atlantiques, 8 en Ariège et même 4 dans les Pyrénées-Orientales), et dans les Alpes (15 points de chute dans les Hautes-Alpes, 9 dans les Alpes-de-Haute-Provence, 5 en Savoie). Inversement, le FN gagne des points dans la plupart des grandes villes, y compris dans leur centre et cela sur tout le territoire : 5 points de mieux qu’en 2014 à Strasbourg, 4 à Metz, Dijon et Grenoble, 3 à Nantes, Rennes, Tours, Lille, 2 à Bordeaux, 1,5 à Toulouse.
Au nord de la Loire, la situation est un peu différente dans les zones rurales. La diminution du score du FN est supérieure à 4 points dans les campagnes de Normandie, de Picardie et du Nord. Cela s’explique en partie par le rôle personnel que jouait Marine Le Pen en tête de liste dans la circonscription nord-ouest à l’élection européenne mais qui n’occupe plus une place privilégiée dans cette région à l’élection départementale. Plus à l’ouest, en Bretagne et dans les Pays-de-la-Loire, le FN progresse, mais il gagne plus dans les zones urbaines que dans les zones rurales, par exemple sur les côtes bretonnes plus qu’au centre de la région. Enfin, le front augmente ses scores déjà élevés dans une large fraction sud et est de la région parisienne s’étendant à l’Eure-et-Loir, l’Aube, la Marne, l’Yonne et le Loiret.
Comment comprendre de telles évolutions qui ne correspondent pas aux litanies habituelles sur le vote périphérique. Est-ce l’attitude martiale et combative de Manuel Valls qui a permis la reconquête des campagnes ? Mais si cela est vrai au sud de la Loire et au nord-ouest, ce ne l’est pas dans l’ouest profond ni en Champagne. Et pourquoi, les urbains, pourtant en moyenne plus réceptifs à la gauche, auraient-ils fait la sourde oreille ?
On a tendance à exagérer le rôle des déclarations (et des gesticulations) politiques à la veille des élections alors que des tendances plus profondes sont à l’œuvre. Cela témoigne d’un certain mépris envers l’électeur réputé versatile et influençable. Or, la différence de l’objet des votes de 2014 et de 2015 a été prise au sérieux par les électeurs. La nature du scrutin et ses enjeux à long terme ont été mis en balance, dans un cas, en ce qui concerne l’avenir de l’Europe, dans l’autre, l’avenir des instances locales. Les campagnes n’ont pas seulement voté pour le FN en 2014, mais contre l’Europe que ce parti était le seul à vilipender. Elles estimaient, en effet, souffrir de la concurrence et de la PAC, et voyaient les aides de Bruxelles fondre.
Cette raison ne vaut plus pour l’élection départementale lors de laquelle les ruraux ont, au contraire, exprimé une défense des échelons locaux que le FN représentait mal faute de cadres et pour avoir nationalisé les enjeux. Inversement, les villes et surtout les métropoles, dont le vote est toujours plus favorable au oui que la moyenne lors des référendums sur l’Europe, n’ont pas soutenu le front en 2014 en raison de son hostilité à Bruxelles, puis lui ont été légèrement plus favorables en 2015, cette hypothèque étant levée, ou bien sont tout simplement revenues à leur étiage habituel, une fois l’Europe mise (presque) hors de cause.
Ces flux et reflux du vote FN au cours de la dernière année ne modifient toutefois pas, en profondeur, sa couverture territoriale qui reste contrastée avec plus de 30% des voix dans le Nord-Est et sur les rivages méditerranéens et moins de 20% à l’Ouest, au Centre et au Sud-Ouest. Une répartition que la théorie du vote périphérique est là aussi incapable d’expliquer.
Derniers ouvrages parus : Atlas des inégalités. Les Français face à la crise, Autrement (2014) et, avec Emmanuel Todd, Le Mystère français, le Seuil, (2013).

Dans ce triste paysage, qui symbolise aussi les derniers souffles de la 5ème république, le mouvement Ensemble 05 a souhaité porter un message de lutte et d'espoir. Nous avons initié et soutenu 3 démarches qui, chacune à sa manière, portent une volonté de rassemblement citoyen. Le Front de Gauche réalise une percée à l'Argentière-la Bessée où Agnès Antoine (Ensemble) et Gérard Ladoux (PCF) réalisent 16 % des voix. Sur Gap 1, Isabelle David et Erik Bonnaud ancrent les «Tous capables » dans le long terme avec près de 15 % des voix. Sur le nouveau canton de Veynes-Dévoluy, une véritable dynamique se poursuit à chaque scrutin et l'union de citoyens engagés, du Front de Gauche et d'Europe Écologie-Les Verts, marque des points avec 21,5 % des voix sur le canton et prend la tête de la gauche dans 4 communes sur 8 (notamment à Veynes avec 26,9% !). Ces résultats sont le fruit d'un travail militant considérable, d'une volonté unitaire sans faille et de la mise en avant du débat d'idées. Le mouvement Ensemble appelle les militants et les organisations de gauche à en tirer les conclusions : pour que la gauche citoyenne, sociale et écologiste progresse, elle doit être unie ! Ensemble 05 sait que les électeurs qui l'ont soutenu au premier tour vont s'informer avant de voter pour le second et vont chercher à trouver des candidats portant leurs valeurs ; nous faisons confiance à leur intelligence politique. La vie de notre mouvement ne s'arrête pas aux élections et nous donnons rendez-vous à tous : - le 9 avril pour une journée de mobilisation et de lutte contre l'austérité. - le 13 avril pour la prochaine « Fabrique à Idées » autour du revenu d'existence.
Caroline Cayeux, sénateur-maire de Beauvais, présidente de Villes de France et François Commeinhes, sénateur-maire de Sète, ont été reçus aujourd’hui par Philippe Duron, député du Calvados, chargé par le ministre Alain Vidalies d’une réflexion sur les Trains d’équilibres du territoire (TET). Ce parlementaire en mission doit en particulier « clarifier » l’articulation d’une quarantaine de lignes Intercités et trains de nuit, avec les autres formes de mobilité.