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ENSEMBLE 05 - Page 158

  • SNCF: la commission présidée par le député "socialiste" Duron veut porter un coup mortel au service public du chemin de fer !

     

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    Communiqué de presse des cheminots CGT

    Le rapport de la commission parlementaire « TET d’avenir », présidée par Mr Philippe Duron, vient d’être rendu public. Cette commission était chargée de remettre au gouvernement des propositions d’évolution de l’offre des Trains d’Equilibre du Territoire (TET), plus connus sous leur appellation commerciale de trains Intercités.

    La Fédération CGT des cheminots a pu prendre connaissance de ce document et ne peut que constater le parti pris ultra libéral qui vise la poursuite de la casse du service public SNCF.

    Ainsi, le diagnostic établi par la commission fait état de causes réelles des difficultés de cette offre ferroviaire: offre délaissée depuis des décennies, matériel ancien, manque d’investissement, mauvais état du réseau ferré. La CGT partage d’autant ce constat qu’elle n’a cessé de revendiquer des moyens pour développer et moderniser cette offre alors que la politique du tout TGV dominait.

    Depuis plusieurs années, la CGT et ses syndicats locaux sont à l’initiative de mobilisations conjointes avec les usagers et les élus pour développer et moderniser l’offre des trains Intercités. Pour la CGT, ces trains sont d’intérêt national pour l’aménagement du territoire.

    Mais plutôt que de proposer une ambition nouvelle pour le service public, la commission Duron propose des coupes claires dans l’offre TET en supprimant de nombreuses lignes ou tronçons de ligne et dessertes. Des transferts massifs du train vers la route sont envisagés, profitant très opportunément des dispositions de la loi Macron visant la libéralisation des autocars. Ainsi, il est proposé d’abandonner les lignes TET suivantes :

    Caen-Le Mans-Tours (Transfert TER) ; Clermont Ferrand-Béziers (autocar entre Neussargues et Millau), Hirson-Metz (suppression), Toulouse-Hendaye (sur route), Paris-Cosne-Nevers ; Clermont Ferrand-Nîmes (regroupement avec l’offre TER), Reims-Dijon (suppression). Paris-Troyes-Belfort (réduction de l’offre), Bordeaux-Lyon (transfert sur route).

    Même sur les lignes réputées à « fort potentiel » des tronçons entiers seraient retranchés de l’offre TET ou verraient leurs fréquences réduites:

    Rouen-Le Havre, Amiens-Boulogne, Saint Quentin-Cambrai, Saint Quentin-Maubeuge, Bourges-Montluçon, Limoges-Brive-Toulouse, Paris-Granville, Toulouse-Cerbère, Quimper-Nantes et Bordeaux-Toulouse sur la ligne Quimper-Toulouse, Marseille-Nice sur la ligne Bordeaux-Nice.

    Concernant les trains de nuit, la commission propose le seul maintien (1 desserte quotidienne y compris en pointe saisonnière): Paris-Briançon ; Paris-Rodez/Toulouse-Latour de Carol (à partir de 2017, la ligne sera fermée de nuit pour travaux !). Les liaisons Paris-Hendaye ; Nord-Est-Méditerranée ; Paris-Côte vermeille et Paris-Savoie seraient supprimées.

    Le rapport de la commission s’appuie sur le déficit de l’offre TET (environ 330 Millions d'euros) pour justifier cette casse. Mais à aucun moment, elle ne soulève le manque de financement du système ferroviaire et le poids de la dette qu’il supporte (44 Milliards d’euros) à la place l’Etat.

    Alors que le financement du transport par les administrations publiques est de 49 Milliards d'euros/an, principalement en faveur de la route, personne ne pose la question du déficit du mode routier ! Rappelons que lorsque l’on intègre tous les coûts (accidents, pollution, congestion du réseau…) le train est, de loin, le mode de transport le plus rentable.

    La commission évoque les nécessaires investissements sur le réseau ou encore le matériel roulant, mais sans dire comment tout cela doit être financé et par qui. Sur ce point des financements, elle en reste aux errements actuels qui ne donnent aucunement satisfaction et ne permettent pas la nécessaire modernisation de cette offre ferroviaire. La commission enjoint par contre la SNCF à réaliser des gains de productivité sur le dos des cheminots, de leurs emplois, de leurs conditions de travail et de leurs rémunérations, même si cela joue à la marge.

    Finalement, la vraie justification de ce rapport semble moins résider dans son objet officiel que dans sa dernière partie : précipiter l’ouverture à la concurrence des services ferroviaires de voyageurs.

    Ainsi, la commission souhaite ne pas attendre l’entrée en vigueur du 4ème paquet ferroviaire européen, qui porte une ouverture éventuelle à la concurrence à l’horizon 2019 ou 2022, mais qui est toujours âprement discuté et loin d’être adopté. Le rapport préconise ni plus ni moins qu’une ouverture dès que possible aux opérateurs privés sans attendre cette adoption.

    Cette vision dogmatique ultra libérale devrait pourtant se heurter à la réalité de ce que la concurrence appliquée aux chemins de fer produit. L’exemple du Fret ferroviaire est là pour nous le rappeler. En tout état de cause, la concurrence n’apporte pas de réponses aux causes des difficultés de l’offre TET telles qu’identifiées par la commission elle-même.

    Mais non contente d’ouvrir l’exploitation des lignes à la concurrence, la commission propose aussi de confier la maintenance du matériel roulant aux constructeurs, menaçant ainsi des milliers d’emplois de la fonction Matériel à la SNCF. Là aussi, les arguments employés relatifs aux évolutions technologiques et à la disponibilité du matériel sont infondés et même insultants vis-à-vis de cheminots qui ont su démontrer leur savoir et leur savoir-faire depuis toujours.

    À quelques mois de la tenue de la COP 21 à Paris, ce rapport est aussi un mauvais signal envoyé concernant les enjeux du développement durable. Le gouvernement, commanditaire de ce rapport, ne doit pas mettre en oeuvre ces préconisations mortifères pour le service public et l’entreprise publique déjà affaiblie par la réforme votée l’an dernier.

    La Fédération CGT des Cheminots est disponible à tout moment pour débattre, à l’appui de ses propositions, de l’avenir des TET. La Fédération CGT des cheminots entend alerter les cheminots, les usagers et les citoyens sur ce qui se joue. Elle continuera de les mobiliser largement et les appeler à se faire entendre. Dans cet esprit, elle sera naturellement présente le samedi 13 juin prochain à Guéret (Creuse) pour une grande manifestation de toutes celles et ceux qui ont le service public au cœur.

    La Fédération CGT des cheminots

    Le 26 mai 2015

  • ETAT de SANTE, complémentaire: QUOI de NEUF ?

    Complémentaires santé : quoi de neuf ?

    Cliquer sur le lien:

     

    http://www.lcp.fr/emissions/etat-de-sante/vod/166962-complementaires-sante-quoi-de-neuf

    Avec Frédéric PIERRU sociologue et  politologue

  • GUERET 13 et 14 juin 2015 : Pour la reconquête et le développement des services publics

    A l’appel de :

    Confédération CGT, FSU, Union Syndicale Solidaires, Confédération paysanne, Fédération Autonome de la Fonction Publique Territoriale, UGFF-CGT, Fédération des Services Publics-CGT, FNME-CGT, Fédération CGT Equipement-Environnement, SYAC CGT, CGT Banque de France, FERC-CGT, Fédération CGT des Cheminots, SNA Concurrence Consommation Répression des Fraudes CGT, Syndicat CGT des Finances Publiques, l’Union Fédérale des retraités de la Police nationale CGT, Sud PTT, Sud Rail, Sud-Santé Sociaux, Sud-Santé Solidaires APHP, Solidaires Finances publiques, Sud Collectivités territoriales, Solidaires Douanes, CGT Lille et environs, Sud éducation Limousin, Convergence des Hôpitaux en Lutte contre l’Hôstérité, Coordination Eau Bien Commun France, Coordination Nationale des Comités de défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité, Convergence nationale Rail, Collectif « La santé n’est pas une marchandise », Coordination Eau IDF, Coordination nationale des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception, Fondation France-Libertés, Association d’usagers pour la Défense du Service Public du pays de Luçon, Association de défense des Services Publics et de leurs usagers-Hautes-Alpes, Collectif 37 notre santé en danger, Collectif des résistances en Comminges, Collectif nantais pour le droit à la santé et à la protection sociale pour toutes et tous, Collectif de défense et de développement des services publics (CDDSP) de l’Ardèche, CDDSP Combrailles, CDDSP Corrèze, CDDSP Creuse, CDDSP Hautes Pyrénées, Comité de vigilance pour le maintien des services publics de proximité Lure-Luxeuil (Haute-Saône), Comité Pluraliste de Défense et de Promotion de la ligne SNCF-Béziers-Clermont, comité citoyen de vigilance des services publics Romorantinais, Convergence Services Publics d’Indre et Loire, Mouvement de sauvegarde, de promotion et de démocratisation des services publics en sud gironde, Vivent les services publics Bouches-du-Rhône, Collectif Alternative A l’Austérité, l’Appel des Appels, ATTAC, AITEC, CNAFAL, les Economistes Atterrés, Droit au Logement, Fondation Copernic, Réseau Éducation populaire, Résistance Sociale, UFAL, Union nationale des retraités et des personnes âgées, ANECR, Cap à Gauche en Corrèze, Démocratie et Socialisme, Gauche Avenir, Maintenant la Gauche, Ensemble !, EELV, Gauche Unitaire, Jeunes Ecologistes, Mouvement Jeunes Communistes de France, NPA, PCF, PCOF, PG, République et Socialisme…

    Les services publics sont plus que jamais utiles. La protection sociale joue un rôle majeur d’amortisseur social dans la crise qui nous frappe. Des services publics forts sont indispensables à toute alternative à l’austérité et à tout projet d’avenir, si on veut :

    - Assurer l’accès effectif aux droits, la mise en œuvre des solidarités, une juste répartition des richesses ;
    - Faire prévaloir l’intérêt général, l’égalité des femmes et des hommes et l’Humain sur les intérêts particuliers ;
    - Mettre en œuvre, à l’opposé de l’actuelle réforme territoriale, un aménagement équilibré du territoire, l’égalité des citoyen-ne-s, un renouveau de la démocratie ;
    - défendre, reconquérir, développer la Sécurité Sociale ;
    - Engager sérieusement la transition écologique.

    Or, le gouvernement poursuit la politique de baisse de la dépense publique menée par ses prédécesseurs. Il considère les services publics, nationaux et locaux, ainsi que les droits sociaux comme une charge insupportable. Plutôt que de s’attaquer, pour les financer, à la fraude, à l’évasion fiscale et à la charge indue de la dette, aux profits exubérants des multinationales, des banques, et de procéder à une véritable réforme fiscale, promise mais jamais réalisée, il procède à leur démantèlement en les privatisant et en rognant sans cesse sur leur qualité et leur proximité.

    Aujourd’hui, nous, citoyen-ne-s, élu-e-s, salarié-e-s, usagers-ères, organisations syndicales, associatives et politiques, collectifs et coordinations, appelons à organiser la reconquête des politiques publiques, des services publics et de la sécurité sociale, à renforcer la résistance sociale dans les différents territoires et à la faire converger.

    En mars 2005, après une action symbolique de démission collective des élus une manifestation nationale convergeait à Guéret (Creuse) pour des services publics de proximité, qui assurent l’unité et l’égalité de tous nos territoires. 10 ans après, il est nécessaire de multiplier par 10 l’ampleur de notre action commune.

    TOUTES ET TOUS A GUERET LE 13 JUIN 2015 POUR UNE MANIFESTATION NATIONALE !

    LE 14 JUIN 2015 POUR LE LANCEMENT D’ASSISES NATIONALES ET D’UN NOUVEAU MANIFESTE DU XXIème SIECLE

    www.convergence-sp.org convergenceservicespublics@gmail.com 07 81 58 32 16

  • Réaction de Luc BOURDUGE, membre de la commission Duron, au sujet de l’avenir des Trains d’équilibre du territoire

    4584_Gleise.jpgLuc Bourduge est Vice-Président du Conseil Régional Auvergne en charge des transports et de la mobilité - Groupe Front de gauche

    Danger pour le mode ferroviaire et l’aménagement du territoire

    Membre de la commission sur le devenir des trains d’équilibre du territoire, dite « TET d’avenir », présidée par le Député Philippe Duron, voici les raisons qui m’amènent à ne pas cosigner ce rapport remis ce jour au Ministre des Transports.

    Sur l’ensemble du document, si je partage en grande partie l’analyse de la situation qui amène à un constat accablant du système, suite à des décennies de baisse des moyens pour ce mode transport, il est évident que beaucoup d’autres points m’inquiètent très fortement.

    En tout premier lieu, il est important de rappeler que la mission confiée à cette commission est à intégrer dans le cadre d’austérité voulu par ce gouvernement, avec une seule et unique orientation : la baisse des dépenses publiques, donc la baisse des moyens alloués par l’Etat au déficit du système ferroviaire.

    Si je rajoute à cela la réforme ferroviaire qui ne règle en rien la question des moyens, la baisse de participation de l’Etat dans le volet ferroviaire des Contrats de Projet Etat-Région, la libéralisation des transports par autocars, ce rapport, s’il était repris par le Gouvernement, amènerait à une remise en cause profonde du rôle du ferroviaire dans notre pays et aurait des conséquences fortement néfastes sur l’aménagement du territoire. Je regrette que ce rapport ne préconise pas un redynamisme et un développement du mode ferroviaire au regard des enjeux économiques, sociaux et environnementaux.

    Si le déficit de l’activité ferroviaire est en forte hausse, il est à mettre essentiellement sur la hausse du cout du système qui est supporté par les seuls transporteurs au travers des péages d’accès à l’infrastructure. A ce titre, la France a été pointée du doigt par la commission européenne dans le cadre du débat sur le 4e paquet ferroviaire, ne finançant qu’à 32% le système contre 90% en Suède ou 50% en Allemagne. Seule la Belgique fait plus mal…

    Déficit qui pourrait s’accentuer avec la loi « Macron », la SNCF ayant évalué à 60 millions d’€ le déficit supplémentaire dès la première année !

    Le renforcement de l’offre sur les axes les plus fréquentés tels que Paris-Caen, Paris-Limoges-Toulouse, Bordeaux-Marseille, Nantes-Lyon ou Paris-Clermont ne suffira pas à cacher l’abandon par l’Etat des territoires les plus en difficultés.

    Car la grande majorité des liaisons verra au mieux une réduction importante des services et, au pire, une fermeture pure et simple comme cela est préconisé pour Clermont-Béziers.

    Il est à noter que sur les 6 lignes nationales indispensables pour l’Auvergne, 5 seront supprimées : Montluçon-Bourges-Paris, Clermont-Ussel-Bordeaux, Lyon-Montluçon-Limoges-Bordeaux, Clermont-Beziers, Clermont-Nimes.

    Je rappelle qu’il y a souvent pour ces territoires, une forte imbrication entre l’activité voyageurs et l’activité FRET, donc industrielle. Le retrait de l’Etat sur ces liaisons fragilise l’avenir de celle-ci. C’est le cas sur Clermont-Béziers et pour l’activité industrielle à St Chely d’Apcher (Arcelor Mittal) dont l’alternative routière pour le transport par camion est très limitée.

    D’autre part, la baisse de l’offre réduit les recettes et augmente le déficit du système. La démonstration inverse a été faite dans les régions avec une augmentation des services et donc de l’attractivité. Quid des investissements passés et à venir dans les Contrats de Projets Etat-Région ?

    Depuis de nombreuses années des financements sont mis sur l’infrastructure dans le cadre de contractualisation tripartites Etat - SNCF Réseau - Régions. En Auvergne c’est le cas sur les liaisons Clermont-Béziers, Clermont-Nimes et Bordeaux-Lyon, les Régions Centre et Auvergne ont budgétisées des études pour l’amélioration de la liaison Montluçon-Bourges…que ce rapport préconise de supprimer…

    Quant à l’alternative routière pour le transport des voyageurs, préconisée dans ce rapport, elle n’est pas la réponse apportée aux besoins. L’autocar n’offrira jamais le même service (parcours, points d’arrêts...), tout particulièrement pour les territoires intermédiaires qui seront les plus pénalisés encore une fois. D’ailleurs lors des auditions, nombre d’associations et d’organisations ont démontré que le transfert vers les autocars amenait à une désaffection du transport collectif au bénéfice de la voiture individuelle.

    En tant qu’élu régional, je ne peux accepter les préconisations de la commission, ou plus exactement cautionner les décisions qui pourraient en découler avec un transfert important du nombre des liaisons ou morceaux de liaisons vers les Régions. C’est un désengagement supplémentaire de l’Etat vers celles-ci.

    D’ailleurs c’est une des craintes exprimée par l’Association de Régions de France lors de son audition, excluant tous surcouts supplémentaires liés aux transferts éventuels et aux rabattements à mettre en place avec des suppressions d’arrêts sur les TET restants.

    Un transfert dans la précipitation.

    Il est inconcevable d’envisager que des modifications de grandes ampleurs puissent voir le jour à l’occasion du service annuel 2016 (décembre 2015) !

    La réservation des sillons pour 2016 ne peut qu’être modifiée à la marge. Ce qui signifierait que les services abandonnés » par l’Etat dès la nouvelle convention TET au 1erjanvier 2016 ne seront pas repris immédiatement par les Régions. Si on rajoute à cela les difficultés budgétaires de ces dernières, de là à imaginer qu’ils seraient définitivement supprimés, il n’y a qu’un pas… D’autant plus qu’il sera extrêmement compliqué de mettre autour d’une table plusieurs régions concernées par un transfert, alors qu’avec la réforme elles seront organisées sur un périmètre différent dans quelques mois ! Un débat parlementaire est nécessaire.

    Face à un tel bouleversement proposé, il est indispensable que la représentation nationale soit saisie de ce dossier et puisse apporter son avis sur un enjeu aussi important pour l’aménagement du territoire.

    Luc BOURDUGE

  • CERISES

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    Editoriaux / Culture / Aujourd'hui

    Cannes, épicentre des extrêmes

    Soirées VIP, acteurs bankables, entertainment tout puissant, obscénité de l'argent coulant à flot : à Cannes, semble-t-il, seul le tapis est rouge.
    Le cinéma est une industrie du divertissement et de l'imaginaire. Le long glissement vers une domination sans faille des producteurs sur les réalisateurs se conforte chaque année. Cette emprise a un impact certain sur les contenus, sur le dénouement des histoires et les thèmes des productions. Cet empire est politique dans sa fondation même. L'imaginaire est l'espace par essence de la lutte des classes. Les films catastrophes, guerriers ou de science fiction suscitent un sentiment d'instabilité permanente, un désir d'ordre et de sécurité. Le récit de la vie des stars cloue l'émancipation sur le mur des "génies" purs et de vies intimes à convoiter...

    La France a cette curieuse exception d'être au cœur de cet empire sans être jamais sous sa totale emprise. La fondation du festival de Cannes doit beaucoup à la CGT et au PCF. Le CNC, l'intermittence et les multiples mécanismes de solidarité maintiennent une production indépendante et puissante. Sa diffusion, qui profite de la caisse de résonance du festival, est ample et structurée. Les films français, ou co-produits par des fonds français, sont souvent un antidote sensible à la machine hollywoodienne. Les réalisateurs de ce cinéma indépendant ne limitent pas leur champ de création et, chaque année, ils sont nombreux à investir des sujets sociaux ou politiques. À Cannes, il y a la terre entière, le récit de notre monde qui tombe et des mots qui aident à vivre debout.

    Le cinéma et tous les arts vivants sont comme les conteurs de notre mondialité. Ils nous aident à donner sens à cette complexité sans fin, de l'intime et du commun. Cannes pourrait redevenir cet espace de dialogue poélitique mondial si strass et paillettes, argent et médiocrité cessaient de dominer les flux médiatiques. Redonnons la parole aux créateurs, provoquons des rencontres entre artistes, militants, intellectuels... L'art est un fait social. L'imaginaire a sa place dans la construction du réel.

    Au cœur de ces enjeux, qu'apportent les déclarations de Manuel Valls ? S'il est effectivement grand temps de ré-augmenter le budget de la culture, où sont les priorités politiques : développement des marchés ou émancipation humaine ? Alors que partout en France, festivals et théâtres paient le prix fort des baisses de dotation aux collectivités, qui croira qu'une campagne de communication cannoise suffit à inverser la courbe de cette disparition lente d'une exception culturelle enviée dans le monde entier ?

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