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ENSEMBLE 05 - Page 661

  • L'INTERVIEW de Jacques Valat / président de la société Extruflex


    "ON ESSAIE DE S'EN SORTIR AVEC NOS MOYENS"

    Le PDG reproche aux syndicats et à la presse de vouloir faire d'Extruflex le feuilleton industriel de l'été.


    Quelles sont les difficultés rencontrées aujourd'hui par Extruflex? Depuis 2004, le prix des matières premières a été multiplié par deux et cette hausse n'a pas été répercutée sur un marché déstabilisé par la concurrence chinoise. Les taxes locales ont aussi augmenté. Malgré tous nous sommes parvenus à maintenir notre position. La baisse des ventes de 30% à partir d'octobre 2008 a porté un coup terrible à notre activité.


    Pourquoi, au lieu de licencier, n'avez- vous pas fait appel au Fonds d'intervention sociale mis en place par l'État? Comme aucune procédure d'urgence n'a été entreprise et que les comptes de l'usine sont saints, nous n'avons droit à aucune aide. Par ailleurs nous n'avons pas besoin d'un soutien conjoncturel, mais d'une reprise des commandes. Il y a 5 ans, quand tout marchait pour le mieux, j'avais prévenu les pouvoirs publics. Mais le coup de main n'est pas venu, la transformation de la zone en franchise non plus. Après 2 ans de négociations, le projet de construction de bâtiments neufs n'a jamais abouti. Ce qui nous a obligés de construire une usine en Chine. Aujourd'hui on essaie de s'en sortir avec nos moyens.

    N'est-il pas paradoxal de réduire les effectifs et de parler de production à haute valeur ajoutée? Le nombre de salariés n'est pas en relation avec la qualité mais avec le volume de la production. Mieux vaut produire moins et vendre plus cher. Les ouvriers qui restent savent faire fonctionner les machines.


    Qu'en est-il des salaires qui n'ont pas été augmentés depuis 4 ans, avec des ouvriers marchant au rythme des 3/8 et payés 1300€ nets par mois? Soit on parle des problèmes économiques de l'entreprise et de la manière de la sauver, soit on parle de revendications salariales. Les deux sujets n'ont rien à voir. Je sais que la situation est difficile mais certains exercent 2 métiers. Si nous arrivons à produire ces marchandises qui peuvent pérenniser l'entreprise, je promets d'étudier la question des salaires en fonction des moyens dont nous disposeront. Le rendez-vous est donné au mois de novembre.
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    LES REACTIONS

    Michel Frison, maire de La Roche-de-Rame: "Je réfute les propos de Jacques Valat au sujet de l'inaction des collectivités. En 2002, nous avons travaillé avec la préfecture pour aider le PDG à moderniser l'usine. Nous avions obtenu des subventions et un permis de construire. En 3 mois le dossier administratif avait été monté, mais la société a choisi d'investir en Chine, démontrant sa volonté de ne pas fidéliser l'emploi à long terme. Nous voulons bien être partenaire du développement de l'entreprise, encore faut-il que les propositions ne relèvent pas du chantage. Nous serons toujours dans l'incapacité de nous aligner sur des opportunités telles que les patrons d'industrie en trouvent dans les pays de l'Est ou en Chine."

    Martine Hervé, secrétaire de l'Union départementale CGT: "Le PDG d'Extruflex a appliqué des solutions libérales classiques dans lesquelles les salariés sont toujours sacrifiés. Alors même que l'on observe des écarts de salaire dépassant les 3000 € entre les cadres administratifs et les ouvriers."

    Un salarié: "C'est difficile de voir partir les copains avec qui on travaille depuis 20 ans. En licenciant, le patron nous a tiré une balle dans le pied. Si l'activité repart on y arrivera pas. Il suffirait qu'un mec tombe malade pour qu'on soit forcé d'arrêter les machines. Certains se sont même vus refuser des congés au mois d'août. Au moindre problème on n'hésitera pas à se mettre devant le portail."
    Par Tanguy Cohen ( gap@laprovence-presse.fr )

  • Le patron d'Extruflex conteste les propos avancés par la CGT

    Publié le vendredi 11 septembre 2009 à 06H05
    Extruflex.JPG
    Les salariés ont rendez-vous demain pour tester la réalité des engagements pris par le PDG


    Le 17août, pour protester contre 8 licenciements économiques, les "Extruflex" avaient cessé le travail deux jours. Demain, ils se rencontreront pour faire le point sur le versement des primes de départ et l'état des relations entre la direction et les employés.

    Ph T. Co.

    Les salariés d'Extruflex La Roche-de-Rame ont rendez-vous demain pour faire le point sur les engagements pris par leur PDG, quatre semaines après le débrayage consécutif au licenciement économique de huit employés de l'usine.

    La CGT, conviée à cette rencontre, malgré l'absence de représentant syndical parmi le personnel, devrait dévoiler le rapport réalisé par un expert-comptable indépendant concernant la situation financière de la holding propriétaire du site, sur la base du bilan communiqué par la direction.

    Le texte met en avant des résultats 2008 supérieurs à ceux de l'année précédente (4672000€ contre 4647000€ en 2007) mais s'interroge sur la progression des frais financiers (296000€ en 2007 contre 796000 € en 2006), alors que la dette de la société rochonne n'a pas évolué. L'expert pointe du doigt "la situation des opérations effectuées avec les entreprises liées", émettant l'hypothèse d'éventuels transferts des résultats positifs de la SN Roche-de-Rame vers d'autres sociétés en difficulté. Soit "un abandon de créances 800 000 €" au profit d'une filiale britannique.

    S'appuyant sur ce rapport, la CGT, par l'intermédiaire de Martine Hervé, secrétaire de l'Union départementale, se demande si "les salariés de l'usine haut-alpine ont payé les dettes contractées par le groupe à l'étranger." "Ridicule", rétorque le PDG, Jacques Valat. "Nous n'avons jamais eu de dettes en Angleterre, et si les deux usines ont été fermées, c'est pour ramener leurs volumes de production vers La Roche-de-Rame.

    C'est en partie grâce à cette opération que le site fonctionne aujourd'hui." Pour le chef d'entreprise, les huit licenciements sont la conséquence directe d'une baisse des commandes à hauteur de 35%. "Nous avons dû réajuster le personnel aux ventes. Mais avant d'en arriver là, les actionnaires et moi-même avons supporté des pertes importantes. En janvier, je suis allé jusqu'à injecter des fonds propres pour préserver l'emploi", rappelle-t-il.

    Un discours qui ne convainc pas tous les salariés, marqués par le renvoi de leurs collègues et inquiets pour l'avenir de leur boîte suite à l'option prise, il y a cinq ans, de délocaliser une partie de la production du groupe en Chine. "On profite de la crise pour se débarrasser du personnel. Le jour où la Chine saura faire ce qu'on fait, l'usine fermera", s'insurge l'un d'entre eux, préférant conserver l'anonymat.

    Une rumeur vivement contestée par Jacques Valat: "Il n'est pas question de fermeture. Les deux sites sont complémentaires. La production chinoise, concentrée sur des produits de catégorie standard, nous a permis pour l'heure de conserver nos parts de marché en Europe. Le but est de maintenir l'activité à La Roche-de-Rame en l'orientant vers la fabrication de marchandises à haute valeur ajoutée. Si ces dernières peuvent être livrées en trois semaines, nous aurons gagné la partie."

    Autant d'objectifs rassurants qui ne permettront à la manufacture de trouver un second souffle que dans le cas d'une adhésion collective des ouvriers à ce projet. En espérant qu'au final leurs efforts soient récompensés.

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    CARTE D'IDENTITE

    La société Extruflex est leader mondial dans un secteur considéré comme une niche industrielle: la production et la commercialisation de lanières et panneaux en PVC plastifié. L'entreprise, qui n'est ps cotée en bourse, emploie une centaine de salariés en Europe et en Chine. Elle écoule ses marchandises dans 74 pays à destination des fabricants de portes industrielles. Un secteur durement touché par la crise en raison notamment du ralentissement des activités liées à la construction de bâtiments.