"ON ESSAIE DE S'EN SORTIR AVEC NOS MOYENS"
Le PDG reproche aux syndicats et à la presse de vouloir faire d'Extruflex le feuilleton industriel de l'été.
Quelles sont les difficultés rencontrées aujourd'hui par Extruflex? Depuis 2004, le prix des matières premières a été multiplié par deux et cette hausse n'a pas été répercutée sur un marché déstabilisé par la concurrence chinoise. Les taxes locales ont aussi augmenté. Malgré tous nous sommes parvenus à maintenir notre position. La baisse des ventes de 30% à partir d'octobre 2008 a porté un coup terrible à notre activité.
Pourquoi, au lieu de licencier, n'avez- vous pas fait appel au Fonds d'intervention sociale mis en place par l'État? Comme aucune procédure d'urgence n'a été entreprise et que les comptes de l'usine sont saints, nous n'avons droit à aucune aide. Par ailleurs nous n'avons pas besoin d'un soutien conjoncturel, mais d'une reprise des commandes. Il y a 5 ans, quand tout marchait pour le mieux, j'avais prévenu les pouvoirs publics. Mais le coup de main n'est pas venu, la transformation de la zone en franchise non plus. Après 2 ans de négociations, le projet de construction de bâtiments neufs n'a jamais abouti. Ce qui nous a obligés de construire une usine en Chine. Aujourd'hui on essaie de s'en sortir avec nos moyens.
N'est-il pas paradoxal de réduire les effectifs et de parler de production à haute valeur ajoutée? Le nombre de salariés n'est pas en relation avec la qualité mais avec le volume de la production. Mieux vaut produire moins et vendre plus cher. Les ouvriers qui restent savent faire fonctionner les machines.
Qu'en est-il des salaires qui n'ont pas été augmentés depuis 4 ans, avec des ouvriers marchant au rythme des 3/8 et payés 1300€ nets par mois? Soit on parle des problèmes économiques de l'entreprise et de la manière de la sauver, soit on parle de revendications salariales. Les deux sujets n'ont rien à voir. Je sais que la situation est difficile mais certains exercent 2 métiers. Si nous arrivons à produire ces marchandises qui peuvent pérenniser l'entreprise, je promets d'étudier la question des salaires en fonction des moyens dont nous disposeront. Le rendez-vous est donné au mois de novembre.
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LES REACTIONS
Michel Frison, maire de La Roche-de-Rame: "Je réfute les propos de Jacques Valat au sujet de l'inaction des collectivités. En 2002, nous avons travaillé avec la préfecture pour aider le PDG à moderniser l'usine. Nous avions obtenu des subventions et un permis de construire. En 3 mois le dossier administratif avait été monté, mais la société a choisi d'investir en Chine, démontrant sa volonté de ne pas fidéliser l'emploi à long terme. Nous voulons bien être partenaire du développement de l'entreprise, encore faut-il que les propositions ne relèvent pas du chantage. Nous serons toujours dans l'incapacité de nous aligner sur des opportunités telles que les patrons d'industrie en trouvent dans les pays de l'Est ou en Chine."
Martine Hervé, secrétaire de l'Union départementale CGT: "Le PDG d'Extruflex a appliqué des solutions libérales classiques dans lesquelles les salariés sont toujours sacrifiés. Alors même que l'on observe des écarts de salaire dépassant les 3000 € entre les cadres administratifs et les ouvriers."
Un salarié: "C'est difficile de voir partir les copains avec qui on travaille depuis 20 ans. En licenciant, le patron nous a tiré une balle dans le pied. Si l'activité repart on y arrivera pas. Il suffirait qu'un mec tombe malade pour qu'on soit forcé d'arrêter les machines. Certains se sont même vus refuser des congés au mois d'août. Au moindre problème on n'hésitera pas à se mettre devant le portail."
Par Tanguy Cohen ( gap@laprovence-presse.fr )