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ENSEMBLE 05 - Page 2

  • Voter « la censure », avec le Rassemblement national ?

    Comment détourner des mobilisations annoncées et en cours de préparation ? On connait la méthode : dramatiser des événements parlementaires ou des « faits divers ». Un vote en commun du RN et du NFP à l’Assemblée ? Ramenons aux questions réelles : le Nouveau Front Populaire et les mobilisations.

    Voter « la censure », avec le Rassemblement national ?

    Par Pierre Cours-Salies. Le 22 novembre 2024.

    Nous participons au NFP. Nous devons donner notre avis à ce sujet, fournir une réponse simple. Pas d’hésitation contre le texte gouvernemental, maintien des exigences qui se sont fait entendre.

    Pour ne pas être dépendant d’une Marine Le Pen, il faut rejeter le chantage qu’elle met en place. Elle se prend pour la gendarme de l’Assemblée nationale. Un vrai théâtre de Guignols si on la laisse faire.

    Une simple revue de la presse de droite – celle non soumise à Bolloré et Stérin (les deux milliardaires catholiques qui veulent contrôler tous les médias) – est intéressante. L’Opinion, sur deux jours (18 et 19 novembre) trace le tableau.

    « Michel Barnier rattrapé par le RN. Lassé de jouer les seconds rôles, le Rassemblement national hausse une énième fois le ton sur le vote d’une motion de censure. Le gouvernement commence à prendre ces menaces au sérieux. Pourquoi ? […] Qu’ils ne se sentent pas considérés n’est pas du bluff. Cela correspond à un vrai sentiment. […] Sur le terrain, ses troupes n’ont rien à revendiquer auprès de leurs électeurs. Dans l’hémicycle, elles se sentent ignorées, voire méprisées par le groupe central, lors des débats budgétaires ou à l’occasion de leur niche parlementaire ».1

    Sur ce terrain fertile à la colère sont venues s’écraser les réquisitions du procès des assistants parlementaires.

    Ainsi, le conseiller de Marine Le Pen, Philippe Olivier, juge désormais la censure inévitable : « Je suis contre l’acharnement thérapeutique […]. Si les choses ne tournent pas comme elle l’espère, Marine Le Pen pourrait vouloir reprendre la main avec une motion de censure ». Dans le seul but de déstabiliser autant que possible le gouvernement.  Elle espère pouvoir utiliser la motion de censure de la gauche, après un 49.3 : « rejet d’un budget si le pouvoir d’achat des français est amputé » (BFM, 20 nov.). Elle fait semblant de croire pouvoir s’appuyer sur une symétrie à gauche, un complément prêt à lui rendre service.

    « Dimanche 17 novembre, dans l’émission « Dimanche en politique » sur France 3, Jean-Luc Mélenchon a pronostiqué la chute du gouvernement Barnier « entre le 15 et le 21 décembre » à l’issue de la séquence budgétaire. « Jusqu’à ce que le chef de l’État décide de s’en aller, il faudra choisir un nouveau chef de gouvernement », a-t-il ajouté dans l’espoir d’une présidentielle anticipée avant 2027. ».2.

    Voilà comment Marine Le Pen serait à nouveau metteuse en scène du théâtre politique, malgré tout ce qui l’affaiblit ! Du moins, elle l’espère.

    Ces jeux parlementaires sont compliqués, pour les député·es. Et surtout pour le plus grand nombre des habitant·es de notre pays.

    Avoir une réponse simple, est-ce si difficile ? Même si Le Pen et le RN pensent fortement que « la gauche est assez bête » et va leur passer les plats ? Pour ne pas être dépendant·es d’une Marine Le Pen, il faut refuser le chantage qu’elle met en place !

    Pour cela, il suffirait de dire, par exemple, dans un texte de rejet du budget après un 49.3 : « Nous appelons à censurer ce texte qui ouvre la voie aux orientations essentielles du RN. Au nom du souverainisme et de la Préférence nationale, le RN veut faire semblant d’augmenter les salaires en pillant encore plus l’ensemble des dispositifs de Protection sociale. Il ne veut surtout pas de vraies mesures de socialisation et répartition des richesses. Nous rejetons et appelons à rejeter ce projet gouvernemental comme nous rejetons les projets du RN. »

    Le RN hurlerait autant qu’il veut ! Marine Le Pen se la joue au gendarme du théâtre de Guignol. Il lui restera son sabre de bois. Avec un tiers des député·es, comment le RN aurait-il la majorité ?

    Déjouer ce piège serait un appui aux batailles contre le racisme et les mensonges réactionnaires du RN et ses alliés.

    La clarté est, avant tout, nécessaire pour faire réussir le Front Populaire et développer les mobilisations. Le NFP pourrait ainsi écrire par exemple :  « Nous votons contre les mesures du gouvernement parce qu’elles font le jeu du Rassemblement national. Notre opposition signifie clairement le rejet de cette force politique réactionnaire qui s’efforce de développer le racisme pour éviter que tout·es les habitant·es de notre pays aient les mêmes devoirs et les mêmes droits. Notre but est de combattre tout ce qui s’oppose aux droits démocratiques, et donc le Rassemblement national ».

    Le choix est simple et permettrait d’alimenter les discussions dans des groupes de base du Front populaire : face à un gouvernement clairement minoritaire…

  • La fuite en avant de Netayahou vers la guerre totale

     

    Après les attaques à l’aide de bipeurs et de talkies-walkies piégés qui ont visé des membres du Hezbollah, l’État hébreu lance, depuis le 23 septembre, des vagues successives de frappes aériennes sur le Liban. Le bilan est terrible. Les autorités libanaises font état de 558 morts dont 50 enfants et 94 femmes. Des dizaines de milliers de personnes ont fui les bombardements.

    Après les massacres perpétrés à Gaza et les attaques à répétition en Cisjordanie, le gouvernement israélien se lance dans une escalade qui inquiète les instances internationales. Cette guerre totale cache mal l’absence, tout aussi totale, de perspectives politiques « avouables » du Premier ministre et de ses alliés d’extrême droite, la guerre étant le moyen de survie politique de Netanyahou dans une société israélienne très fracturée.

    On voit se dessiner la stratégie habituelle du gouvernement Netanyahou : lors de chaque épisode aigu du conflit, aller le plus loin possible dans les massacres et conquêtes. Puis les gérer dans un silence relatif (on sait que pour trop de médias occidentaux, la région est « calme » tant qu’il n’y a pas de morts israéliens)… jusqu’à la prochaine explosion.

    Aussi est-il probable qu’une guerre avec plus ou moins d’intensité et d’occupation perdure encore dans toute la région pendant « un certain temps », au moins jusqu’à l’élection présidentielle aux États-Unis.

    Deux faits peuvent toutefois venir perturber quelque peu cet agenda. D’une part, la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU (malheureusement non contraignante) votée par 124 voix — dont la France — contre 14 et 43 abstentions. Elle appelle à la fin de l’occupation israélienne de tous les territoires palestiniens dans les « 12 mois ». D’autre part, l’inculpation – imminente semble-t-il – des génocidaires Netanyahou et Galant, par la CPI.

    ENSEMBLE! appelle à une réaction unitaire la plus large possible pour obtenir un cessez-le-feu global dans la région.

    Dans les circonstances actuelles, ENSEMBLE! s’associera à toutes les initiatives pour :

    • soutenir la demande de condamnation d’Israël par le conseil de sécurité

    • obtenir la suspension de l’accord de coopération UE-Israël

    • poursuivre la campagne BDS ciblant les banques soutenant Israël

    • exiger que les gouvernements français et européens cessent toute aide matérielle ou économique à Israël comme l’a demandé la CIJ.

    Bagnolet, le 24 septembre 2024
    ENSEMBLE!
    Mouvement pour une Alternative de Gauche Écologiste et Solidaire

  • 21 septembre

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  • À gauche, démocratiser la démocratie

    Eugène BÉGOC nous invite à nous préparer à un scrutin présidentiel anticipé. Il dénonce l’absence de renouvellement des pratiques au sein de la gauche. Pour lui, il n’y a pas de choix : le temps est venu de la démocratie active. Dans chaque circonscription, il faut construire des assemblées citoyennes.

     

    Par Eugène Bégoc. Le 22 juillet 2024.

    Réminiscence italienne

    Personne n’a oublié comment le naufrage du seul parti admis à gouverner l’Italie – la Démocratie italienne – propulsa Berlusconi, ardent défenseur des multinationales de la plate-forme Italie.

    Voilà que la copie française – façonnée par le naufrage de l’UMP-LR et du Parti Socialiste – subit à son tour la sanction des marchés : les activistes du néo-capitalisme chassèrent Berlusconi en 2011, dix-huit ans après le lancement de Forza Italia. Huit ans seulement après les débuts d’En Marche, voilà Macron empêché comme le fut Berlusconi.

    La gauche syndicale, politique, associative, bref, nous – le peuple de gauche – avons à nous préparer à un scrutin présidentiel anticipé.

    Où en est-on ?

    Or, où en est-on ? Les 9 et 30 juin ont été investies du vote pour ou contre Macron. Le 7 juillet a permis de voter pour ou contre Le Pen, comme vingt-deux ans plus tôt le référendum anti-Le Pen du 5 mai 2002. Et ce 7 juillet, le Rassemblement – Front National a définitivement perdu son vernis de normalisation.

    Rien n’y a fait : ni la substitution laborieuse d’une femme du clan au tortionnaire d’Alger, ni l’appétence croissante de hauts fonctionnaires privés autant que publics pour un parti à plusieurs millions de voix, ni le fatalisme montant dans la société et la demande corrélative d’un ordre perdu à rétablir, ni même le défi ouvert des Bolloré et Stérin (Pierre-Édouard) à la réglementation de la presse et du pluralisme.

    Il est indubitable que les 9,8 millions d’électrices et d’électeurs de gauche du premier tour des élections législatives partagent un large socle d’engagements et de convictions.

    Un vote de ressentiment

    Il est tout aussi indubitable qu’à l’opposé, les 9,4 millions de votant·es Bardella partagent exclusivement des ressentiments. Ne les relient qu’une même croyance dans le fantasme du recours à la femme ou l’homme « à poigne ». Ne les engage que le même renoncement à faire acte de citoyenneté par eux-mêmes, empressés qu’ils sont à déléguer leur protestation à cet obscur clan Le Pen.

    Un vote barrage
    No Pasaran ! © thierry Ehrmann

    No Pasaran ! © thierry Ehrmann

    Que reste-t-il du barrage de 2002 ? À partir du panel de 10 000 sondé·es suivi pendant plus d’un an par les équipes du CEVIPOF, du Monde et d’Ipsos-Sopra-Seria, Anne Muxel (CNRS et CEVIPOF) a établi que le 7 juillet deux tiers des électrices et électeurs de gauche ont voté macroniste quand le macroniste affrontait un lepeniste.

    Le message adressé par le peuple de gauche aux votant·es Le Pen du 30 juin est sans ambiguïté : « le F-RN n’a rien d’un parti comme les autres. »

    De fait, l’indignation de la présidente du groupe des 120 député·es F-RN contre la non-reconduction des accords Chenu-Braun-Pivet ne suscite qu’un écho médiatique national modéré et un silence discret de la presse quotidienne régionale, laquelle prend la mesure depuis des années des limites des votes et des manifestations de « ressentiments ».

    Le danger vient des droites

    Le danger vient avant tout des droites donc, de leur propension à abuser leurs électorats naturels, à les pousser toujours plus à droite plutôt que de les défendre contre la concentration du capital et plutôt que de s’attacher à résoudre les inadaptations de l’enseignement et des qualifications aux mutations sociales et sociétales.

    Ciotti – Wauquiez concurrencent les invectives de Le Pen et consorts et s’attachent à la valeur travail, contre la « culture de l’assistanat ».

    Macron leur a offert une énième loi de disruption contre les droits fondamentaux des étranger·ères, avant de partir en campagne pour renvoyer dos-à-dos lepenistes et mélenchonistes, qualifiés pour l’occasion d’extrémistes.

    Son résultat est d’avoir divisé par deux la taille du groupe des député·es LR qu’il entendait soumettre et d’avoir aussi réduit de moitié son propre groupe à l’Assemblée.

    Un déclin de la gauche

    Reste que ce moment « ni droite ni gauche » des Macron et autres n’a été possible que parce que Valls-Hollande-El Khomri ont mis l’électorat de gauche à un étiage incroyablement bas. Un·e inscrit·e sur cinq !

    À la mort lente du pompidolisme revisité par Chirac s’est ajouté le hara-kiri de l’homme de Corrèze, personnage prompt à s’incliner, depuis le PC pour l’Outre-mer à Oissel jusqu’au parking des Goodyear amiénois en 2012.

    L’inaptitude des Mitterrand, Charasse ou Germon à concevoir le pluralisme et le mouvement social en actes hypothèque toujours l’avenir de leurs héritiers, de Hollande comme de Mélenchon. Or, les décrépitudes des deux partis de l’alternance de la cinquième République ne doivent rien au hasard.

    Des partis de gouvernement déconsidérés
    • Premier facteur : le scrutin uninominal à deux tours est exagérément réducteur dans les préparations individuelles et collectives du vote (« au premier tour, on choisit ; au second, on élimine »).

    De plus, il est instable dans les résultats : « majorités godillots » au lendemain des grandes peurs du bourgeois comme en juin 68 et moment « ni droite, ni gauche » de 2017.

    Ce mode de scrutin distingue le cas français de toutes les démocraties électorales du continent, il n’a plus cours qu’en France.

    • Deuxième facteur : le modèle étatique français est un modèle usé et qui ne s’exporte plus depuis des décennies.

    L’État reste centralisateur et incapable de transversalité. Le délibératif y reste, à tous les niveaux, écrasé par l’exécutif. Le gouvernement shunte systématiquement les assemblées politiques régionales, départementales et municipales.

    Le triptyque préfet, directeur de l’agence régionale de santé et recteur tente toujours de perpétuer l’opérationnalité du modèle de hauts fonctionnaires rendus omniprésents et omniscients par un exécutif parisien omniprésent et omniscient.

    Cet État post-napoléonien là était hier loué à l’extérieur. Aujourd’hui, il n’est plus qu’anachronique.

    • Troisième facteur : à droite, il peut y avoir dans l’élection qui vient un homme à la hauteur de la situation.

    À gauche, ce ne sera manifestement pas le cas, et c’est heureux.

    Vouloir, à la suite de Mitterrand, gouverner avec deux-cents hauts fonctionnaires comme ose le prétendre Mélenchon est une pure sottise.

    Il est par ailleurs vrai qu’aujourd’hui nombre de député·es de gauche et écologiste recrutent par petites annonces des chef·fes de cabinet et des directrices/directeurs de cabinet, singeant la formation des cabinets des ministres techniques de Debré et Pompidou, ou encore le futur maire de Massy en Essonne, Claude Germon en 1974.

    « Ma petite entreprise ne connait pas la crise », comme le souligne Bashung et comme le revendique le clan Melenchon à la tête d’un trésor financier constitué du temps du Front de gauche et maintenant à la tête d’une armée de collaborateurs d’élu·es.

    « Ma petite entreprise ne connait pas la crise » plastronnent-ils. Mais il n’en va pas de même de vous ou de moi.

    Une gauche qui ne renouvelle pas les pratiques

    Certes, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

    Et, pendant l’immense mouvement contre la casse des retraites, croyez-vous que les cent cinquante député·es de gauche auraient demandé à être auditionné·es par les assemblées régionales, départementales et municipales ? Croyez-vous qu’ils auraient rencontré les CSE des PME et PMI comme des grands groupes ? Croyez-vous qu’ils auraient complété l’action de l’intersyndicale en démocratisant ainsi la démocratie ?

    Une fois encore, les mélenchonistes ont prétendu se hisser à la tête du mouvement social avant, confrontés à l’impuissance du léninisme en 2024, de se réfugier sur l’aventin pour reprendre le cri de Hessel, « indignez-vous ».

    L’absence d’ambition de renouvellement des pratiques est criminelle pour la gauche, surtout quand elle se redouble de cette suffisance des « communicants » de toutes sortes qui peuplent les rangs des représentant·es de gauche au Palais Bourbon.

    Le temps de la démocratie est venu

    Tout cela ne vous laisse et ne me laisse pas beaucoup de choix : le temps est venu de la démocratie active à gauche.

    Démocratie active dans les syndicats.

    Démocratie active et initiatives collectives pour les droits fondamentaux et mettre en œuvre la clause des salarié·es européen·nes les plus favorisé·es (conventions collectives, formations continues, reconversions, minima sociaux…).

    Démocratie active dans les formations politiques, aussi déchirées soient-elles que par exemple le Parti socialiste de 2024, écartelé entre Hollande et les authentiquement à gauche, les Faure et autres.

    Démocratie active et initiatives collectives pour renouveler l’ambition d’un communisme à usage immédiat, d’un communisme d’autogestion.

    Démocratie active dans chaque circonscription, avec les candidat·es NFP élu·es et non élu·es, ASSEMBLÉES CITOYENNES dans chacune des 577 circonscriptions.

    Une fois pas deux

    M’sieur Macron, les jésuites de votre lycée La Providence vous ont trop habitué à vous reposer sur la providence. Funeste erreur qui vous prédispose à aller d’échec en échec quand le vent tourne.

    Votre Waterloo aura été d’envoyer Attal sur le front ouvert par la FNSEA.

    Nous, nous préparons l’avenir face à vos ralliements des néoconservateurs qui sont à l’offensive dans toute l’Europe, l’Asie et les Amériques. Nous voulons une autre Europe et nous agirons inconditionnellement aux côtés du peuple kanak et aux côtés des gauches ukrainiennes et palestiniennes confrontées au terrorisme d’États qui ne suscitent que de loin en loin vos communiqués d’indignation.

    Ne nous laissons pas prendre à revers comme au soir du 9 juin !