A propos du débat d’orientation budgétaire.
Suite à cette présentation des orientations budgétaires pour 2016, que nous avons étudiées avec la plus grande attention, notre groupe tient à faire quelques remarques :
La première est que, sans surprise, ce budget sera inscrit sous le signe de la rigueur.
Si on peut se satisfaire d’une maîtrise raisonnée et raisonnable des dépenses, on ne peut pas cautionner des choix économiques qui auront un impact direct, d’une part sur les conditions de travail des employés municipaux et par conséquent sur la qualité du service rendu aux gapençais(es) et d’autre part sur l’aide sociale apportée aux personnes les plus en difficulté.
Nous avons donc choisi de développer deux exemples :
En premier lieu, concernant la masse salariale, ce que vous considérez comme « une bonne gestion des emplois et des remplacements dans le but de contenir les dépenses » et qui se traduit par une limitation de l’augmentation de la masse salariale, (en clair, pas de recrutement et faible taux de remplacement des départs à la retraite) conduit en réalité à l’étranglement des services et à la dégradation des conditions de travail. Si nous bénéficions encore d’un service public municipal c’est grâce au travail remarquable des agents et à leur implication, maintenue jusqu’à présent, mais jusqu’à quand ?
Deuxième point, dans le domaine des subventions aux associations : Environ 300 associations ont bénéficié de subventions municipales dont 5, 64% qui agissent dans le domaine social, or vous annoncez une baisse de 10% du montant des subventions sans tenir compte ni des situations particulières, ni des besoins de la population qui restent importants dans une période où la précarité s’accroît, où les difficultés pour faire face aux dépenses courantes sont plus aigües pour un nombre croissant de personnes. Pour preuve : la délibération n° 12 où il est noté une augmentation de 51% du nombre de clients qui ont bénéficié du tarif de 1ère nécessité EDF, en 2015 soit 1566 usagers.
Par ailleurs, après les événements tragiques que notre pays a traversés, jamais le besoin de lien social n’a été aussi fort. Nous vous demandons donc de revoir votre position et de ne pas diminuer le montant des subventions pour les associations qui œuvrent dans le champ social et solidaire. Pour les autres, plutôt qu’une baisse de 10% « à l’aveugle », il faudrait examiner chaque situation afin ne pas mettre en péril l’activité des plus fragiles.
Ces orientations budgétaires nous ont aussi amenés à nous poser une question, et non des moindres : une commune a-t-elle pour vocation de faire de l’argent avec de l’argent ?
Nous avons relevé que, je cite : « dans le but d’une optimisation de la gestion de la trésorerie qui se traduira par des recettes supplémentaires » vous avez acquis 8 millions de parts sociales à la Société Locale d’Épargne des Hautes Alpes, pour valoriser un excédent de trésorerie. (Je rappelle que notre groupe avait voté contre ce placement) Cet argent sera donc immobilisé alors qu’il pourrait servir à améliorer la qualité de vie des gapençais(es) et ceci alors que le dynamisme démographique de la commune se poursuit avec une population qui augmente 3 fois plus vite que la moyenne régionale.
Quelle optimisation que celle du bas de laine ! Placer les recettes excédentaires plutôt que les utiliser au profit du développement économique de la ville ou pour améliorer les infrastructures, les services, le cadre de vie c’est avoir une notion uniquement comptable des besoins d’une ville en devenir.
Ainsi, en conformité avec ce que vous préconisez : « faire plus et mieux avec moins », nous constatons que vous avez décidé de faire plus dans la finance en augmentant l’épaisseur du matelas monétaire de la commune, avec moins de services favorables à la population.
Nous pensons que l’argent public doit être investi dans des projets d’avenir dynamiques, qui profiteraient au plus grand nombre, et qu’il ne doit pas être thésaurisé avec pour seule ambition une rentabilité financière limitée, à court terme. Nous pensons que l’argent public doit être utilisé pour faire des investissements, en particulier dans le domaine économique et social.
Pour terminer, nous aborderons le Plan Pluriannuel d’Investissement 2016/2020 que nous appelions de nos vœux depuis longtemps, d’ailleurs, et qui a vu le jour… enfin… (Grâce à la loi)
En particulier, nous avons apprécié les titres :
-Le premier : Gap, « ville d’avenir »,
Mais nous avons été surpris de trouver dans cette rubrique le parking de Bonne qui n’est pas, selon nous, un projet d’avenir digne du XXI° siècle, encore moins après la conférence sur le climat qui s’est tenue à Paris en décembre dernier. Nous nous sommes déjà exprimés à ce sujet et nous y reviendrons au cours de ce conseil quand il sera abordé, au risque d’une, je vous cite, « perte de temps ». Ce sont les mots que vous avez employés dans le Dauphiné Libéré du 10 février.
Mais est-ce une perte de temps que de ne pas se lancer à marche forcée dans une construction qui impactera durablement non seulement le visage de notre centre-ville mais aussi la manière dont nous y circulerons demain? Est-ce une perte de temps que de prendre celui de la concertation ? Est-ce une perte de temps que de prendre celui du débat démocratique et contradictoire ? Ceux qui le pensent se coupent de l’expression collective et citoyenne, ce qui n’est pas toujours sans conséquence…
D’autre part, pour concevoir et construire un avenir cohérent pour notre ville, il aurait sans doute été judicieux d’actualiser le PDU (Plan de Déplacement Urbain) avant de lancer ce chantier fortement contesté et contestable au regard des problèmes qu’il pose.
-Ensuite : Gap, « ville pour tous » et « haute qualité de vie »
Dans ces rubriques se trouvent une extension de la vidéo protection et un renforcement de l’éclairage public. Au lieu de proposer des solutions durables, plus économes en énergie et de promouvoir des espaces de sociabilité, de rencontre. Au lieu de développer une police de proximité qui travaille auprès des gapençais(es) plutôt que derrière des écrans de contrôle. L’argent mis dans la vidéo surveillance devrait de préférence aller aux associations ou au CCAS car œuvrer au jour le jour pour tisser les conditions du mieux vivre ensemble, là est la seule prévention efficace.
Et oui, notre vision du bien commun et de la qualité de vie est bien différente de la vôtre : à quand une ville de haute qualité environnementale et sociale aménagée dans le cadre d’une approche globale qui prenne en compte les besoins de chacun et qui entende, enfin, la parole de tous ?
Groupe « Tous Capables-G.A.U.C.H.E. » Isabelle David et Joël Reynier