EMPLOI Les saisonniers exigent une amélioration de leurs
conditions de travail, et envisagent un forum social.
Un appel de saison
Les grèves des salariés des
remontées mécaniques en
février et mars 2008 sont restées
dans les mémoires, mais
leur situation n’a pas connu de changements
notoires pour autant. Les
vacances de Noël approchant, les saisonniers
d’hiver ont lancé un appel
dont Hervé Novelli, secrétaire d’État
chargé du Tourisme, se serait bien
passé. Car, emblématiques du « salariat
Kleenex », 400 000 personnes,
majoritairement des jeunes, travaillent
à tous les postes de ce secteur du
tourisme, qui est le plus gros utilisateur
d’emploi saisonnier.
« Or, dans ce secteur, le travail saisonnier
demeure trop souvent synonyme
d’atteintes au droit du travail,
de précarité et de conditions de vie
dégradées », soulignent les 50 premiers
signataires de l’appel, qui a
été présenté à Chambéry (Savoie)
le 3 décembre. Dans leur texte,
saisonniers du secteur du tourisme,
syndicalistes, militants de l’Unef, de
la Jeunesse ouvrière chrétienne
(JOC), de l’Association pour le
développement économique de la
Haute-Durance (Adecohd), de l’Association
des lieux d’accueil des travailleurs
saisonniers (Alatras), salariés
et dirigeants d’institutions
professionnelles de l’économie
sociale et du tourisme, médecins
et inspecteurs du travail et élus
locaux veulent organiser « le premier
forum social des saisonniers
pour l’amélioration de leurs conditions
de vie et de travail ». Ce forum
est déjà programmé pour la fin de
l’année prochaine (du 3 au 5 décembre
2010) à Aubagne.
« Nous pensons qu’il est possible
d’agréger sans exclusive un grand
nombre d’acteurs et de forces sociales
dans un large rassemblement pour
préparer et assurer la tenue d’un tel
forum », expliquent les signataires,
qui espèrent dès maintenant « braquer
les projecteurs sur la saisonnalité
» et s’engagent « dès cet hiver »
à mettre en place des espaces d’accueil
et de débat pour les saisonniers.
Un site Internet a également été créé
(www.forumsocialsaisonniers.org)
ainsi qu’une association, avec en
perspective la renégociation de la
convention de l’Unedic fin 2010 et
début 2011. Les organisations craignent
les « tentatives répétées de suppression
de l’indemnisation chômage
», qui avaient suscité le fort
mouvement de 2008. Et les nouvelles
mesures d’indemnisation entrée en
vigueur en avril ont été rejetées par
quatre syndicats (CGT, CFTC, FO
et CFE-CGC).
Au début de l’année, la CGT Rhône-
Alpes (www.saisonniers.org) a rappelé
que « la situation sociale des
saisonniers se dégrade régulièrement
(emploi, conditions de travail,
indemnisation chômage, logement,
santé, formation…) ». Selon une
enquête de la JOC, 14% des jeunes
saisonniers sont employés sans
contrat de travail, et les heures supplémentaires
de 25% d’entre eux ne
sont pas payées. « Il faut écrire une
nouvelle page du travail salarié »,
souhaitent les signataires de l’appel,
qui se donnent un an pour élaborer
des propositions.
_Thierry Brun