A la tête du Chicas, autrement dit le Centre hospitalier intercommunal des Alpes du Sud, depuis un mois, Richard Dalmasso a remplacé Solange Zimmerman en poste depuis 1991. Entretien avec le nouveau directeur des hôpitaux de Gap-Muret et Sisteron.
Où en est-on du plan de retour à l'équilibre ?
Richard Dalmasso : « Le déficit financier est de l'ordre de 7,5 millions d'euros. Nous travaillons au retour à l'équilibre d'ici deux ans, pour 2011 ».
Quelles sont les raisons de ce déficit ?
« Des facteurs internes peuvent expliquer ce déséquilibre financier. Nous avons constaté une baisse d'activités, surtout dans le secteur médical, de l'ordre de 8 %. Baisse dont nous recherchons les causes exactes. Certes il y a eu pendant quelques mois la fermeture du service de radiothérapie, mais cela n'explique pas tout. Nous avons également une augmentation des charges avec la hausse des coûts des médicaments.
Pour les facteurs externes, la situation géographique du site de Gap -au Nord de la région- nécessite que l'on maintienne des activités de pointe comme la réanimation, les soins intensifs en cardiologie par exemple. Ce sont des activités coûteuses où l'on n'a pas toujours le retour financier. De même avec le fait d'avoir deux services d'urgences, deux Smur (l'un sur le site de Gap, l'autre à Sisteron), cela augmente les coûts. Cette situation explique l'arrivée de l'aide financière exceptionnelle de l'ARH (Agence régionale d'hospitalisation) de 3 millions d'euros en ce début d'année. Mais cette aide n'est pas reconductible ».
Comment comptez-vous
atteindre ce retour à
l'équilibre financier ?
« Chacun doit bien avoir en tête que le retour à l'équilibre financier conditionne nos projets de développement. Avec les responsables des pôles médicaux, nous travaillons actuellement sur ce plan de retour à l'équilibre. Nous allons le présenter aux instances en avril prochain. L'hôpital est payé à l'activité. Parmi les pistes, nous allons coder plus finement l'activité. Par exemple veiller à ce que toutes les analyses, les radios, les interventions de médecins soient toutes bien facturées. Autre piste : relancer l'activité, par exemple voir ce que les autres ne font pas et ce que nous pourrions proposer.
Sur les dépenses, nous devons mieux maîtriser les dépenses de médicaments et le secteur du personnel ».
« Veiller à ce que
les deniers publics
soient bien utilisés »
Maîtriser le secteur du personnel de quelle façon ?
« J'ai prévu une réduction du personnel. Je sais que ce sera douloureux. Mais dès que nous aurons atteint ce retour à l'équilibre, s'il y a reprise de l'activité, nous proposerons un "retour sur sacrifice" en replaçant des effectifs là où ils sont utiles. Je ne vise qu'un retour à l'équilibre financier dans un hôpital public qui a des missions de services publics à remplir. Mon objectif n'étant pas de faire des bénéfices, mais de veiller à ce que les deniers publics soient bien utilisés ».
Où en sont les projets d'extension du site de Gap ?
« C'est une enveloppe de 70 millions qui est programmée. Avec une aide du gouvernement, dans le cadre du plan Hôpital 2012, de 40 millions d'euros. Arriver à obtenir un financement de 50 % est rare. C'est dû au gros travail de Mme Zimmerman qui m'a précédé.
Concrètement, nous aurons tout d'abord le rapatriement du secteur gérontologie de l'Adret, avec la construction d'un nouveau bâtiment de 150 lits. Sera construit un bâtiment de chirurgie de 112 lits (l'ancien sera démoli). Le bâtiment de radiothérapie va être agrandi avec l'arrivée de la médecine nucléaire et de la scintigraphie. Enfin un nouveau bâtiment dédié à la dialyse sera édifié. Début des travaux : fin 2010. Fin du chantier : 2015 ».
Après ses gros soucis de fermeture, le service de radiothérapie est-il définitivement rétabli ?
« Oui, puisque nous avons maintenant deux radiothérapeutes et deux radiophysiciens pour faire fonctionner normalement le service. Nous attendons même un deuxième accélérateur de particules. D'une façon générale, nous devons arriver à couvrir toute la filière cancer, depuis le dépistage jusqu'aux traitements. Ceci afin d'offrir un vrai service de proximité ».
REPÈRES
richard dalmasso
en bref
Âgé de 44 ans, il arrive de Crest (Drôme) où il dirigeait le centre hospitalier (199 lits et 46 places) ainsi que l'hôpital local de Dieulefit (88 places).
Auparavant (de 1998 à 2005), il a occupé le poste de directeur-adjoint au centre hospitalier d'Avignon, plus spécialement chargé des travaux, équipements et logistique.
Après avoir suivi une formation à l'Ecole de la Santé, son premier poste fut celui de directeur-adjoint à l'hôpital d'Aubagne de 1993 à 1998.
Originaire de Cannes, Richard Dalmasso est passionné de parapente et de musique. Il joue du stell-drum (tambour d'acier fabriqué à partir de fût utilisé dans l'industrie pétrolière) au sein d'un groupe, "Style Drôme".
Propos recueillispar Frédérique FAYS
Paru dans l'édition 05A du 25/02/2010