par Lec |
Au procès du CHUM, à la recherche de la famille du nouveau né : Que se passe-t-il ? Est-ce que nos institutions ne sont pas en train de perdre les pédales ?
Ainsi l’Établissement Public Foncier (EPF) PACA, propriétaire des locaux du CHUM (Centre d'Hébergement Urgence des Mineurs Exilés) fait un procès pour chasser les squatters, des gamins qui ont déjà subis mille souffrances, histoire de leur apprendre que la vie « bonne » n'est pas pour eux et d'ajouter à l'insécurité de leur quotidien. Ô bien sûr, dira EPF (PACA), « ce n'est pas à nous de nous occuper des migrants mineurs. L’État est défaillant, nous n'y sommes pour rien ! » On connaît la chanson, le maire de Gap a la même pour ne pas lever son petit doigt en faveur des migrants. Mais au moins qu'on laisse les citoyens qui trouvent des solutions poursuivre leur action ! Certes l’État est non seulement défaillant mais contre productif, il fait tout dans une légalité « élastique », le Préfet des Alpes-Maritimes vient une quatrième fois d'être condamné pour illégalité des mesures de reconduction à la frontière mais il est toujours en poste. L’État peut être condamné cela ne lui fait ni chaud ni froid. On peut se demander si nous sommes toujours dans une état de droit ! À l'évidence, non ! Bon et ce procès fait au CHUM qu'a-t-il donné ? Le CHUM a-t-il été condamné à quitter les lieux ? Et bien que vous le croyez ou pas, l'association demanderesse de l'évacuation du CHUM, l'EPF(PACA) ne s'est pas présentée au procès, n'a pas envoyé le moindre avocat. Leur attitude est grossière, c'est une mascarade. Le procès est renvoyé au 5 avril. Viendront-ils ces jeteurs à la rue de migrants non accompagnés? On n'en sait encore rien ! Bilan, une belle manifestation de soutien dénonçant la politique menée par Macron et Collomb, (Hou, Hou) mobilisant les énergies, unifiant les volontés de résistance, du temps gagné pour les jeunes accueillis et leurs accueillant-e-s.
Et le père et les frères de Daniel, ce bébé né à l’hôpital de Briançon après un trajet des plus rocambolesque, mais qui aurait pu très mal finir vu l'attitude honteuse de la PAF, que deviennent-ils ?
Pour le savoir voici la suite de leur aventure. Le maraudeur Benoit Ducos, terminait son récit ainsi : « Pendant ce temps-là, le premier bébé des maraudes vient de naître à Briançon. C'est un petit garçon, naît par césarienne. Séparé de son père et de ses frères, l'hôpital somme la PAF de les faire revenir pour être au côté de la maman. Les flics finissent par obtempérer. Dans la nuit, la famille est de nouveau réunie ». On aurait pu en rester là, sur cet heureux happy-end. Mais non, au pays des migrants rien n'est simple. Ce matin, mardi 12 mars, personne ne savait où se trouvaient le père et les frères de Daniel. Apparemment, ils étaient sur Gap, le 115 ayant été incapable de leur trouver un logement sur Briançon pour être auprès de la maman et du bébé alors qu'il y a une semaine, le 115 voulait renvoyer 12 migrants à Briançon pour les loger ! A Gap mais où ? Commence une longue recherche dans tous les logements habituels du 115. Rien, nulle part, ils semblent être nulle part ! Les coups de téléphone au 115 ne donnent rien. Sont-ils toujours à Gap ? Ont-ils été mis en centre de rétention ? La tension monte. Et la maman et le bébé savent-ils où ils sont ? Non ! Alors, les manifestant-e-s mobilisé-e-s pour défendre le CHUM décident d'aller au 115 pour savoir. Manifestations devant l'A.P.A.S.E qui gère le 115. Demande d'entretiens, conciliabules, finalement une responsable craque. Ouf ! ils sont à Gap dans un logement ouvert exprès pour eux car les logements habituels étaient tous occupés. L'administration est toujours en retard sur des besoins qui sont pourtant prévisibles. Vont-ils pouvoir retourner à l'hôpital de Briançon voir la maman et le bébé ? Demain une militante les prendra en charge pour les mener à l'hôpital. Que deviendrait l'administration sans les militants et les militantes ? Que deviendrait surtout les personnes migrantes sans la chaîne des citoyen-e-s, des maraudes aux conseils juridiques, de la cuisine aux vêtements, des cours de français en recherche de logement, etc... ?
La France "terre d'asile", ce mot d'ordre martyrisé par Collomb et Macron, est toujours un guide d'action pour des milliers de militants bénévoles, des « milivoles » comme on les nomme à Calais. Ici, la PAF veut les empêcher de rentrer, là bas la même PAF veut les empêcher de partir ! Les tempêtes migratoires ne sont-elles pas le fruit d'une politique folle ?
Jean-Paul Leroux