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Après le 6 décembre,

 

Pas beaucoup dormi cette nuit. Je suis abasourdie, assommée, stupéfiée ; comme après un choc quand on reste l’air hagard, le regard mort, la bouche ouverte. Après le drame des attentats du 13 novembre, je n’ai pas pleuré mais plutôt cherché à comprendre comment une telle horreur était possible, debout, les poings serrés et le ventre noué. Ce matin, je suis sonnée et triste, si triste…
Comment continuer à croire que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, que la paix ne sera pas qu’un souvenir et la liberté un rêve utopique ? Pour la première fois, j’ai peur…
La réforme constitutionnelle que prépare le gouvernement, permettra, grâce aux pouvoirs accrus donnés à la police, la chasse aux opposants, quand la politique suicidaire du parti socialiste pour les idées de gauche, aura amené le Front National au pouvoir. Que vais-je faire ? Résister ? Jusqu’où ?
Je pense tout d’abord à Jaurès, assassiné pour avoir voulu la paix et ensuite aux héros de la Résistance qui, aux heures les plus noires de la Nation, ont cru en l’avenir et écrit un programme, dans le plus grand secret, au péril de leur vie, pour reconstruire la France fraternelle, solidaire et unie en laquelle ils croyaient. Hier soir, entendre Marine et Marion Le Pen en appeler aux patriotes m’a glacé le sang et je ne peux répondre qu’avec la chanson de Ferrat « Ma France, celle qui paie toujours vos crimes, vos erreurs, celle du vieil Hugo tonnant de son exil, celle dont Monsieur Thiers a dit : qu’on la fusille ! » Ma France n’est pas celle de la haine, de la loi du plus fort ; elle n’est pas seulement blanche et catholique, elle n’exclut personne, elle rassemble.
Ma France, elle cache un enfant juif et l’élève parmi les siens. Ma France, elle ne regarde pas ailleurs quand, chaque jour, des humains se noient en Méditerranée. Ma France, elle accueille, elle soulage, elle nourrit, elle protège. Ma France, elle ne trahit pas, ne renonce pas, n’abandonne pas. Ma France, elle n’attise pas la haine en pensant que l’orage éclatera toujours sur d’autres têtes.
L’orage est sur nous. Et maintenant ?
Isabelle David

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