“Le pire accord que la gauche ait jamais mis en oeuvre”
Déjà, le train avait du retard.Mais Gérard Filoche, membre du bureau national du Parti socialiste, en arrivant à la salle de la Romettine, est visiblement comme un poisson dans l’eau, à la rencontre de quelque 80 militants de l’aile gauche du PS, mais aussi du Front de gauche, d’Attac… C’est Christine Miegge, membre du bureau fédéral du Parti socialiste, qui a organisé cette réunion où les élus PS, hors Christian Graglia, brillent par leur absence. Gérard Filoche, est venu parler de l’ANI, accord national interprofessionnel. « C’est le pire accord que la gauche ait jamais mis en oeuvre… Je n’en conteste pas la méthode, celle de la négociation sociale, mais celle du résultat. » Encore qu’il conteste que les syndicats dits “majoritaires” le soient en réalité. Et il va se moquer en démontant point par point ces fameux résultats, la formule médiatique “juste, équilibré et sécurisant”. Du vent ! tentera t il de montrer. « En 27 articles, il y a 54 reculs pour les travailleurs. C’est simple : tout est mauvais ! La feuille de route du gouvernement n’a pas été suivie, il n’y a rien pour “déprécariser” le travail. » L’orateur indique qu’en fait personne, y compris les députés, n’a lu le texte hors les proclamations inexactes faites dans les énoncés des têtes de chapitre. « Le diable est dans les détails ! »
Digne de Nicolas Sarkozy ?
Et de poursuivre : «L’accord dit de maintien dans l’emploi donne la possibilité par des accords majoritaires dans l’entreprise, à 50 %, de baisser les salaires, comme de modifier les volumes horaires, sans passer par un plan social. C’est le reflet des accords compétitivité emploi de Sarkozy, proposés dans la dernière campagne, auxquels la gauche s’était opposée. » Gérard Filoche n’a pas renoncé à convaincre les parlementaires, qui ont déjà voté le texte selon la procédure d’urgence. Il va de ville en ville porter la bonne parole. « La gauche nous parle de ce que nous ne voulons pas entendre, le langage de la haute finance. » Et il lance un appel à manifester le 1er mai contre l’accord et la politique d’austérité. Mais le 5mai, le Front de Gauche appelle à manifester à Paris pour une sixième république. En sera t il ? Gérard Filoche n’a pas répondu à la question.
Michel PÉAN