combien de morts silencieux
de morts vivants
écrasés par la vie
combien de suicides
au travail
au chômage
combien d'hiver
pour voir venir le soleil
réveiller nos patiences
je suis le rouge aigre-doux
fatigué et debout
j’attends les cerises
je guette les bourgeons
les signes tangibles
et les irrationnels
je ne vois que l'hiver
le froid de ses faits
le brasier des défaites
les défilés glorieux
les solitudes sourdes
unis dans le froid
le dégel viendra
bourgeonneront nos jardins
étonnés de leur force
pour un rien
une émission à la radio
un témoignage souriant
presque rien
qu'une lutte à rebrousse crise
une victoire créative
des sourires de copains
fatigués et surpris
d'avoir tenus et réussis
puis les mots violents
synthèse âpre du monde à finir
clarifierons la situation
le printemps sera là
les cerises aussi
par paniers partagés
combien d'hiver
pour bâtir un printemps
combien de colères
combien d'histoires racontées
pour la faire basculer
combien de rouges aigre-doux
Laurent Eyraud-Chaume
Cerises 170.