L’élu gapençais est membre du Front de gauche.
Conseiller municipal d’opposition à Gap, Jean-Claude Eyraud est président de l’association “Pour une alternative citoyenne à gauche” (dans la 1 ere circonscription des Hautes-Alpes), elle-même adhérente à la Fase, la Fédération pour une alternative sociale et écologique. À ce titre, l’élu gapençais est membre du Front de gauche. Interrogé sur la politique nationale, il donne son sentiment sur les relations qui lient, ou pas, le Parti socialiste et les autres partis de gauche.
Dernièrement, les sénateurs communistes ont voté contre une proposition de loi socialiste, sur l’énergie. Comment analysez-vous ce rejet ?
« Le Sénat a voté majoritairement une motion d’irrecevabilité de la loi instaurant un bonus-malus sur le tarif de l’énergie. Cette motion avait été déposée par les sénateurs communistes. Pour le Front de gauche, c’est la maîtrise publique, sociale et démocratique du secteur de l’énergie qui doit permettre la mise en place d’une tarification sociale et progressive assurant l’accès à l’énergie, quels que soient le lieu de résidence et le revenu. La proposition de loi socialiste prévoit, à usage équivalent, que les logements les moins bien isolés, souvent ceux des ménages les plus pauvres, se voient appliquer un malus supérieur. De la même façon, la responsabilité des propriétaires n’est pas engagée pour améliorer l’isolation des logements, laissant ainsi les locataires démunis face à leur facture. Le Front de gauche demande un débat réel sur l’instauration d’une véritable tarification à l’usage, écologique et sociale, et que les moyens financiers d’une vraie transition énergétique soient débloqués. »
La présidente du groupe communiste au Sénat a déclaré : “Le gouvernement doit nous respecter et nous entendre”. Le président du groupe Gauche démocratique et républicaine à l’Assemblée a, lui, déploré une “forme de mépris”. Qu’attendez-vous du gouvernement ?
« En portant François Hollande au pouvoir, les électeurs affirmaient leur volonté de changement, promis par le candidat socialiste. Six mois plus tard, ce changement n’est pas au rendez-vous. Certes, le bilan de François Hollande comporte des avancées concrètes dans certains domaines qui toucheront le quotidien des gens. Mais c’est trop peu pour inverser la tendance. Sur les grands fondamentaux qui structurent les politiques économiques et sociales, c’est la continuité dominée par les dogmes néolibéraux : rigueur, compétitivité. Nous attendons une rupture du gouvernement avec cela. »
Quels sont les choix du gouvernement que vous ne partagez pas ?
« L’adhésion coûte que coûte à l’actuelle construction européenne constitue un reniement fondamental alors que François Hollande s’était engagé à renégocier le traité budgétaire européen. Par ailleurs, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale présenté par le nouveau gouvernement est très préoccupant parce qu’il ne contient pas de mesure permettant d’engager les réformes structurelles nécessaires au financement équilibré et durable d’une protection sociale de qualité pour tous. La situation extrêmement dégradée des hôpitaux publics aurait exigé des mesures immédiates. »
Pourquoi peut-on encore parler d’alliés entre le Parti socialiste et les autres partis de gauche ?
« Je ne veux pas rentrer dans la polémique qui voudrait qu’on ne le soit plus. On est encore alliés, mais dans la continuité de ce que nous avons dit lors de la campagne. Je fais encore la différence entre le Parti socialiste et les partis de droite. »
Quelle est la marge de manœuvre, quand on est allié de la majorité sans en être, pour se faire entendre sans faire le jeu de l’opposition ?
« Le Front de gauche doit être utile au peuple ; il y a du monde à rassembler, des propositions à faire sur les licenciements, le financement de l’économie ou la fiscalité. Les Français ont choisi l’alternance. Nous, nous proposions une véritable alternative.
Le Front de gauche compte s’appuyer sur les premières mobilisations sociales du quinquennat, comme la journée européenne prévue le 14 novembre, pour faire entendre ses propositions et conduire le gouvernement à “changer de cap”. S’il n’y a pas de changement au niveau européen, il ne faut pas en attendre au niveau français. »
Le 30 septembre, une manifestation à l’initiative du Parti communiste et du Parti de gauche a mis des dizaines de milliers de personnes dans la rue, contre le traité budgétaire européen. Où en est-on ?
« Je pense que la journée de mobilisation du 14 novembre veut justement s’opposer à la rigueur en Europe. La ratification de ce traité et la programmation d’une austérité budgétaire historique engagent notre pays dans une vis sans fin de récession économique. La stratégie du gouvernement implique aussi un cercle vicieux politique cette fois, une pente d’affaiblissement idéologique face à la droite et au patronat. »
DL du 4 novembre 2012 Propos recueillis par Adeline TAUPIN le 04/11/2012 à 06:00