Nicolas Sarkozy estime que Marine Le Pen “est compatible avec la République”. Que vous inspirent ces propos? Le tournant que prend cette campagne présidentielle dans l’entre-deux-tours me paraît très préoccupant. Cette radicalisation, comme si la question centrale en France était de combattre un ennemi de l’intérieur qui serait l’étranger, le musulman, est insupportable. La droite devient de façon très assumée xénophobe et autoritaire.
Nicolas Sarkozy a toutefois assuré qu’il n’y aurait ni accord ni ministres FN dans son gouvernement, s’il est réélu… C’est la logique de la droite depuis un certain temps. Mais je pense qu’aux législatives, il y aura des expérimentations locales. En réalité, le flirt entre Sarkozy et Le Pen montre qu’une recomposition de la droite est en cours, à l’italienne.
François Hollande a dit dans Libération “vouloir convaincre les électeurs du Front national”. Cette démarche est-elle légitime? A gauche, nous devons rassembler le peuple autour d’un projet de transformation sociale. Il faut s’adresser aux électeurs du Front national, de la même manière que nous l’avons fait dans notre campagne en disant “vous vous trompez”, “vous portez vos suffrages vers un parti qui tourne le dos à vos intérêts”… Nous aurions aimé être moins seuls dans cet affrontement politique.
Le FN était l’une des principales cibles de Jean-Luc Mélenchon. Votre plus grosse déception est-elle de ne pas être passé devant au premier tour ? Oui. Mais le résultat obtenu par le Front de gauche constitue un bon score. Si on nous avait dit en juillet dernier - quand nous étions entre 3 et 5% dans les intentions de vote - qu’on terminerait à 11%, tout le monde aurait signé! C’est un socle substantiel, loin de l’éparpillement de 2007, un point de départ. Une force politique nouvelle est née. Lire la suite »