Un vibrant appel du coprésident du Mouvement de la paix à l’opinion française pour l’abolition des armes nucléaires
Pour en finir avec l’arme nucléaire, de Pierre Villard. Éditions La Dispute. 232 pages, 15 euros. Plus aucune arme nucléaire sur la planète d’ici quinze ans : voilà l’« utopie » dont Pierre Villard, coprésident du Mouvement de la paix, nous parle dans son livre. Jadis, l’élimination des armes chimiques, biologiques et bactériologiques était elle aussi une « utopie ». Il s’agit désormais d’une réalité des relations internationales sanctionnée par une convention. Éliminer les armes nucléaires, est-ce objectivement une tâche d’une tout autre ampleur ? Certainement. L’auteur en énumère quelques raisons. Ces enjeux sont « absents des principaux médias et semblent inconnus d’un grand nombre d’acteurs politiques (…) C’est une évidence, il y a actuellement dans l’opinion publique une sous-estimation du risque d’utilisation des armes nucléaires », constate-t-il. Comment l’expliquer ? Sans doute en grande partie par la « théorie de la dissuasion nucléaire » à laquelle Pierre Villard réserve un sort. « Je la refuse car les armes de dissuasion, cela n’existe pas. Les armes finissent toujours par servir, un jour ou l’autre. » Information distillée au passage : le stock mondial de têtes nucléaires équivaut à 450 000 bombes d’Hiroshima. L’arme nucléaire est d’abord « une arme de domination, rappelle-t-il. L’arrogance dont font preuve les pays dotés d’armes nucléaires à l’égard des 183 autres États devient intolérable ». Mais, « dans le même temps, fait-il remarquer, la perspective d’un monde débarrassé de la menace atomique fait partie du vocable devenu courant d’un nombre croissant de chefs d’État. Ce fut l’épine dorsale du discours de Barack Obama à Prague en 2009 ». Dans la réalité aussi, des choses bougent. Un certain nombre de pays (Afrique du Sud, Biélorussie, Ukraine, Kazakhstan, Suède) ont abandonné l’arme nucléaire, prouvant ainsi que « renoncer à l’arme atomique est possible sans remettre en cause la sécurité des États ». Grâce à de nombreux traités, l’ensemble de l’hémisphère Sud est une zone exempte d’armes nucléaires. Une autre zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient doit faire l’objet d’une conférence internationale en 2012. Ces points d’appui, Paris les méprise, constate Pierre Villard : « La politique de la France est un obstacle majeur au désarmement », le pouvoir sarkozyste refusant de s’inscrire dans un processus multilatéral de désarmement. « Il y a urgence à développer un mouvement d’opinion beaucoup plus important en France, qui demeure le pays dont le gouvernement freine le plus, de manière évidente, toute avancée vers un processus contrôlé d’élimination des armes nucléaires », écrit-il en conclusion. Pour la part qui lui revient, le Mouvement de la paix saisira l’opportunité de la campagne électorale pour faire avancer la « culture de paix » définie « comme ensemble de valeurs, d’attitudes, de comportements et de modes de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits, en s’attaquant à leurs causes profondes et en résolvant les problèmes par voie du dialogue et de la négociation entre les personnes, les groupes et les nations ».