par La Rédaction du DL | le 17/04/10
GAP
Geneviève, Francis et Claude. Trois destins bousculés par la crise. Trois désespoirs qui se sont exprimés hier devant l'étude Me Lageat, mandataire liquidateur.
Geneviève Galland était vendeuse chez G-tech, un commerce de hi-fi et électroménager de la zone Tokoro. L'activité de la société a cessé à la fin de l'année dernière. Les trois salariées ont été licenciées. Geneviève était en maladie jusqu'au 4 février 2010. « Depuis cette date, je n'ai rien touché. Ni indemnités de salaires, ni congés payés et je ne peux même pas m'inscrire au Pôle emploi, tous les documents n'ayant pas été remplis. »
Manifestation
devant le Président
Conséquence : « la banque a été sympa au début. Mais mon découvert commence à poser problème. J'ai trois enfants. Jusqu'ici, j'ai réussi à payer mon loyer, mais sans entrée d'argent, je vais faire comment le mois prochain ? »
Francis Picot et Claude Parra étaient conducteur de travaux et dessinateur auprès des Maisons Charles-Queyas. La société a pâti de la crise et d'un procès perdu. Elle a été placée en liquidation judiciaire le 29 janvier. Francis : « j'ai multiplié les coups de fil, les e-mails... Enfin ce matin, Me Lageat m'a payé les congés payés après que je lui ai annoncé que j'allais manifester devant ses locaux. Pour moi, c'est une aumône par rapport à tout ce qu'elle me doit. J'ai comblé un peu le trou que j'ai à la banque. Mais ma banquière m'a dit qu'elle ne pourrait pas me suivre longtemps. »
Malgré ce versement, Claude et Francis sont venus manifester hier devant la porte de l'étude de Me Lageat. Ils ont été soutenus dans leur démarche d'hier par Maurice, leur ex-patron.
« On ne demande pas de passe-droit. On réclame juste ce qui nous est dû » expliquent-ils. Et ils envisagent de manifester tous les jours devant l'étude située dans l'immeuble Le Président sur le boulevard Pompidou à Gap. « Si d'autres veulent nous rejoindre... »
Me Lageat :
"il n'y a pas de retard"
Me Anne Lageat dément tout laxisme dans le traitement des trois dossiers. « Dans la très grande majorité des cas de liquidation judiciaire, on est dans le cas d'une impécuniosité absolue. On fait donc intervenir le fonds de garantie des salaires, l'Unedic-AGS. Et dans les cas présents, je l'ai sollicité en temps et en heure pour que les personnes soient indemnisées. Au fur et à mesure qu'ils adressent des fonds, je les remets aux salariés, explique-t-elle. Il n'y a pas de retard. Pour l'indemnité de licenciement que les salariés de Charles-Queyras réclament, la date butoir était le 12 avril, on est le 16 avril. »
Quant au cas de Geneviève Galland, « l'AGS vérifie tout et il lui arrive de contester les demandes que je lui fais » glisse Me Lageat. « Nous n'avons pas connaissance d'un contentieux avec les AGS » indique de son côté Jean-Claude Eyraud (CGT qui défend la salariée)
Le différend n'en restera de toute façon pas là. Geneviève a saisi les prud'hommes.