Publié le 6 octobre 2009
Il existe en France l’une des plus belles bibliothèques européennes consacrées à l’écologie, et personne ne le sait ! Elle a été créée par un homme à part, qui fut le secrétaire de Robert Hainard. Je le connais bien, il s’appelle Roland de Miller. C’est davantage qu’un passionné, davantage qu’un collectionneur, davantage qu’un lettré. Son joyau contient près de 60 000 ouvrages, 1000 collections de périodiques français et étrangers et un énorme fonds d’archives et de documentation.
Ses livres furent longtemps disséminés dans les ruines d’un château des Alpes-de-Haute-Provence, dont la silhouette, par soir de pleine lune, évoquait tantôt la Transylvanie de Dracula, tantôt le Nom de la Rose, d’Umberto Eco. Je ne dresserais pas ici la liste innombrable, innommable d’ailleurs, des emmerdements subis par Roland. Car s’il est un génie du livre, il s’en faut qu’il le soit également de la vie quotidienne.
N’importe. La plus belle bibliothèque de France. L’une des plus belles de notre vieux continent. Et alors ? Alors, rien ne va plus, du tout. Roland occupe depuis quelques années un local de la ville de Gap (Hautes-Alpes), en vérité indigne d’un tel trésor. Mais de toute façon, il lui faut faire ses balluchons, et repartir sur les routes avant le 26 décembre 2009, sous peine d’astreinte journalière. Avec 400 m3 de livres et de textes sous le bras. Sa situation est affreuse, car il est à peu près seul. Le déménagement, à lui seul, coûterait 10 000 euros, compte non tenu de l’emballage, qu’il souhaite organiser avec des bénévoles, des tonnes d’ouvrages.
Ensuite ? Il y a des pourparlers avec la ville d’Arles, mais même s’ils aboutissent, ce ne sera pas avant des mois, sinon des années. En attendant, il faudra, il faudrait stocker. Comble peut-être, Roland doit rembourser avant février 2010 un dette privée d’environ 30 000 euros qui ajoute au désastre annoncé. Notez qu’il dispose d’un fonds de librairie estimé à 100 000 euros, qui pourraient servir à gager un éventuel emprunt. Car Roland est aussi libraire, sans aucun doute l’un des tout meilleurs dans son domaine, l’écologie. La dette n’a pas de rapport avec la bibliothèque, mais elle empoisonne évidemment l’esprit de Roland, qui n’a pas besoin de cela en ce moment.
Faisons le compte ensemble. Il faut trouver environ 40 000 euros, dont les trois quarts gagés. Et une petite armée de bénévoles pour mettre en cartons la bibliothèque. Mais au-delà ? Au-delà, je rêve, moi, d’un grand mouvement public d’aide et de solidarité. Demain - disons après-demain - cette bibliothèque peut devenir le centre intellectuel incontesté du mouvement écologiste, toutes tendances confondues. Un lieu de rencontres, de colloques, d’étude, de réflexion, d’action. Ce serait audacieux, mais tellement beau !
Qu’en pensez-vous ? Qu’en dites-vous ? Il va de soi que Gap est loin, et que la plupart d’entre nous sont déjà bien occupés ailleurs. Mais peut-être aurez-vous des idées ? Mais peut-être voudrez-vous participer à ce qui peut devenir une grande aventure intellectuelle et morale ? Qui sait ? Je vous laisse, en confiance, l’adresse électronique de Roland de Miller : roland.demiller@free.fr. Je vous en prie, ne le dérangez pas pour rien, car il croule sous les difficultés. En revanche, si vous tenez un truc, un truc concret, pratique, solide, envoyez-lui un message. Cet homme admirable a besoin de nous. Et nous avons tous le grand besoin d’une Très Grande Bibliothèque. Il me semble.