Un suprématiste blanc dirige les USA, un fasciste dirige le Brésil, des Imams réactionnaires dirigent l’Iran, etc... La France, pays de Simone de Beauvoir, des luttes pour l’avortement libre et gratuit, pour l’égalité homme-femme, avait-elle besoin, alors qu’une femme meure tous les deux jours sous les coups de son conjoint ou de son ex, de voir la violence symbolique s’incarner au niveau de l’Etat ? Au Ministère de l’intérieur, est nommée une personne poursuivie par la justice pour « viol » qui est un acte criminel défini par l'article 222-23 du code pénal. La violence de cette nomination est irresponsable de la part de n’importe quel gouvernement et a fortiori de celui qui est censé nous gouverner. Sa signification est claire : l’imputation de « viol » n’est pas une tache sur un CV, elle est comme une espèce de reconnaissance de virilité qui ne doit pas manquer au possesseur du poste. Tout les petits flics antiféministes vont se sentir conforter dans leur virilité machiste. Quelle femme, désormais, va oser porter plainte pour agression sexuelle, pour coups et blessures, pour viol ? Les victoires de nos luttes sont fragiles, un rien peut les faire régresser. Pendant le confinement, des interruptions de grossesses n’ont pas pu se dérouler, les violences sexistes ont augmenté. Pendant que les infirmières, femmes héroïques, étaient au front, les machos sévissaient à l’ombre du Covid. Et maintenant, un possible « violeur » a la haute main sur la « violence dite légitime de l’État ». Nous sommes en plein cauchemar.
A Gap, manifestant.es faisant un «die-in » en scandant des slogans : « contre leur violences sexistes, autodéfense féministes ! », « le silence ne vous sauvera pas, c’est en criant qu’on gagnera », « contre le patriarcat, je me lève et je me bats ! », « Féministes en colère, féministes solidaires ! »
Heureusement, de nombreuses manifestations, à l’appel de nos diverses associations se sont tenues partout en France. A Gap, ce jeudi 16, à 18h 30, à l’appel du Planning Familial 05 et de Noustoutes05, a eu lieu un rassemblement pour dénoncer cette nomination ignominieuse à l’égard de nous toutes et également à l’égard des hommes, elle laisse penser qu’il est impossible de trouver un homme « non violeur » pour occuper des postes ministériels. Le scandale de cette nomination ne pouvait rester sans protestation. Les 150 personnes présentes (merci les copines et les copains) ont entonné des slogans contre toute régression, pour la réalisation de progrès décisifs contre les violences sexistes, afin que celles-ci soient bannies. Laissons le dernier mot à notre sœur, la grande activiste noire américaine qu’est bell hooks « La visée de relations humaines de sororité et de fraternité implique la délégitimation de la violence. La Révolution féministe est bien ce dont nous avons besoin si nous voulons vivre dans un monde sans sexisme, où la paix, la liberté et la justice prévalent, où il n’y aura pas de domination. Si nous suivons le chemin féministe, c’est là qu’il nous mènera. »
correspondance particulière