Nos organisations appellent à participer aux mobilisations syndicales pour donner au 1er mai 2020, journée
internationale de lutte des travailleuses et travailleurs, un écho tout particulier dans le contexte de crise
sanitaire. La pandémie qui se répand dans le monde entier révèle de manière tragique les dérèglements
du capitalisme néolibéral et productiviste ainsi que les dysfonctionnements de l’actuelle gouvernance
mondiale. La situation nécessite d’affronter ensemble les urgences écologiques, sociales et démocratiques.
Les impératifs de santé publique seront à l’honneur de ce 1er mai. Nos organisations appellent à manifester
la solidarité avec les travailleurs.ses, en France et dans tous les pays, dont les activités continuent, souvent
sans même le matériel de protection nécessaire. La solidarité aussi avec les « invisibles » que la crise a
pourtant révélé.e.s comme indispensables, ainsi qu’avec les précaires et les « sans », dont la situation s’est
dramatiquement aggravée pendant la crise.
Pour tout cela, nous exigeons :
que la santé de toutes et tous soit une priorité, maintenant et après le 11 mai, date annoncée de
sortie du confinement alors même que les conditions sanitaires ne sont pas réunies.
que toutes les mesures d’urgence soient prises pour lutter contre les inégalités sociales et pour
préserver les droits de chacun.e durant cette période, dont celui d’un travail, d’une alimentation, d’un
logement de qualité.
que la protection sociale des jeunes soit refondée afin de les faire rentrer dans le droit commun. Les
jeunes ne peuvent être ni la variable d’ajustement, ni les oublié.e.s de l’après.
que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité soient des priorités
pour le plan de relance de l’économie, à la mesure de l’urgence climatique.
une solidarité avec les populations des pays pauvres, premières victimes des dérèglements
climatiques, touchés par la crise sanitaire alors que leurs systèmes de santé et leurs services publics
sont encore moins préparés que le nôtre à faire face à cette pandémie, sous la menace de crises
alimentaires émergentes, passant en premier lieu par l’annulation de leur dette extérieure et le
versement de financements additionnels d’urgence.
que les multinationales s’assurent du respect des droits humains et de conditions de travail décentes
pour les travailleuses et travailleurs employé.e.s par leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants à
travers le monde plutôt que de les laisser sans revenus, aides ou protections sociales, les rendant plus
vulnérables aux risques d’exploitation plutôt que de verser des dividendes à leurs actionnaires.
Le monde d’après doit enfin appliquer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ce sont
souvent des femmes, dans l’ensemble du secteur de la santé et du social, dans les services publics, dans
les commerces, dans l’agroalimentaire, qui ont sauvé des vies, ont permis de nous alimenter, ont assuré
des missions de protection de la population et ont permis à notre pays de tenir alors qu’elles sont toujours
bien moins payées que les hommes : il est temps de reconnaître leur investissement.
Le monde d’après ne doit pas non plus se solder par de nouvelles régressions des droits démocratiques.
De ce point de vue, en France comme ailleurs conscient.e.s de la nécessité de respecter toutes les mesures
de confinement nécessaires, nous ne sommes pas moins indigné.e.s des violences policières, des contrôles
abusifs, des atteintes à la protection des données personnelles et de la vie privée, de la violation des droits
des migrant.e.s …
Lors de ce 1er mai, nous manifesterons aussi pour exiger un plan de relocalisation solidaire et écologique
des activités de l’industrie, de l’agriculture et des services :
• «plus jamais» des travailleur-ses mis.e.s en concurrence et appauvri.e.s !
• «plus jamais» la dépendance aux marchés internationaux comme le manque de masques, de surblouses
et de médicaments,
• «plus jamais» les produits qui font le tour de la planète engendrant pollutions et émissions de gaz à
effet de serre !
• Et «plus jamais» la captation des ressources naturelles du Sud au seul profit des transnationales des
pays riches.
Pour que le jour d’après ne soit plus comme le jour d’avant, tout soutien public aux entreprises doit d’ores
et déjà être conditionné à une reconversion écologique et sociale, qui nous permettra de créer des
centaines de milliers d’emplois de qualité en France. Le gouvernement ne doit pas remettre en cause, sous
l’influence des industries polluantes, les engagements et les objectifs environnementaux, déjà très en
dessous du niveau exigé par l’urgence climatique. Il doit aussi suspendre les ventes d’armes qui alimentent
les conflits et le terrorisme, et réfléchir à abandonner la dissuasion nucléaire coûteuse et plus dangereuse
qu’efficace. Nous exigeons que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité
soient des priorités pour le plan de relance de l’économie, et qu’elles soient à la mesure de l’urgence
climatique.
Lors de ce 1er mai, nous manifesterons encore pour obtenir un plan de développement de tous les services
publics et une revalorisation des métiers d'utilité publique :
• «plus jamais» les hôpitaux débordés du fait des fermetures de lits et du manque de soignant.e.s,
• «plus jamais» d’une recherche publique manquant de crédits,
• «plus jamais» des services publics exsangues,
• «plus jamais» des Ehpad délaissés,
• «plus jamais» des personnes sans revenu et en précarité alimentaire.
• «plus jamais» de fausses excuses quant au manque de budget public pour les financer, alors qu’une
fiscalité plus juste (y compris sur la fortune / le patrimoine), une véritable lutte contre l’évasion fiscale et
la transformation de la dette publique en dette perpétuelle à taux zéro par la BCE en donneraient les
moyens.
Même confiné.e.s, manifestons toutes et tous le 1er mai, depuis chez soi, avec des pancartes, banderoles
ou en envahissant les réseaux sociaux. Rendons visibles, exprimons ce que nous voulons en France comme
ailleurs : un changement de cap, pour un futur écologique, social, féministe et démocratique !
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ALERTE !
Oui au déconfinement mais pas dans n'importe quelles conditions !
Dans Covid 19-Un virus très politique (n°5 Édition Syllepse) une alerte d’un médecin chercheur immunologue.
C’est le risque de rebond qui est le plus inquiétant : si l’on déconfine maintenant, alors que peu de personnes sont immunisées, (12 à 15 % en France au lieu de 60 %) le virus risque de repartir (comme cela se passe dans divers pays d’Asie). Le rebond est probable (reste à savoir quand il aura lieu) si les exigences sanitaires nécessaires à un vaste déconfinement (notamment dans les écoles) ne sont pas réunies.
Cela serait rendu plus facile s’il y avait des médicaments (or on n’en a pas encore) ou un vaccin (pas avant novembre ?).
Autre difficulté non encore résolue : quels sont les anticorps fabriqués et combien de temps durent-ils ? Est-ce que les personnes peuvent avoir 2 fois le Covid ?
On a réussi à réduire le nombre de morts en mettant en place le confinement, mais peut-on rester encore confiné ?
Il y a un risque qui commence à surgir à cause de l’enfermement : ce sont les problèmes psychiques, notamment pour les enfants, les personnes âgées et celles atteintes de pathologies graves.
Sortir est une nécessité : il faut généraliser les tests et le port du masque. Or on n’a pas assez :
. de tests (manque d’appareils pour les réaliser et de réactifs)
. de masques agrées
Une des questions qui a été soulevée (mais non résolue) est la technique du « traçage » (anonyme et non piratable) utilisée dans d’autres pays : trouver (grâce au mobile) toutes les personnes en contact avec la personne atteinte et les isoler.
Question :
L’épidémie peut-elle s’arrêter d’elle même ? Non pas dans ces conditions.
Peut-on déconfiner d’abord les régions moins atteintes ? On peut, mais elles sont ouvertes, donc des personnes peuvent amener le virus.
Nos exigences
Le Conseil scientifique, mis en place par le gouvernement, a des inquiétudes sur la date prévue pour le déconfinement, nous aussi !
Nous reprenons à notre compte son injonction de « s’appuyer sur les instances déjà existantes et leurs réseaux », « de créer une démocratie sanitaire » et «un comité de liaison sociétale »
Conditions préalables :
. le principe de précaution doit l’emporter sur les questions économiques dans le domaine de la santé publique.
. il faut soumettre la sortie du confinement à la capacité hospitalière réellement disponibles autour des pôles de déconfinement (Proposition syndicale)
Pour les écoles, pas de réouverture :
. sans tester massivement les adultes, les élèves et leurs familles
. sans équipement gratuit de tous.toutes en matériel de protection (masques, gel, savons, gants…)
. sans réaménagement des espaces de restauration, récréatifs, de déplacement (couloirs, escaliers…)
Pour le travail, pas de reprise :
. Sans sécurisation des transports en commun
. Sans l’organisation de mesures de sécurité
. Sans adaptation des postes de travail pour minimiser les risques
Nous avons le sens de l’intérêt collectif et nous pouvons réfléchir avec d’autres sur ce qui est le mieux en l’état actuel de la crise sanitaire.
«Faire confiance pour garder la confiance »
Danielle Carasco et Cécile Leroux
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“Réseau Plus jamais ça 05, construisons le monde d'après” Communiqué 3 rencontres ouvertes à tous : Urgence sociale // Démocratie sanitaire // Construire l’après
Les politiques néolibérales menées depuis des décennies par les gouvernements successifs pour
promouvoir un système économique destructeur ont conduit l'humanité et l'environnement au bord
du chaos. La pandémie actuelle est la dernière manifestation dramatique de cette réalité. A cela
s'ajoute, pour la France, l'incurie d'un gouvernement qui, averti, depuis deux ans, de la pénurie de
masques, de l'absence de plan de prévention des épidémies - abandonné par ses prédécesseurs au
nom de la "nécessaire rigueur budgétaire"- a préféré fermer les yeux. Sa gestion de l'épidémie,
depuis deux mois, est marquée par une succession de mensonges et d'injonctions contradictoires. Il
navigue à vue entre nécessité sanitaire et volonté de relancer, quoiqu'il en coûte, l'économie dans les
meilleurs délais, bien décidé à faire payer une nouvelle fois la crise économique née de l'épidémie
aux salarié-e-s du privé et du public, aux indépendants, aux artisans et commerçants, ainsi qu'aux
chômeur·euse·s et aux retraité·e·s.
Face à cette situation où s'accumulent les menaces sanitaires, écologiques et sociales, la
responsabilité de ceux et celles qui refusent que le monde d'après soit le monde d'avant est engagée.
C'est pour répondre à cet enjeu qu'un réseau de citoyens et d'organisations syndicales, mutualistes,
associatives et politiques s'est constitué dans les Hautes Alpes, en référence à l'appel "Plus jamais
ça", lancé par 18 responsables associatifs et syndicaux. Après une première visioconférence qui s'est
tenue le jeudi 23 avril à laquelle ont participé près de 40 personnes venues de l'ensemble du
département, il a été décidé de se concentrer dans l'immédiat sur l'urgence sociale et la question du
déconfinement, sans oublier la nécessité de commencer à penser et préparer le monde d'après.
Nous proposons trois nouvelles rencontres en visioconférence, ouvertes à tous :
- Sur l'urgence sociale le jeudi 30 avril à 18h : près de 20000 personnes vivent en dessous
du seuil de pauvreté dans les Hautes Alpes, avec la perte de revenus liée au confinement,
beaucoup d'entre nous voient leur situation se dégrader . Sans se substituer aux
organisations humanitaires, le réseau veut créer des synergies, aller à la rencontre des plus
précaires et exiger auprès des collectivités locales et de la préfecture que les fonds prévus
soient débloqués dans les meilleurs délais. C'est un monde solidaire que nous voulons pour
demain.
- sur le déconfinement (la démocratie sanitaire), le lundi 4 mai à 18h : nous sommes
traités comme des enfants, au mieux comme des spectateur-trice-s impuissant-e-s attendant
l'oracle présidentiel. C'est insupportable, les citoyen-ne-s doivent prendre leurs affaires en
main et être partie prenante des décisions à venir. C'est une question fondamentale qui
illustre le besoin profond de reconstruire une démocratie véritable.
- Sur le monde d'après que nous voulons construire, le vendredi 8 mai à 18h :
Commençons dès à présent à confronter nos propositions.
Rdv visio sur https://meet.jit.si/plusjamaisca05
Le réseau est en formation, il demeure ouvert à toutes celles et ceux qui veulent s'y joindre et participer à sa
construction et à celle d'un monde d'après, solidaire, démocratique et écologique.
Réseau plus jamais ça 05, construisons le monde d'après, constitués de citoyen-ne-s et d'organisations dont la liste
n'est que provisoire (ATTAC, la CGT, la FSU, Sud solidaires, Alp'ternatives, UCL 04/05, les collectifs Jaune Toujours,
Intersanté des Alpes du Sud, Printemps heureux, la Mutuelle de France Alpes du sud, Guillestre Demain, Ensemble!, la
FI, Gap autrement, le PCF)
Pour prendre contact avec nous : laurenteyraud1@gmail.com herissonbertrand@orange.fr -
La position des Mutuelles de France.
Par Jean-Paul Benoit, président de la Fédération des mutuelles de France
Aux prises avec l’épidémie de Covid-19, les inégalités de santé et d’accès aux soins, inégalités sociales, de genre, d’âge, culturelles, territoriales, ne sont plus solubles dans les « beaux discours » néo-libéraux. Même la charité, plus ou moins bien ordonnée, ne parvient plus à les dissimuler. Ces inégalités apparaissent au grand jour, telles qu’elles sont vécues depuis des décennies, cruelles, injustes, violentes. Elles s’aggravent même et signent l’échec de l’approche marchande de la santé.
Cet échec est douloureux car la santé et l’accès aux soins sont au cœur de la condition humaine. Leur marchandisation en fait un luxe donc, pour certains, un interdit, alors qu’ils doivent être d’abord le bien commun de tous. Pour ceux qui en doutaient, l’épidémie rappelle concrètement que nous sommes des êtres sociaux et que la santé d’autrui affecte la santé de chacun. En faisant de la santé un marché de services et de la protection sociale, une part de marché à conquérir, on a individualisé, saucissonné une question sociale globale.
Il y a trente ans, une campagne mutualiste proclamait déjà : « mon corps n’est pas une bagnole ». Alors que sévit le Covid-19, cette vérité s’impose avec plus de force encore : « mon corps n’est toujours pas une bagnole ! » Alors, c’est une autre société qu’il faut réinventer, « pas à pas, humblement », dit le poète, avec détermination aussi.
Le nouveau modèle que nous voulons ne peut naître que du débat démocratique
Nous n’avons pas besoin d’un « acte 2 » d’un « nouveau départ », d’une « refondation » venue d’en haut… Nous voulons une société des beaux jours plutôt que des beaux discours, une société basée sur un modèle solidaire, libre, créatif et accueillant.
Nous voulons un modèle solidaire qui s’appuie sur une sécurité sociale de haut niveau financée en sollicitant une part de l’ensemble des richesses produites, pour rendre accessible à chacune et à chacun les soins dont il a besoin, quel que soit son genre, son statut, son origine, son âge, son orientation sexuelle, son lieu d’habitation.
Nous voulons un modèle innovant qui tire partie de l’ingéniosité mutualiste, cette longue tradition démocratique qui consiste à mettre des moyens en commun, sans but lucratif, pour répondre aux besoins humains et préserver des aléas de la vie.
Nous voulons un modèle humain, qui considère la patiente, le patient, qui respecte les personnels soignants et non-soignants requis dans la démarche de soins, et offre les moyens de créer des relations de soins fructueuses et bienveillantes.
Nous voulons un modèle social qui garantisse l’accès aux biens de santé que sont les médicaments, les tests de dépistage, les accessoires de santé, par la programmation des besoins, la transparence des processus de fabrication et d’approvisionnement.
Nous voulons un modèle économique qui permette à chacun de s’épanouir dans des conditions de vie, de logement, d’éducation, de culture, de santé dignes.
Nous voulons un modèle politique qui préserve le trésor qu’est la liberté, la liberté d’aller et de venir, la liberté de penser et de dire, la liberté de créer et d’inventer.
Pendant la pandémie de Covid-19, pour faire face à la pénurie de biens de santé, à l’asphyxie financière de l’hôpital public, aux crises non résolues du système de santé, les pouvoirs publics ont fait appel à la responsabilité individuelle. Le confinement et les recommandations de distanciation sociale permettent à notre système de santé d’absorber tant bien que mal le choc épidémique. Demain, il ne serait pas acceptable révoquer cette responsabilité individuelle et de recommencer à penser et à décider à la place des citoyens pour construire la société de l’après-crise. Le temps vient de discuter et de confronter nos points de vue, sur la base de cette expérience douloureuse et singulière qui a décillé bien des regards. Le nouveau modèle que nous voulons ne peut naître que du débat démocratique qui seul permettra de transformer le fond de l’air solidaire qui s’est levé en détermination politique au changement.
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Le jour d'après a commencé
du 24 avril 2020