Sandrine Giaime se présente comme une “infirmière ordinaire” mais elle est aussi une militante syndicale à la CGT. Alors que la pression de la pandémie sur les services de santé est de plus en plus concrète, elle nous livre un récit factuel sur l’état de son travail, et de celui de ses collègues, au sein de l’Hôpital psychiatrique de Laragne.
Vendredi
Vendredi dernier en urgence nous sommes allés chercher des tenues pour le week-end mais il n'y en aura pas suffisamment pour la semaine d'après et les tailles sont aléatoires par manque de stock. Les visiteurs ont eu le droit de venir 1 personnes à la fois. Mais en psychiatrie malheureusement peu de patients ont de la visite.
Les écoles ferment, les agents travaillant à l'hôpital ne peuvent pas s'arrêter pour garder leurs enfants. La mairie de Laragne demande aux familles d'appeler ce jour-là entre 14h00 et 16h pour inscrire les enfants.
Les horaires de garderie ne correspondent pas aux horaires hospitaliers. En temps normal, les nounous assurent le périscolaire mais elles n'ont plus le droit désormais. Pour les plus grands de moins de 16 ans et habituellement autonome avec les transports scolaires, ils sont coincé seul chez eux car les transports sont arrêtés.
Les enfants des salariés de l'hôpital non pas le droit au confinement pour se protéger. Ils continuent à être en groupe quand c'est possible.
Lundi
Lundi, le port du masque devient obligatoire mais il n'y a que 2 boîtes pour tout le service. La pénurie est malheureusement nationale. Il nous est demandé de garder le même pendant tout notre service puis de le mettre dans une enveloppe pour le réutiliser dans 15 jours ! Sera-t-il de nouveau neuf ?
Le gel hydroalcoolique est rationné, mais nous privilégions de toutes façons le lavage des mains au savon.
Nous avons des permis de circulation fait par la direction pour nous rendre au travail.
Pour les patients hospitalisés les visites sont interdites.
L'hôpital de Laragne a uniquement des services de psychiatrie ouverts. Mais actuellement les patients ne peuvent plus sortir de l'hôpital. Ils sont limités pour aller retirer de l'argent. C'est un soignant qui va faire les achats groupés de tabac 3 fois par semaine pour diminuer les déplacements. Cette gestion est compliquée pour la population que nous accueillons.
Mardi
Mardi les personnes ayant la santé fragile se mette pour certaines en arrêt de travail, nous sommes donc à un niveau critique du nombre de psychiatres. Elles ne sont plus que 2,5 équivalent temps plein (au lieu de 7…) pour la psychiatrie adulte qui s'étant de Laragne à embrun et ses environs.
Les accueils des adultes et enfants en ambulatoire sont réduits. Mais cette situation génère de l'angoisse chez les plus fragiles. De nombreux patients nous téléphone pour être hospitalisés mais nous n'avons plus de place car 15 lits ont étaient fermés il y a quelques jours.
Toutes ces restrictions et contraintes font que des personnes qui étaient en passe de se stabilisés rechutent. Et d'autres en détresse ne peuvent pas être accueillies.
Si l'épidémie prend de l'ampleur, nous pouvons être appelé à renforcer le CHICAS et/ou accueillir des malades du covid 19 en ouvrant un service en urgence. Dans ces 2 cas, nous serions en grande difficulté en nombre de personnel.
Les personnels les plus précaires même avec une santé fragile restent au travail avec angoisse car nous avons une prime de fin d'année soumise à présence équivalente à un 13ème mois dont ils ne peuvent se passer.
Le travail des ASH monte en charge car les désinfections surtout des poignées de porte sont augmentés.
Dernière nouvelle il ne reste plus qu'un chauffeur au lieu de 4, tous en arrêt maladie mais pas à cause du coronavirus. Les électriciens et plombiers remplacent les chauffeurs en arrêt de travail pour que nous soyons livrés en linge, nourriture et médicaments.
Il ne faut pas parler que des soignants. Les autres agents sont aussi en contact avec les patients et touchés par les arrêts maladies en cascade.
Sandrine Giaime
Hôpital de Laragne
- 75 personnes âgées EHPAD et Usld. Du médico social (MAS et FAM).
- Nous avons un CMP à veynes, à Gap à embrun et à laragne. Des appartements thérapeutiques à Gap et laragne. Des hôpitaux de jours à Gap et laragne.
- Un service d'addictoligie à laragne.
- Nous intervenons aux urgences de gap (et dans tout le CHICAS) et embrun.
- La pédopsy est à Laragne, Briancon et surtout Gap où sont les lits d'hospitalisations.
Nous suivons plus de 3000 personnes.