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Paris, 5 avr 2019 (AFP) - 15h24 heure de Paris – Plus d'une centaine de députés d'opposition demandent au gouvernement de s'opposer à l'ouverture à la concurrence des barrages hydroélectriques voulue par Bruxelles, dans une proposition de résolution transmise vendredi à l'AFP. La Commission européenne a adressé fin novembre une nouvelle mise en demeure à la France, lui demandant "un calendrier précis" de mise en concurrence d'un "nombre significatif" de concessions hydroélectriques actuellement exploitées par EDF. Les parlementaires souhaitent que l'exécutif se rapproche des sept autres pays de l'UE ayant également reçu des mises en demeure, parmi lesquels l'Allemagne, l'Italie, la Pologne, le Portugal et la Suède, pour obtenir l'exclusion du secteur hydroélectrique du champ des directives de 2006 et 2014 imposant la mise en concurrence dans les services et les contrats de concession. Parmi les signataires de la proposition de résolution qui va être déposée lundi, figurent des élus de gauche et de droite, dont Hubert Wulfranc (PCF), à l'initiative de la démarche, Julien Aubert (LR), Jeanine Dubié (Libertés et territoires), Marie-Noëlle Battistel (PS), Loïc Prud'homme (LFI) ou encore, l'ex-ministre de l'Ecologie Delphine Batho (non-inscrite). Cette initiative intervient en plein débat sur les privatisations des Aéroports de Paris et de la Française des jeux et du désengagement de l'État du groupe Engie, acteur industriel majeur de l'énergie en France, qui oppose majorité et opposition sur le rôle de l'État. "Un large consensus se dessine (...) dans la population comme chez les élus locaux et nationaux, pour rejeter comme dangereuse et irrationnelle l'ouverture d'un secteur stratégique au plan économique, social, environnemental, qui s'adosse à un patrimoine financé de longue date par les Français et conservé en excellent état", écrivent les députés dans la présentation de leur résolution. Pour les signataires, l'hydroélectricité représente "un secteur stratégique" pour la France, "tant pour la production d'électricité renouvelable que pour la gestion de la ressource de l'eau". "Les barrages sont encore la première source d'électricité renouvelable, produisent 12% de notre mix électrique et sont le seul outil de stockage de l'électricité", écrivent les députés, qui pointent également "l'enjeu industriel" d'un secteur qui "emploie 25.000 personnes et génère 1,5 milliard de recettes publiques". Soulignant également le rôle environnemental des barrages "en matière d'irrigation agricole, de fourniture d'eau potable, de soutien d'étiage ou de tourisme", ils pointent enfin l'aspect sécuritaire d'un secteur concernant "la gestion des crues ou la fourniture d'eau froide pour les installations nucléaires". pr/reb/eb EDF - ELECTRICITE DE FRANCE |