Qu’est-ce que l’extrême pauvreté ? Les personnes sans abri ont-elles recours aux prestations et services de protection sociale ? C’est à ces questions que répondent les deux dossiers du recueil "Minima sociaux et prestations sociales" publié en 2015 par le ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes.
En France métropolitaine, 2,3 millions de personnes sont dans une situation de pauvreté extrême. Elles vivent avec moins de 660 euros par mois, alors que le seuil de pauvreté monétaire est estimé à 987 euros mensuels. En 2012, elles représentent 3,7% de la population. Leur nombre a augmenté progressivement depuis la crise 2008-2009 et l’aggravation du chômage. Les moins de 25 ans, les immigrés, ainsi que les personnes isolées et les familles monoparentales sont particulièrement touchés. Leurs ressources proviennent en partie des prestations sociales, qui représentent la moitié de leur niveau de vie. Selon l’étude, en l’absence du système de redistribution, l’extrême pauvreté serait plus étendue et affecterait 12% de la population (et non pas 3,7%). Néanmoins, seuls 40% vivent dans un ménage ayant perçu un revenu minimum garanti, en particulier le revenu de solidarité active (RSA). Les autres n’y ont pas recours ou ne sont pas éligibles.
En 2012, 40% des 66 300 sans-abri francophones ne perçoivent aucune prestation sociale. Leurs caractéristiques sociodémographiques ne correspondent pas toujours aux critères d’éligibilité des prestations (âge, conditions de séjour, nombre d’enfants). 60% sont étrangers et plus du tiers ont moins de 30 ans. Parmi les personnes potentiellement éligibles, le RSA constitue la principale prestation perçue : 40% en ont bénéficié. Néanmoins beaucoup ne l’ont pas demandé, pensant ne pas y avoir droit. Par ailleurs, peu de personnes sans domicile font appel aux services d’hébergement ou au 115. Ce non-recours peut s’expliquer par la saturation du dispositif et l’absence de places d’hébergement disponibles.