Publié par : http://www.cafepedagogique.net
Le : 06/05/14
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Réuni le 5 mai, le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) a rejeté
nettement, par 31 vois contre, 3 pour et 27 abstentions le décret sur
les expérimentations de rythmes scolaires présenté par Benoit Hamon.
Apparemment le rejet est plus net que pour le décret Peillon qui avait
eu 23 voix contre et 5 pour.
Apparemment aucun consensus ne peut être trouvé sur les rythmes
scolaires. Mais dans la réalité il est bien possible que ce soit juste
le contraire. C'est ça le CSE...
Un premier décret sur les rythmes scolaires avait été présenté le 8
janvier 2013 par Vincent Peillon. Il instituait une semaine de 9 demi
journées de classe avec 3 heures de TAP, c'est à dire d'activités
périscolaires, et un maximum de 5h30 de cours par jour. Après près de 2
ans de batailles et d'agitation contre ce texte, après l'éviction de V.
Peillon, Benoît Hamon a voulu tourner la page. A peine un mois après sa
nomination, il présente un projet de décret qui ne remplace pas le
décret Peillon mais autorise des "expérimentations". Le ministre affiche
la continuité avec V Peillon mais cherche un équilibre entre les
attentes des différentes parties. Derrière les promesses de continuer la
refondation, les propositions ministérielles cherchent à satisfaire les
demandes des uns et des autres. Ainsi le décret Hamon donne la
possibilité du retour à 8 demi journées de classe, avec 6 heures de
cours par jour, même si le principe de 5 matinées de classe est
maintenu. C'est aussi la reconnaissance du rôle du conseil d'école dont
l'avis est indispensable pour monter l'expérimentation alors que de
nombreux maires avaient accordé peu d'attention aux enseignants dans le
cadre du décret Peillon. Le décret permet aussi de regrouper les TAP sur
une seule demi journée. Cela avantage toutes les parties et surtout les
maires qui auront une gestion plus facile du périscolaire et peut-être
moins d'enfants à prendre en charge si cet après-midi est le vendredi.
C'est cette proposition qui a été largement repoussée le 5 mai.
Le Snuipp, premier syndicat d'enseignants du primaire, a voté contre. "
Sur le papier, cette organisation de cinq matinées et trois après-midi
portée par le SNUipp-FSU peut s’avérer intéressante notamment pour les
enseignants. Mais, dans les faits, et au vu des délais, il est fort
probable que parmi tous ceux qui le souhaitent, très peu pourront la
mettre en œuvre. Pour le SNUipp-FSU, c’est donc trop peu et trop tard".
Le syndicat continue à demander la réécriture du décret Peillon. La CGT
craint avec ce décret le creusement des inégalités territoriales. La
Fcpe a aussi voté contre le décret mais sur une toute autre base. Pour
elle, " au-delà de 5 heures par jour, un élève de primaire n’a plus les
mêmes capacités d’apprentissage et de mémorisation" et donc la
possibilité d'aller jusqu'à 6 heures de classe par jour, comme sous
Darcos, semble inacceptable. " Alors que le précédent décret était fait
dans l’intérêt des élèves, vous nous proposez aujourd’hui de l’assouplir
pour obtenir la paix sociale avec une infime minorité de maires", écrit
l'association de parents. " Finalement, pour satisfaire les 5 %
d’opposants, vous nous faites des propositions d’assouplissement en
prenant le risque de donner raison à vos détracteurs. Le gouvernement de
combat refuse-il déjà de se battre ? Vous nous présentez ce décret comme
un texte permettant des expérimentations, mais encore faudrait-il
qu’elles aillent dans le bon sens, celui des élèves, du respect de leurs
rythmes d’apprentissage". Clairement la Fcpe vote contre le décret pour
des raisons inverses du Snuipp et de la Cgt...
Les syndicats Unsa et Sgen se sont abstenus. " Le SE-Unsa et les
syndicats de l’Unsa-Education se sont abstenus sur le décret après que
le ministère a accepté un amendement mettant en avant le bien-fondé
éducatif de tout projet comme premier critère de validation par le
recteur. Le ministère s’est également engagé, à notre demande, à
indiquer clairement dans la circulaire que la durée de deux semaines des
petites vacances ne pouvait pas être remise en cause et à rendre le PEDT
obligatoire pour tous les projets qui seront déposés pour la rentrée
2015. Tout renouvellement d’expérimentation sera aussi conditionné par
l’existence d’un PEDT", écrit le Se Unsa. Pour Christian Chevalier,
secrétaire général du syndicat, interrogé par le Café, "le décret laisse
trop d'espace aux Dasen". Le syndicat y voit "un vrai risque" qu'ils
acceptent des projets trop éloignés des ambitions de la refondation.
La Peep est la principale organisation à avoir voté pour le décret. Pour
elle, "les assouplissements proposés constituent une avancée notable,
même s'il est regrettable que la maternelle n'ait pas été exclue de
l'obligation d'application de cette réforme".
Ainsi le rejet du décret semble plus net encore que pour le décret
Peillon. Faux ! clame le Se Unsa. "Les votes sur les amendements
proposés par les différentes organisations sont très clairs : le Conseil
Supérieur de l’Education soutient massivement la réforme des rythmes
scolaires", affirme-t-elle. Ce serait aussi la lecture de Bertrand
Gaume, directeur du cabinet de B Hamon.
Ce décret rejeté aussi massivement ne sera donc pas appliqué ? Tout
prévoit le contraire. Un nombre important de communes devrait demander à
bénéficier du regroupement des TAP sur une demi journée. Cette
proposition risque fort d'être soutenue par les conseils d'école. Ce
décret mal aimé pourrait rapidement devenir la loi générale ce qui
permettrait au gouvernement de sortir de ce conflit. Il y a un
précédent. En 2008 le même CSE avait voté contre le décret Darcos
instituant 4 jours de classe par semaine. On connait la suite...
François Jarraud