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Le directeur de la Banque centrale européenne, un ancien de Goldman Sachs, affirme dans le Wall Street Journal que "le modèle social européen est mort". Médiapart - 3 mars 2012 Pendant les premiers quatre mois de sa présidence à la Banque centrale européenne, Mario Draghi a d’abord consacré son temps et ses forces à parer au plus pressé : éteindre l’incendie dans la zone euro. Il a noyé les marchés sous une montagne de liquidités et de facilités financières, au point que le bilan de la BCE, en quelques mois, est plus dégradé que celui de la Réserve fédérale au bout de quatre ans de crise. Mais cela a apporté un répit, au moins momentané : les fortes tensions sur les dettes se sont un peu dissipées et le plan de sauvetage de la Grèce a été adopté par les pays de la zone euro. Fort de ce succès, le président de la BCE s’autorise maintenant à aller sur le terrain politique, domaine où jusqu’alors il n’avait osé s’aventurer. Dans un entretien au long cours au Wall Street Journal, Mario Draghi livre sa vision politique de l’Europe et de sa mission. Pour lui, « il n’y a pas d’alternative » aux mesures d’austérité imposées aux pays de la zone euro. « Il n’y a pas de compromis possible entre les réformes économiques et l’austérité fiscale. Rediscuter les objectifs budgétaires entraînerait une réaction immédiate des marchés », prévient-il. L’avertissement semble valoir pour tous. Autant pour l’Espagne, qui, en pleine récession, demande à revoir le plan d’austérité qui lui a été imposée, que l’Irlande, qui elle aussi redemande à renégocier les conditions de son sauvetage, ou la Grèce qui pourrait être tentée de redéfinir les termes imposés par l’Europe après les élections législatives d’avril, voire la France, à la veille de l’élection présidentielle. > Alors que les plans d’austérité imposés à l’ensemble de l’Europe sont de plus en plus discutés, Mario Draghi considère que le débat n’a pas lieu d’être : « le modèle social tant vanté de l’Europe est mort », tranche-t-il. La sécurité de l’emploi et les filets de sécurité sociale ne peuvent plus exister. Jamais banquier central européen n’avait parlé aussi clair. Son entourage a certainement dû voir le danger d’une déclaration aussi brutale de la part d’un dirigeant non élu : la première version de l’entretien a disparu, remplacée par des propos plus diplomatiques : le modèle social européen est seulement en train de disparaître, sous l’effet du chômage. Avec pour précisions : « Il y avait une époque où l’économiste Rudi Dornbusch avait l’habitude de dire que les Européens étaient si riches qu’ils pouvaient se permettre de payer les gens pour ne pas travailler. C’est fini ». Pour lui, les pays européens n’ont plus le choix. Ils doivent renoncer à leur passé, appliquer l’austérité et la déflation sociale, et aller vers une union encore plus étroite et plus contraignante entre eux. Mais le président de la BCE en est persuadé : après tous ces efforts, la prospérité reviendra en Europe. Plus tard. Un jour. |