Sarkozy est dans une situation difficile. Pour beaucoup, l'hyper président est devenu un pitre qui amuse la galerie pour la détourner des vrais problèmes.
Mais, comme le dit un lecteur de Rue 89, c'est un pitre maladroit : « Il faut admirer la performance. N.Sarkozy et sa bande de sinistres ont réussi à se mettre à dos les juges, au point que ceux ci se mettent en grève, la police, au point qu'elle émet des signes de mécontentement, et les procureurs, maintenant. Magnifique, on attend la suite. Encore un an pour bien rire ! »
Pourtant, on ne peut en rester à l'amuseur public qui fait rire. Sa prestation télévisée du jeudi 10 au soir ne fait qu'accroître le ridicule : « Nous n'avons rien vu venir ni en Égypte, ni en Tunisie. Les voyages des ministres n'ont rien coûté et je fais le nécessaire pour que ça s'améliore... Je pleure sur le sort des pauvres, des vieux, de tout le monde... »
Le bateleur a fait une opération de « com » pour dire sa compassion sur les malheurs des français. Sa seule annonce est la promesse de débloquer des fonds pour les chômeurs de longue durée. Quand on sait les résultats du « plan rebond » qui ne devait pas laisser un chômeur en fin de droits sur la touche, on mesure ce que valent ces promesses.
Le propagandiste a fait « flop ».
Il renoue avec l'arme de la peur et de la sécurité lorsque, « démago », il revient sur la responsabilité prétendue des juges et des policiers à propos du crime de Pornic. Prétend-il défendre « les victimes » depuis bientôt dix ans qu’il est ministre ou président ?
Là encore, il a largement raté son coup. Non seulement il a provoqué une mobilisation sans précédent des juges et des autres acteurs du système judiciaire mais aussi de la police qui bénéficiait pourtant de sa mansuétude et du soutien d'Hortefeux.
Il a réussi à faire sortir de leur position d'attentisme une grande majorité de magistrats. Plus qu'un réflexe de corps, c'est la prise de conscience brutale de l'instrumentalisation de la justice par un exécutif autoritaire, au mépris de la loi.
Mais c'est aussi la casse de l'ensemble des services publics qui apparaît au grand jour. Partout, la Révision Générale des Politiques Publiques et les restrictions d'effectifs vident de leur sens le travail des fonctionnaires, au nom d'une logique du profit à très courte vue.
Ce même jour, les enseignants manifestaient dans la rue contre les conséquences de ces mêmes politiques sur le droit à l'école. Ce même jour également, élus locaux et associations manifestaient, sans le regard médiatique, contre les restrictions de crédits pour les quartiers populaires.
Devant la montée des résistances et des contestations, le pouvoir pratique une fuite en avant offensive : pas question de renoncer aux politiques néolibérales. Au contraire, il faut les amplifier !
La réponse à la justice, aux enseignants, est déjà présente dans le discours adressé aux fonctionnaires, traités de « privilégiés », qui devraient accepter de travailler plus et renoncer à la qualité du service.
Chacun aura noté que TF1, dans son souci de servir la soupe, a évité de mettre en question la santé publique. Malheureusement (mais est-ce un hasard ?), le temps a manqué pour parler du Médiator de l'ami Servier. Mais nous sommes rassurés ! Le président nous a garanti que, demain, il nous protègera... sans dire comment !
En revanche, il y a eu, de la part de Sarkozy et de sa télé, une mise en scène dramatisée de la question de la dépendance pour justifier des décisions rapides. On sait que ce battage est destiné à ouvrir la voie aux assurances privées obligatoires. C'est le début de la remise en cause de la Sécurité Sociale.
On voit bien que Sazkozy n'est pas un pitre amusant, mais un pitre dangereux qui continue à détruire ce qui permet de vivre ensemble solidairement.
Vraiment, il y a urgence à créer les conditions d'une alternative !