Quand Politis titre « 120.000 signataires », le jeudi 18 novembre, le compteur en est à 189.106. Ce phénomène mérite un essai d’explication et de mise en perspective.
L’Appel paru dans l’hebdomadaire, avec 23 signatures, le 11 octobre, a atteint le chiffre, encore modeste de 5.000 au début du mois de novembre.
Le fait politique est là. Cette brusque progression se fait de son propre élan : sans autre relais que l’opinion publique militante, la reprise par divers réseaux d’information, bref l’usage actuel d’internet, (www.referendumretraites.org) une affirmation du sens politique de ce mouvement de rejet de la loi sur les retraites. Cela devrait faire réfléchir les observateurs et les responsables syndicaux : mobilisations d’ensemble, grèves et initiatives d’appels et de pétitions sont complémentaires. La demande démocratique, portée par la grande majorité de la population est d’avoir un vrai débat sur les retraites : combien de personnes qui n’ont pu participer qu’à une ou deux manifestations partageaient et partagent encore cette exigence ?
Notre société, avec ses formes d’atomisation des statuts et des situations, connaît également de vives prises de consciences communes : le refus des destructions provoquées par la recherche du profit spéculatif maximum, le refus de ce mépris pour les « gens de la moyenne » au nom de la présidence des riches, la méfiance pour les politiques, répressives, anti-démocratiques, xénophobes. Cela était visible dans les manifestations ; cela a été visible dans le soutien matériel aux grévistes venant d’un grand nombre de personnes qui ne se sentaient pas en situation, elles-mêmes, de peser par la grève.
Tout cela se retrouve dans le soutien actuel à cette demande de référendum.
Nous avions écrit, dans la Lettre du site n° 36, du 16 septembre (www.lafederation.org) : En réalité, cette réforme est rejetée par le plus grand nombre. S’il voulait démontrer le contraire, Sarkozy devrait soumettre une question simple sous forme de référendum : « Oui ou non, voulez-vous que ce projet de réforme soit adopté? ». Il pourrait aussi jouer du De Gaulle : « Je dissous l’Assemblée! Prouvez qu’une majorité différente existe ! Sinon acceptez ! »
Sarkozy ne fera ni l’un ni l’autre sauf si une crise politique imposée par un mouvement de grève généralisée et reconductible l'y contraint. Voilà comment se dessine l’horizon avant le 23 septembre.
Pendant plusieurs semaines, beaucoup ont craint que de telles initiatives politiques affaiblissent la priorité à la question, en effet décisive, de la généralisation des mouvements de grève et de la participation aux manifestations.
Nous maintenons cette exigence parce que, pour les mois qui viennent, Sarkozy et le MEDEF sont loin d’avoir gagné.
Jusqu’où cet appel va-t-il s’étendre ?
Mesurons les perspectives dites par les uns et les autres, puisqu’il n’y a pas de procédure imposant un référendum que seuls le Président et le Premier ministre peuvent décider dans les institutions de la 5e République. Les uns espèrent un million au moins, d’autres se mettent à viser 10% du corps électoral, soit plus de 4 millions. Ce qui serait un événement politique incontournable, pour les médias comme pour le pouvoir.
Mais l’essentiel ne peut être dans des pronostics. Que cette exigence soit reprise par le plus possible d’organisations, par le Collectif national « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites », ce serait déjà un succès. Un million, des millions de signatures ne se feront pas sans une grosse campagne de terrain, avec collecte de signatures dans les rues, sur les marchés, partout où cela est possible. Une telle campagne ne peut se faire dans le rassemblement, avec des collectifs unitaires actifs partout.
Le but est de frapper d’illégitimité cette loi ; les grèves et les manifestations y ont contribué, mais la pétition en est un instrument utile, inscrit dans la durée, au moment où les complices du Président ont essayé de faire croire que le vote des députés godillots dans l’Assemblée devrait imposer la fin de toute contestation.
Le but est aussi d’encourager toutes celles et ceux qui ne veulent pas laisser passer la poursuite de cette politique, sur la santé, les services publics… les signatures de cette pétition signifient clairement : nous sommes toujours là. Et c’est pour cela qu’il faut souhaiter que de nombreuses organisations politiques de gauche et les syndicalistes reprennent à leur compte cette initiative. Cela met le pouvoir de droite en position de faiblesse, miné par les désaveux maintenus. Un rejet qui frappe tous les aspects de sa politique.
Le but, enfin, est de faire sentir qu’une volonté de transformation démocratique de nôtre société est fortement présente. Pas seulement comme un espoir individuel, face aux gâchis de la droite sur le plan social, écologique, culturel, économique, humain … Mais comme une force politique : plus nous serons nombreux à le signer, à le faire connaître, à en assurer le succès et plus nous aurons affirmé un mouvement pour un changement de notre société.
Une force se rassemble et prend confiance dans ses possibilités de rassembler : pour une transformation sociale et écologique, pour une démocratie qui puisse changer les conditions et les buts de la production, qui veille à l’égalité réelle de toutes et tous.
Fédérer dans la diversité les groupes de toute nature pour renforcer cet élan populaire autour d’un appel qui porte indissociablement les exigences sociales et démocratiques, n’est-ce pas là une perspective porteuse d’enthousiasme ?
Fédération pour une Alternative Sociale et Écologique (FASE)
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Courrier : Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE) 20 rue Chaudron 75010 PARIS
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