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L'inquiétude du monde culturel entre en scène à Avignon

Dénonçant les coupes budgétaires qui touchent le spectacle vivant et redoutant les effets de la réforme des collectivités, les professionnels de la culture ont manifesté hier en marge du festival

Selon les syndicats, une baisse de 5% des budgets conduirait à la suppression de 800 emplois permanents.

Selon les syndicats, une baisse de 5% des budgets conduirait à la suppression de 800 emplois permanents.

Photo ange esposito

À leur manière, plus radicale, les militants de Sud culture avaient déjà porté le premier coup de semonce sur la scène d'Avignon, il y a une semaine, en pleine première du In, en interpellant Frédéric Mitterrand sur le financement du spectacle vivant, lequel n'avait d'ailleurs pas donné la réplique. Hier, à l'appel du syndicat CGT-spectacle, rejoint par trois organisations d'employeurs (SNSP, Syndeac et Ufisc), plus de 500 professionnels de la culture, voyant leur "avenir plus que jamais déchanter", espéraient, eux, pouvoir frapper dans les rues de la ville les trois coups d'un été social "qui fera ricochet dans les autres festivals avant une grande bagarre à la rentrée".

Seul le lieu de départ de la parade, à 14h30, était connu : le Palais des Papes. En haut des marches, artistes et syndicats ont lancé le défilé. François Le Pillouer, directeur président du Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles), se chargeait d'indiquer la marche à suivre: "Il faut se rebeller, c'est maintenant que notre avenir se joue. Jamais nous n'avons été aussi menacés!" Dans la petite foule, de l'actrice Jane Birkin au conseiller régional PS Patrick Menucci en passant par Jean, 32 ans, un intermittent qui bosse occasionnellement sur des chantiers, on apprécie, en ce festival, de ne plus courir pendant un instant...

Surtout Jean, un Breton, qui fait du cirque. Car si le budget alloué par l'État au spectacle vivant devait diminuer de 5% en 2011 et si la reforme des collectivités territoriales devait en plus priver d'air des structures déjà malmenées par la réforme de 2003 sur l'allocation des intermittents, il ne voit pas comment tenir. "J'ai l'impression de courir après du vent, explique-t-il.

On m'a annulé trois spectacles cette année. Les petites scènes souffrent et, nous, on n'a plus de subvention pour faire de la création." Pour François Le Pillouer, la nouvelle équation conduirait "à une purge drastique". Directeur du théâtre national de Bretagne, il a dû supprimer 5 représentations sur 25 : "Avec les gels de budget, on a l'impression qu'on nous demande soit de supprimer les spectacles, soit de licencier du personnel. Les gros vont maigrir et tous les maigres vont mourir."

Lui emboîtant le pas, Jean-François Pujol, secrétaire général adjoint de la Fédération des syndicats de la CGT-spectacle, vacille : "On n'a jamais connu cela dans l'histoire du ministère. Il y a eu un peu de yo-yo, moins 1%, moins 2%... Les pires années moins 3%. Là, moins 5 %, cela veut dire que beaucoup de festivals, beaucoup de compagnies vont disparaître. Or, d'ores et déjà, de nombreux camarades salariés quittent cette profession, parce qu'ils ne trouvent plus de travail. C'est une agression sans précédent contre l'imaginaire."

À hauteur de la rue de la République, Louise, 29 ans, une "théâtreuse" de Lille, rattrape, dégoulinante de sueur, le cortège plutôt silencieux. Sitôt son spectacle terminé, elle voulait "être là". Pour éviter, comme cette année, d'essuyer les refus de nombreuses scènes lui assurant "qu'elle est géniale mais qu'ils n'ont plus d'argent"... À 17 heures, la parade s'est emparée, en toute improvisation, du cloître Saint-Louis, forçant légèrement l'entrée gardée par les policiers et semant quelque peu la zizanie au beau milieu d'une rencontre-débat sur la culture et l'argent... Et les manifestants de prendre ainsi la parole pour une petite assemblée générale, plutôt calme, sur l'avenir du secteur. En attendant le prochain acte.

Retrouvez l'ensemble du dossier aujourd'hui dans La Provence.

Axel PLESSIER

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