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"Episodes neigeux important"

Le virus H1 neige 1

par La Rédaction du DL | le 09/01/10

 

Jadis, il tombait des flocons. Aujourd'hui, ce sont des "épisodes neigeux importants" qui frappent la France. Affaire de vocabulaire. Le résultat, lui, est à peu près le même. Le paysage est pétrifié. Les chaussées sont glissantes. Il faut sortir les bonnets et les pelles, dénicher les gants et les luges, remonter les manches et hisser les cœurs.

Jadis, nous nous réjouissions d'être sous l'emprise blanche. Aujourd'hui pour un rien, nous sommes en vigilance orange. La modernité est désormais une question de couleur et la moindre intempérie régulière prend des allures de catastrophe naturelle. On tend le micro aux "sinistrés de la route". On s'apitoie sur les agriculteurs qui "s'organisent". On zoome sur les tôles froissées. On frissonne moins à cause du frimas qu'en fonction de cette espèce de vaste crainte généralisée régissant chacune de nos pensées et de nos attitudes.

Jadis, on enfilait les canadiennes et on jetait un fagot dans la cheminée. Aujourd'hui on déclenche un degré supérieur du plan grand froid en guettant le thermomètre comme si un pernicieux virus s'y cachait. Les équipements spéciaux pourraient manquer. Les Eurostar vont se gripper. Et les avions tousser. Qu'importe la réalité sur le terrain, pourvu que le sacro-saint principe de précaution soit respecté.

Jadis, la chute du mercure correspondait à un rendez-vous fixe sur le calendrier. Aujourd'hui, sa seule promesse, réitérée d'heure en heure par des prévisionnistes experts en dramaturgie, revêt les proportions d'une pandémie annoncée.

Jadis, l'hiver était une saison. Aujourd'hui, c'est une maladie virtuelle. Félicitons-nous au moins d'une chose. Qu'il n'existe pas de vaccins contre le "H1 neige 1". Et que seul le froid pique. Après tout, c'est son boulot.


Paru dans l'édition 38H du 09/01/2010

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