par La Rédaction du DL | le 09/12/09
Le joli bâtiment de la zone d'activités de Micropolis sonnait dans le vide hier.
À l'intérieur pourtant, les conseillers du Pôle emploi s'activaient dans une ambiance pesante. On est mardi et l'après-midi est consacré, comme les trois ou quatre dernières semaines, à la reprise des dossiers d'indemnisation du chômage afin que les demandeurs d'emploi puissent avoir leurs indemnités pour Noël. Un retard monstrueux accumulé au fil des mois et qui est à l'origine de vives tensions entre les usagers du Pôle emploi et les agents.
Au-dehors, une femme arrivée en voiture s'escrime à faire sonner l'interphone. Frappe à la vitre, puis repart, énervée.
Sans savoir que le pôle Emploi de Gap vient de vivre un épisode douloureux et qu'à l'intérieur, les salariés pensent tous à ce drame humain qui s'est noué pendant le week-end.
Une situation alarmante
Une conseillère du Pôle emploi a tenté de mettre fin à ses jours dimanche.
« Elle est actuellement à l'hôpital et ses jours ne sont pas en danger » indiquait hier à l'AFP Catherine D'Hervé, directrice régionale du Pôle emploi.
Cette nouvelle a abasourdi les représentants syndicaux et les autres agents.
« Je connais bien la personne et j'ai parlé à son entourage. Ce geste a été effectué pour des raisons 100 % professionnelles, témoigne un agent qui souhaite garder l'anonymat, craignant des sanctions. Notre situation est dramatique. Les retards pris en matière d'indemnisation sont catastrophiques et cela déclenche à l'accueil une grande agressivité des demandeurs d'emploi, même si on peut comprendre leur colère. Et on ne peut rien dire car le grand message de Pôle emploi, c'est de dire que tout va bien. »
Depuis l'agression d'un agent, un vigile veille en permanence
La situation du pôle de Gap est effectivement alarmante selon les syndicats et le personnel.
Plusieurs mouvements de grève ont eu lieu ces dernières semaines pour réclamer d'autres conditions de travail.
Lors de l'une de ces actions, un agent du Pôle emploi a été agressé à coup de poing par un demandeur d'emploi le 10 novembre dernier.
Depuis, les agents travaillent avec un vigile dans les locaux pour garantir leur sécurité.
« Plusieurs personnes sont en arrêt maladie longue durée, d'autres prennent des calmants, et on en arrive à ce geste désespéré. Tout ça à cause du travail » se révolte un salarié.
Une réunion a eu lieu hier à Gap en urgence avec la direction régionale des ressources humaines.
Les syndicats sont par ailleurs convoqués ce mercredi à un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail extraordinaire à Marseille.
À Gap, le personnel craint d'ailleurs une situation très "chaude" à l'orée des vacances de Noël durant lesquelles les demandeurs d'emploi viennent en nombre, alors même que les effectifs du Pôle baissent à cette période.