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Que nous a appris ce virus covid19 sur notre capacité à gérer l’imprévisible ?

Il nous a appris que notre prétention à vouloir tout anticiper, gérer, organiser n’était qu’un leurre, une rêverie. Subitement nous découvrons nos limites, notre fragilité totale face à un événement qui n’est pourtant qu’une banalité parmi tout les possibles qui peuvent nous atteindre et nous anéantir.

Nous aurons maintenant des stocks stratégiques de masques pour la prochaine pandémie, mais quels stocks nous allons faire pour anticiper un tremblement de terre, un tsunami, l’éruption volcanique qui obscurcira le ciel, un accident nucléaire ? Les possibles sont innombrables tout comme notre capacité à créer notre propre effondrement.

Nous pourrons nous en prendre après coup à l’incompétence de nos dirigeants et à leur manque d’anticipation mais le covid19 nous apprend aussi qu’il nous faut vivre avec l’incertitude et que le Roi est nu.

Cette période de confinement nous permet de revenir à l’essentiel, au nécessaire pour vivre, d’une part les moyens de subsistance élémentaires soit la nourriture et d’autre part le besoin, la nécessité de relations sociales.

Pour ce qui est de la nourriture, nous avons expérimenté, à minima, la possibilité du manque, et nous nous sommes précipités dans les supermarchés. Et soudain nous nous apercevons qu’ils sont là, proche de nous, (un peu plus éloigné lorsque nous sommes dans des grandes villes), ceux qui peuvent nous nourrir, nous apporter l’essentiel Nous pouvons les rencontrer, les connaitre.

Nous avons aussi appris qu’une promenade d’une heure peut être essentielle. Marcher, aller dans un parc, faire jouer les enfants, c’est du rien, de l’insignifiant et pourtant…

Nous avons aussi appris que nos téléphones, tablettes, écran, Zoom ou Skipe, c’est super. Heureusement internet est là, comment ferions sans cela ? Mais voilà qu’au bout d’un mois, on s’en lasse, on aimerait voir des vrais gens, pas forcément pour des grandes embrassades, mais des gens que l’on croise, que l’on regarde, dont on imagine la vie, des beaux, des belles, des moches. Des gens de toutes sortes mais d’autres sortes que celles que nos écrans dépersonnalisent.

Nous avons appris, que l’on ne pouvait pas faire l’école à la maison par écran interposé. Il nous faut des être vivants pour transmettre, des bons et des mauvais, ou un peu de chaque, mais avec des vrais corps.

Nous avons appris qu’il était bon de pouvoir se soigner et être soigné avec des personnes qui peuvent nous toucher, nous parler, nous regarder. Mais nous avons aussi appris que notre système de santé était un bien précieux, qu’il fallait préserver en nous préservant nous-mêmes, et qu’il fallait ne pas en abuser par indolence.

Alors qu’allons nous faire le jour, les jours d’après ?

Nous pouvons nous dépêcher de préparer les mêmes pancartes et repartir manifester avec tambours et trompettes,

Nous pouvons nous venger sur des têtes et remettre d’autres têtes à la place en croyant encore et toujours que cette fois, celle-ci sera la bonne. Il y aura toujours d’autres bonimenteurs, des Tarzan, des Zoro et même des Pinocchio qui viendront nous promettre des jours heureux, s’engager vers des promesses qu’ils ne pourront pas tenir, parce qu’il y aura toujours de l’imprévisible.

Ou alors on choisit, on ne fait pas « la révolution », les 360° le temps d’un confinement, pour repartir droit devant, dans la même direction. 180°, cela pourrait suffire. On se retourne, on se détourne. On va vers nos semblables plutôt que de perdre du temps avec les mêmes accusations qui ne l’ont toujours pas fait « crever ce capitalisme »

Les puissants, les dominants on s’en occupera plus tard lorsqu’on les aura un peu asséchés. Ce sont eux qui ont besoins de nous, sans nous ils ne sont rien.

On va vers ceux qui peuvent nous nourrir, que l’on peut connaitre, côtoyer, pour partager nos besoins et nos capacités.

Et il y a aussi des couturières pour faire des vêtements, (et des masques !) des artisans pour faire des meubles, les objets de la vie courante. Nous avons tout, prés de nous, pour l’essentiel. Bien sur ce sera plus cher, beaucoup plus cher, nous aurons moins de ‘’choses’’ mais peut être plus ‘’d’amis’’ de ‘’like’’ là, tout prés, des vrais, qui nous font vivre et que nous faisons vivre, pas des avatars lointains sur écrans interposés.

 

Mais qu’on ne s’y trompe pas, cette « dé-marche », cette stratégie, est difficile, exigeante. Elle semble individuelle mais pour quelle devienne politique au sens le plus fort de ce terme, c’est ensemble que nous devons en débattre, l’élaborer, la mettre en œuvre, la défendre et s’y impliquer. Nous n’avons pas besoin de meneurs, de nous en remettre à un grand autre qui nous ferait oublier notre fragilité face à l’imprévisible.

La démocratie directe si nous la voulons, c’est là, maintenant que nous pouvons commencer à la mettre en œuvre.

C’est le moment, à nous de choisir.

Jean-Pierre QUILLEC

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