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La réforme des rythmes scolaires peut-elle devenir populaire ?



Publié par : Le Monde.fr
Le : 30.05.2014

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Le ministre de l'éducation nationale, Benoît Hamon, a annoncé, vendredi
25 avril, la publication en mai d'un décret complémentaire à celui du 24
janvier 2013 – dit décret Peillon – sur l'aménagement des rythmes scolaires.

Le gouvernement est-il en passe de gagner l'une de ses batailles de
communication ? La réforme des rythmes scolaires, mesure phare de
François Hollande pour l'éducation, a connu depuis sa mise en chantier
un fort mouvement de contestation, notamment de la part des communes et
des associations de parents d'élèves. Mais un sondage CSA publié
vendredi 30 mai par Le Parisien montre que de plus en plus de Français
se disent favorables à cette réforme, rétablissant la semaine de 4,5 jours.

D'après l'institut CSA, 69 % des Français et 67 % des parents d'élèves
estiment que la concentration des enseignements le matin permet aux
écoliers « de bénéficier de bonnes conditions pour mieux apprendre ». En
outre, 59 % des Français et 54 % des parents d'élèves estiment que les
nouvelles activités périscolaires proposées par les mairies permettront
« de réduire les inégalités sociales ».

Leur organisation suscite cependant toujours autant l'inquiétude. Ainsi,
83 % des personnes sondées pensent que « la réforme posera des problèmes
d'organisation dans certaines familles », et 86 % estiment que les
activités périscolaires « pourront être compliquées à mettre en place
dans certaines communes. »

Seule une minorité de sondés – 35 % des Français et 37 % des parents
d'élèves – pense que la concentration des cours le matin « provoque
fatigue et stress » chez les enfants. Mais ils ne sont que 51 % à penser
que la réforme des rythmes permettra de lutter contre l'échec scolaire,
44% estimant que cela ne changera rien.

ASSOUPLISSEMENT À MARCHE FORCÉE

C'est que le gouvernement fait tout pour imposer la réforme dans
l'opinion publique. A peine nommé ministre de l'éducation, Benoît Hamon
s'est efforcé de proposer un aménagement de la loi, qui avait été fatale
à son prédecesseur, Vincent Peillon. Début mai, le ministre a fait
passer un décret, autorisant pour la rentrée prochaine des «
expérimentations relatives à l'organisation des rythmes scolaires dans
les écoles maternelles et élémentaires ».

Dans les faits, le texte prévoit que le recteur d'académie peut
autoriser, « pour une durée de trois ans (...), des adaptations à
l'organisation de la semaine scolaire dérogeant à certaines dispositions
» du code de l'éducation. Une manière de faire avaler la pilule aux
communes qui peinent à mettre en place la semaine de 4,5 jours.

Tout en maintenant cinq matinées de classe hebdomadaires, le « décret
complémentaire » autorise des semaines de huit demi-journées au lieu de
neuf, pour regrouper les trois heures d'activités périscolaires sur un
après-midi. Il peut être plus facile, en effet, en milieu rural, de
recruter des animateurs pour trois heures, plutôt que pour quatre fois
45 minutes ou deux fois une heure et demie.

MAUVAIS SIGNAL ?

Cet assouplissement pourrait cependant envoyer le mauvais signal aux
communes de France. Car si le décret a été pensé pour les 6 % de
communes qui, quatre mois avant la rentrée, n'avaient pas pu – ou voulu
– rendre leur projet d'emploi du temps, rien n'empêche, a priori, que
d'autres viennent grossir leurs rangs.

Certains élus UMP ont ainsi immédiatement profité de l'opportunité pour
réclamer un report, voire un abandon de la réforme. Une trentaine de
maires du Rhône ont également déposé un recours en illégalité contre la
réforme des rythmes auprès de Matignon, tandis que le préfet des
Hauts-de-Seine a déposé lundi deux référés devant le tribunal
administratif contre les communes d'Asnières et de Levallois-Perret, qui
refusent d'appliquer la réforme.

Selon L'Express, le directeur de cabinet de Benoît Hamon, Bertrand
Gaume, a rencontré les préfets pour leur mettre la pression, et «
rappeler que toute délibération d'un conseil municipal refusant
d'appliquer la réforme pouvait être considérée comme illégale. »

Seulement 17 % des communes ont appliqué à la rentrée 2013 la réforme
rétablissant la semaine de 4,5 jours et les communes restantes doivent
embrayer à la rentrée 2014.

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