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Dépendance


Les départements dévoilent leur scenario

L’Association des départements de France a livré à l’Assemblée nationale ses pistes de financement pour faire face à l’augmentation prévisible des personnes âgées dépendantes. Elle en appelle à la solidarité nationale et prône un partage équilibré entre État et départements.

 

En 2025, selon les projections de l’Association des départements de France (ADF), la France compterait entre 1,38 et 1,42 million de personnes âgées dépendantes, puis entre 1,4 et 1,5 million en 2030, puis un peu plus de 1,6 en 2040, contre 1,1 million aujourd’hui. Telles sont les simulations dévoilées aujourd’hui par l’ADF à l’Assemblée nationale dans le cadre des Assises de l’autonomie, après trois mois d’intenses travaux dans les instances départementales. Fondées sur celles produites par l’Insee, ces simulations démographiques apparaissent logiquement voisines de celles du groupe de travail “Perspectives démographiques et financières de la dépendance” piloté par Jean-Michel Charpin. Ce groupe d’experts est effectivement arrivé à des projections quasi identiques, puisqu’il prévoit entre 1,3 et 1,4 million de personnes âgées dépendantes en 2025 et entre 1,4 et 1,5 million en 2030.

Ce constats partagés sont plutôt une bonne surprise pour l’ADF et vont à rebours des “présentations effrayantes des projections démographiques et financières rendues publiques au début du printemps”, remarque l’Association, qui ne manque pas de critiquer dans le détail les projections financières avancées par le gouvernement. Rattaché à Matignon, le Centre d’analyse stratégique, qui planche lui aussi sur la dépendance, évalue le besoin de financement à 8 milliards d’euros. “Surévalués, ces montants amalgament des dépenses de nature très diverse – assurance maladie, dépenses d’APA, dépenses d’action sociale, etc.”, pointe l’ADF. En fonction du périmètre retenu, les conclusions sur le besoin de financement sont forcément différentes. Sur la base de ses propres projections, l’ADF table quant à elle sur un besoin de financement allant de 3,9 et 4,6 milliards d’euros, soit entre 0,2 et 0,3 point supplémentaire de PIB et donc moitié moins que les 8 milliards d’euros avancés officiellement.

Effets déséquilibrants

Ces perspectives tracées, l’ADF conclut avec un brin d’optimisme que la situation est “financièrement soutenable” pour un pays comme la France et en appelle à “la solidarité nationale pour renforcer de façon pérenne la perte d’autonomie qui s’avère moins coûteuse qu’on ne le pense communément”. À la condition que l’État mette la main à la poche. L’ADF n’est effectivement pas aveugle et mesure bien le défi qui l’attend alors que les départements ont à leur charge une grande part du financement de la dépendance, et notamment l’APA, qui provoque des effets déséquilibrants dans les finances des conseils généraux.

Dans un catalogue de 55 propositions présenté aujourd’hui dans la foulée de ses travaux, l’association préconise assez logiquement un partage du financement de l’APA par les conseils généraux à parité avec l’État, ce qui n’est autre que le rappel de la règle initialement prévue lors de la mise en place de cette allocation en 2002, règle qui n’a jamais été appliquée. Quant aux ressources de financement complémentaires nécessaires pour équilibrer l’augmentation graduelle des dépenses liées à la progression de la prise en charge de la dépendance, l’ADF ferme la porte au gage patrimonial – qui se révèle selon elle “une solution injuste et inadaptée” – et se montre réservée sur le bien-fondé d’un recours à l’assurance privée, bien-fondé qui “reste à démontrer”.

Xavier Sidaner

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