Jean-Philippe de Plazaola, Insee Provence-Alpes-Côte d'Azur
Résumé
Provence-Alpes-Côte d'Azur pourrait compter entre 5,4 et 5,7 millions d'habitants en 2040 si les tendances démographiques récentes se maintenaient. La croissance démographique régionale ralentirait nettement par rapport aux vingt dernières années. Ceci s'expliquerait par une baisse conjuguée du solde naturel et du solde migratoire. L'arrivée aux grands âges des générations issues du baby-boom modifiera profondément la pyramide des âges, en Provence-Alpes-Côte d'Azur comme partout en France. La croissance de la population régionale se concentrerait sur les 60 ans ou plus, qui représenteraient un habitant sur trois en 2040. La population d'âge actif se stabiliserait. Ce vieillissement marqué constitue dès aujourd'hui un enjeu majeur pour les politiques publiques.
Sommaire
- La croissance démographique s'essouffle
- Très forte croissance des 60 ans ou plus
- Stabilisation de la population d'âge actif
Publication
Selon le scénario central de projection, la population de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur se situerait en 2040 aux alentours de 5 589 000 habitants, soit 725 000 habitants de plus qu'en 2007. Les incertitudes entourant les hypothèses sur la fécondité, l'espérance de vie et surtout les migrations conduisent à élaborer plusieurs scénarios alternatifs. Ils donnent pour la région une fourchette de 5,4 à 5,7 millions d'habitants à l'horizon 2040, soit un accroissement compris entre 17 000 et 27 000 personnes par an (cf. encadré : "Scénarios et hypothèses") . C'est au cours de l'année 2012 que le cap des 5 millions d'habitants sera probablement franchi.
Scénario central | Population | Accroissement annuel moyen 2007-2040 |
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2007 en milliers | 2040 en milliers | Écart en milliers | Taux en % | Contributions (%) | ||
Solde naturel | Solde migratoire | |||||
Note de lecture : en 2040, Paca compterait 5 589 000 habitants selon le scénario central. Cela correspondrait à un taux d'accroissement annuel moyen de 0,4 %, soit 22 000 habitants supplémentaires chaque année. Le solde migratoire contribuerait à lui seul à expliquer cette croissance alors que le solde naturel aurait une contribution nulle. | ||||||
Source : Insee, Omphale 2010, scénario central de projection | ||||||
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 4 864 | 5 589 | + 22,0 | + 0,4 | + 0,0 | + 0,4 |
Alpes-de-Haute-Provence | 156 | 200 | + 1,3 | + 0,8 | - 0,1 | + 0,9 |
Hautes-Alpes | 132 | 161 | + 0,9 | + 0,6 | - 0,1 | + 0,7 |
Alpes-Maritimes | 1 082 | 1 196 | + 3,5 | + 0,3 | - 0,1 | + 0,4 |
Bouches-du-Rhône | 1 959 | 2 184 | + 6,8 | + 0,3 | + 0,2 | + 0,1 |
Var | 996 | 1 212 | + 6,5 | + 0,6 | - 0,2 | + 0,8 |
Vaucluse | 538 | 635 | + 2,9 | + 0,5 | + 0,2 | + 0,3 |
France métropolitaine | 61 795 | 70 734 | + 270,9 | + 0,4 | + 0,2 | + 0,2 |
La croissance démographique s'essouffle
La population régionale augmenterait d'environ 0,4 % par an entre 2007 et 2040, contre 0,8 % en moyenne entre 1990 et 2007. Ce rythme de croissance ralenti placerait Provence-Alpes-Côte d'Azur dans une position intermédiaire au sein des régions de France métropolitaine. Dans le passé récent, elle figurait parmi les régions les plus dynamiques, seulement devancée par Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et la Corse.
Au cours des trente prochaines années, les deux facteurs d'évolution de la population, le solde naturel et le solde migratoire, seraient en baisse. Comme partout ailleurs, du fait du vieillissement de la population, les décès prendraient progressivement le pas sur les naissances, freinant la croissance démographique de la région.
Par ailleurs, le solde migratoire de notre région, positif avec les autres régions métropolitaines, contribuerait moins que par le passé à la croissance démographique. Ce phénomène n'est pas nouveau : dans les années 70, le gain de population dû à ces migrations s'établissait à environ 30 000 habitants par an dans la région. Depuis, il s'est tassé progressivement, fléchissant à 17 000 habitants par an entre 1990 et 1999, puis à 13 000 entre 1999 et 2006.
Le solde naturel devenant progressivement nul, voire négatif, les migrations resteraient néanmoins le seul moteur de la croissance démographique régionale. Plus de la moitié (55 %) du gain migratoire attendu concernerait une population d'âge actif, c'est-à-dire âgé de 20 à 59 ans. Provence-Alpes-Côte d'Azur se distinguerait ainsi de certaines régions plus dynamiques du point de vue migratoire, comme Languedoc-Roussillon ou Pays de la Loire (45 % environ). À l'opposé, seul 20 % du gain migratoire concernerait une population âgée de 60 ans ou plus.
Les départements des Bouches-du-Rhône et du Var concentreraient 60 % de l'accroissement démographique de la région, avec respectivement 225 000 et 215 000 habitants supplémentaires entre 2007 et 2040. Malgré un retournement plus rapide et brutal qu'ailleurs de son solde naturel, le Var deviendrait aussi peuplé que les Alpes-Maritimes. La population de ce dernier département croîtrait en effet de 3 500 personnes par an, contre 6 500 pour le Var. C'est dans les Alpes-de-Haute-Provence que la population progresserait relativement le plus, avec un taux de croissance de 0,8 % par an en moyenne entre 2007 et 2040, contre 0,4 % en moyenne en Paca. Cette progression serait entièrement due au solde migratoire. L'essoufflement démographique n'épargnerait cependant aucun des six départements de la région.
Très forte croissance des 60 ans ou plus
L'arrivée aux grands âges des générations nombreuses, nées entre 1945 et 1975, constitue l'un des changements démographiques majeurs attendus à l'horizon des trente prochaines années. Entre 2007 et 2040, le nombre de personnes âgées de 60 ans ou plus augmenterait dans la région de 57 %, alors que la population âgée de moins de 60 ans ne progresserait que de 1 %. Cela représenterait 688 000 personnes de 60 ans ou plus supplémentaires en 2040, dont près de la moitié (328 000) auraient 80 ans ou plus. Cette population de personnes très âgées doublerait ainsi entre 2007 et 2040. Le vieillissement de la population impactera fortement les politiques publiques : infrastructures de transports et logements, accès aux équipements et aux services en milieu rural, prise en charge de la dépendance, etc.
Scénario central | Provence-Alpes-Côte d'Azur | France métro. |
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Population | Écart en milliers | Taux en % | Taux en % |
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2007 en milliers | 2040 en milliers |
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Note de lecture : en 2040, 1 886 000 personnes auraient 60 ans ou plus en Paca, soit 688 000 de plus qu'en 2007. L'accroissement de cette population serait plus fort en France métropolitaine que dans la région (+ 65,4 % contre + 57,4 % en Paca). | |||||
Source : Insee, Omphale 2010, scénario central de projection | |||||
Ensemble | 4 864 | 5 589 | + 725 | + 14,9 | + 14,5 |
0-19 ans | 1 148 | 1 172 | + 23 | + 2,0 | + 3,6 |
20-59 ans | 2 518 | 2 531 | + 14 | + 0,5 | - 0,8 |
60 ans ou plus | 1 198 | 1 886 | + 688 | + 57,4 | + 65,4 |
dont : | |||||
60-79 ans | 921 | 1 281 | + 360 | + 39,1 | + 46,8 |
80 ans ou plus | 277 | 604 | + 328 | + 118,4 | + 128,8 |
En 2040, la population des personnes âgées de 60 ans ou plus représenterait 34 % de la population régionale, contre 25 % aujourd'hui. Cette progression serait toutefois moins marquée qu'en moyenne nationale, où cette part atteindrait 31 %. L'âge moyen des habitants de Paca passerait de 41 ans en 2007 à 45,3 ans en 2040, soit un gain de 1,6 mois par an.
En 2007, le Var, les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes sont les départements les plus âgés de la région, tant par leur moyenne d'âge que par la proportion de seniors dans leur population. En 2040, les deux premiers seraient rejoints par les Hautes-Alpes, qui enregistrerait la croissance la plus forte des seniors. Dans ces trois départements, la part des 60 ans ou plus serait proche de 38 %. Elle serait un peu plus faible dans les Alpes-Maritimes (35 %), département dans lequel l'évolution du nombre de seniors serait la moins marquée. Dans la région, ce département serait cependant le seul pour lequel la population des moins de 60 ans baisserait sur la période de projection (- 3 % entre 2007 et 2040). Le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône resteraient les deux départements les moins âgés. Avec moins de 30 % de personnes âgées de 60 ans ou plus, les Bouches-du-Rhône se classeraient au vingtième rang des départements français selon ce critère.
Stabilisation de la population d'âge actif
La population d'âge actif (20 à 59 ans) se maintiendrait dans la région à 2,5 millions de personnes à l'horizon 2040, alors qu'elle se contracterait pour deux tiers des régions de France métropolitaine. Mais sa part diminuerait fortement sous l'effet de la très forte croissance des 60 ans ou plus. Au total, le ratio de dépendance économique, qui rapporte le nombre d'inactifs potentiels (aujourd'hui moins de 20 ans et 60 ans ou plus) à la population d'âge actif, se dégraderait considérablement, comme partout ailleurs. Il passerait ainsi de 0,93 en 2007 à 1,21 en 2040 en Provence-Alpes-Côte d'Azur (respectivement de 0,86 à 1,15 en France métropolitaine).